Algérie : « On voulait une élection sans Bouteflika, on se retrouve avec Bouteflika sans élection »

A Alger, l’annonce du renoncement du président à un cinquième mandat n’a pas convaincu les jeunes, qui réclament « le départ du système ».

Les pancartes sont brandies à bout de bras : un « 4 + » barré dans un cercle rouge. Plusieurs milliers d’étudiants et lycéens ont manifesté dans le centre d’Alger, mardi 12 mars, au lendemain de l’annonce par Abdelaziz Bouteflika de son renoncement à briguer un cinquième mandat présidentiel. 

La manifestation était initialement destinée à protester contre la décision du ministère de l’enseignement supérieur d’avancer et d’allonger les vacances universitaires. Elle s’est transformée en critique des mesures contenues dans la lettre du chef de l’Etat à la nation, qui, outre le retrait de sa candidature, annonce le report sine die du scrutin prévu le 18 avril. 

« On n’a pas demandé le départ de Bouteflika, on a demandé le départ du système ! », clame Sofiane, 20 ans, qui porte une feuille blanche où est imprimé : « On voulait une élection sans Bouteflika, on se retrouve avec Bouteflika sans élection ». Les drapeaux sont accrochés autour des épaules, à la manière d’une cape, enroulés autour de la taille, portés en bandana autour du crâne ou façon hayek, petit voile traditionnel qui masque le nez et la bouche. 
La foule, jeune et joyeuse, défile entre la place Audin et la Grande Poste en chantant : « Pas une minute de plus, Bouteflika  !  »  et  «  Vous  avez mangé le pays, voleurs ! ». « L’annonce du président Bouteflika, c’est juste pour nous calmer et pour qu’ils gagnent du temps. Ils n’ont pas le droit de supprimer l’élection », s’emporte Aziz, lycéen, qui affirme qu’il continuera de manifester. Au-dessus d’eux, un hélicoptère de la police survole le centre-ville. Les forces anti-émeutes circonscrivent le cortège, sans le réprimer.

Post-it de couleur

Face aux marches de la Grande Poste, alors que les étudiants scandent « Dégage ! », Malika, employée administrative, se joint aux protestations : « Il faut qu’ils partent tous, ils sont tous corrompus », dit-elle. 
En début d’après-midi, les manifestants écrivent des messages sur des post-it de couleur qu’ils collent sur la place Audin et sur les murs tout autour. En arabe, en deridja (dialecte algérien), en français ou en anglais, il est inscrit : « Partez, ça veut dire partez ! », « Le peuple est l’avenir du pays », « L’Etat tombe mais le drapeau s’élève », « Pacifique mais pas romantique » ou encore « Pour une meilleure Algérie ».

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