Atelier de revue projet USAID-CINSERE

Atelier de revue projet USAID-CINSERE

L’économie du Sénégal est fortement tributaire de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche ; elle représente environ 17% du produit intérieur brut (PIB) et emploie 70% de la population (CIAT, 2016; Banque Mondiale, 2016). Ces secteurs de production sont aujourd’hui affectés par le changement et la variabilité climatique. La réduction de la période de croissance de la biomasse, la répartition irrégulière des précipitations dans le temps et dans l’espace, la dégradation croissante des terres et la fréquence des périodes sèches et des inondations ont toutes contribué à la baisse de la productivité agricole et animale. L’intensification des phénomènes météorologiques tels que la hausse de la température de surface de la mer, la houle, les marées, les vents et le brouillard, a entraîné une migration des poissons vers le nord et une augmentation des risques pour les pêcheurs (décès et pertes d’équipement). Les conséquences globales de ces événements se sont traduites par une insécurité alimentaire généralisée dans tout le pays.
Si rien n’est fait, le changement climatique pourrait compromettre les efforts développés et les initiatives mises en place par le Gouvernement du Sénégal (GDS) pour atteindre la croissance et l’émergence économiques comme l’ambitionne le Plan Sénégal Emergent (PSE), le plan du pays pour accélérer le développement. La réduction des effets négatifs des changements climatiques sur l’agriculture nécessitera des efforts d’adaptation et d’atténuation conformes à la Déclaration de Malabo concernant l’engagement à renforcer l’adaptabilité des moyens de subsistance et des systèmes de production à la variabilité climatique et aux risques connexes (NEPAD, 2014). Ces efforts contribueront également aux Objectifs de Développement Durable relatifs à l’action en faveur du climat et à l’élimination de la faim. L’adoption de mesures d’adaptation visant à lutter contre les effets du changement climatique est donc devenue une priorité pour le Gouvernement du Sénégal et ses partenaires au développement et à la recherche. Dans le cadre de la première phase du projet USAID/CINSERE (2016 – 2018), le CCAFS et l’ANACIM se sont associés pour:
1- Mettre en place d’importants services d’information météorologiques et climatologiques (WCIS) qui répondent aux besoins des agriculteurs, éleveurs et pêcheurs ;
2- Etablir des canaux de diffusion appropriés des WCIS;
3- Former les utilisateurs finaux à la compréhension et à l’utilisation efficace des WCIS.
Le projet USAID/CINSERE a pour objectif de promouvoir l’utilisation des WCIS pour accroître la résilience et la productivité des communautés agricoles, pastorales et de pêcheurs sénégalais ciblées, dans la zone d’influence (ZOI) des FtF, en améliorant la mise à disposition, la communication et l’utilisation des informations et services climatologiques de même que l’adoption de pratiques d’adaptation. L’ultime objectif est d’identifier des modèles commerciaux et des institutions durables qui iront au-delà des efforts du projet. Depuis 2016, cette initiative a permis de sensibiliser des milliers de producteurs sur le changement climatique et de les doter de technologies et de pratiques leur permettant de faire face aux effets néfastes de la variabilité climatique, notamment en intégrant les WCIS dans leurs prises de décisions quotidiennes au cours de leurs activités de production. En outre, afin de soutenir les initiatives du Gouvernement du Sénégal en matière de développement agricole durable grâce à l’intégration effective du changement climatique, le CCAFS a soutenu l’installation de la plateforme nationale de dialogue science-politique sur l’adaptation de l’agriculture et de la sécurité alimentaire au changement climatique (plateforme CCASA), en 2012, sous l’égide du Ministère de l’Agriculture et de l’Equipement Rural du Sénégal (MAER). La plateforme CCASA a pour objectif de faire participer les décideurs politiques afin qu’ils intègrent mieux la dimension du changement climatique dans les politiques, stratégies et programmes nationaux relatifs à l’agriculture et à la sécurité alimentaire. La plateforme a servi d’outil d’apprentissage social susceptible d’aider les décideurs à catalyser la production, la documentation, les échanges et la diffusion du savoir beaucoup plus puissants « au niveau local » (CCAFS, 2013). À cet égard, la plateforme contribue à la mise en place d’un environnement politique propice à l’adoption et au renforcement des technologies et pratiques innovantes d’adaptation au changement climatique, en ayant également recours aux WCIS dans tout le pays. En 2015, sur la base des efforts de sensibilisation menés par la Plateforme sur les perspectives climatiques et météorologiques, le MAER a pris la décision d’utiliser les prévisions saisonnières pour élaborer un plan d’action agricole résilient aux situations d’urgence face à la saison des pluies prévue, chargée de risques. En outre, la plateforme a contribué à former des journalistes des radios rurales aux techniques de communication sur les WCIS et a utilisé les plates-formes locales (au nombre de 13) comme canaux de diffusion des WCIS à l’échelle du district. La plateforme nationale constitue donc un élément potentiel d’un système de gouvernance axé sur les WCIS capable de perpétuer l’utilisation des WCIS et la fonctionnalité des groupes de travail pluridisciplinaires (GTP) avec pour finalité la sécurité alimentaire nationale. Outre les activités mises en œuvre par l’USAID/CINSERE et la plateforme CCASA, des initiatives importantes ont été prises par le biais du Cadre Mondial pour les Services Climatologiques (CMSC) et du Cadre National pour les Services Climatologiques (NFCS) afin de stimuler l’adoption des WCIS au Sénégal.
Après trois ans de mise en œuvre de l’USAID/CINSERE, les résultats du projet doivent être largement partagés avec les acteurs nationaux de la gouvernance des systèmes alimentaires afin que ceux-ci puissent utiliser les résultats et les leçons apprises avec CINSERE sur les WCIS et permettre une meilleure prise de décision face au changement climatique et à la variabilité climatique de même qu’une gouvernance des systèmes alimentaires plus forte et durable, d’une part. En collaboration avec la plateforme CCASA, cet atelier offre une occasion unique d’engager les décideurs politiques nationaux dans l’utilisation efficace des connaissances et des produits des WCIS fondés sur des évidences pour la prise de décision. En outre, cet atelier cherche à impliquer davantage les acteurs du secteur privé dans le système WCIS, c’est-à-dire la production, la diffusion, la formation, l’évaluation, etc., afin de soutenir l’intégration à grande échelle des WCIS dans la mise en œuvre des activités agricoles, pastorales et de pêche au Sénégal et au-delà.
D’autre part, cet atelier offre aux responsables de projet un instant de pause et de réflexion autour de l’approche qui a été développée jusqu’à présent. Il est perçu comme une opportunité pour l’ANACIM et l’ICRISAT de soumettre leurs travaux à un examen approfondi, d’analyser les approches, la théorie du changement, les succès et les lacunes, etc., à l’orée d’une phase de prolongation de deux ans des activités, comme l’exige la gestion adaptative. Ainsi, les contributions des parties prenantes permettront-elles d’apporter les ajustements nécessaires pour parvenir à des réalisations et à des institutions durables qui se poursuivront au-delà de la durée du projet.

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