À Dakar, une école pour renforcer la lutte contre la cybercriminalité en Afrique

Jean-Yves le Drian et son homologue sénégalais ont inauguré à Dakar, mardi, une école de cybersécurité à vocation régionale. Elle doit aider les États africains à lutter contre le terrorisme et réguler les transactions économiques numériques.

C’était sans doute le moment fort de l’édition 2018 du Forum de Dakar. Le ministre des Affaires étrangères français, Jean-Yves le Drian, et son homologue sénégalais, Sidiki Kaba, ont inauguré mardi 6 novembre l’École nationale en cybersécurité à vocation régionale (ENVR) de Dakar au cours d’une cérémonie officielle.

L’établissement aura “pour but d’augmenter les capacités locales des États africains à lutter contre la délinquance, le terrorisme ou la radicalisation et à développer des moyens d’investigation numérique contre les cybercriminels”, a indiqué le quai d’Orsay dans un communiqué. L’école devra également permettre de “renforcer la coopération régionale des États africains [dans le domaine de la cybercriminalité], par l’harmonisation de l’expertise et des pratiques”.

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L’ENVR dispensera des formations en sécurité informatique, en cybercriminalité, en renseignement numérique et en cybergouvernance allant de quelques jours à quelques semaines. Le quai d’Orsay précise qu’elles seront destinés aux “cadres et experts concernés par le sujet de la cybersécurité : cadres supérieurs et intermédiaires d’administration, policiers et gendarmes, juristes, magistrats, douaniers, agents des finances publiques, informaticiens etc.”

Cybercriminalité en hausse

Pour les États d’Afrique de l’Ouest, la coopération dans la lutte contre le terrorisme est une urgence alors que des groupes extrémistes sévissent du Mali au Nigeria. Mais la menace est aussi économique. Les États africains sont confrontés à une explosion de la cybercriminalité depuis la démocratisation de l’usage d’Internet sur le continent. Face au nombre de victimes et à l’importance des pertes financières que ces nouvelles formes d’arnaques engendrent pour leurs économies, les autorités africaines ont été poussées à prendre des mesures.

L’ENVR “répondra aux besoins de régulation économique dans l’espace numérique”, avait confié en novembre 2017 au Monde une source haut placée au sein de la Direction de la coopération de sécurité et de défense (DCSD), organe du Quai d’Orsay qui pilote le projet. “L’Afrique est en train d’effectuer des sauts technologiques plus rapides que l’Europe sans avoir tous les systèmes de protection nécessaires. [L’ENVR] permettra aux élites africaines de se prémunir contre leurs vulnérabilités informatiques.”

Le Sénégal en pointe sur la cybersécurité

En 2013, le Sénégal a créé son premier service de lutte contre la cybercriminalité, puis en 2017 une “division cybersécurité” dépendante de la police judiciaire sénégalaise, précise Le Point. Cette structure, mise sur pied en six mois, a notamment permis en 2017 “l’arrestation d’une quarantaine de hackers qui s’étaient introduits dans le système informatique de grandes entreprises sénégalaises pour détourner des sommes évaluées à plus de 100 000 euros”, rappelle Le Monde.

C’est en partie cet engagement qui explique l’installation de l’ENVR à Dakar. “Les Sénégalais possèdent des capacités numériques avancées et nous coopérons activement avec eux dans ce domaine”, avait expliqué au Monde, en 2017, Jay Dharmadhikari, conseiller de Jean-Yves Le Drian. “En outre, le Sénégal organise chaque année les Security Days [sur la sécurité numérique en Afrique] avec des entreprises françaises, et le pays a adhéré à la convention de Budapest sur la cybercriminalité en 2016.”

Annoncée en 2017 lors de la 4e édition du Forum international de Dakar sur la paix et la sécurité en Afrique, l’école aura mis tout juste un an à être créée. Provisoirement installée à Dakar, dans les locaux de l’École nationale d’administration (ENA) de Dakar, elle devrait par la suite être déménagée à Diamnadio, ville nouvelle en construction à une trentaine de kilomètres de la capitale sénégalaise. Les cours, eux, ne débuteront qu’en mars 2019.

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