Au Zimbabwe, l’arme du viol contre les femmes

Au Zimbabwe, la crise politique continue entre pouvoir et opposition suite aux manifestations des 14 et 15 janvier dernier, violemment réprimées par les forces de l’ordre. Les Zimbabwéens sont de plus en plus nombreux à dénoncer les exactions des forces de l’ordre, en particulier des dizaines de viols perpétrés par des hommes en uniforme.

Elles se cachent et ceux qui les accueillent sont recherchés par la police.
Mais les Zimbabwéennes victimes de viols sortent progressivement de leur silence. “Le 15 janvier, ils sont venus à 5. Ils avaient des masques noirs. On ne voyait pas leurs visages, juste leurs yeux. Ils portaient l’uniforme camouflage de l’armée. L’un d’entre eux m’a violée, sans aucune protection”, rapporte une femme.

Une autre raconte : “Ils sont entrés chez moi le 18 janvier. Ils cherchaient les opposants du parti MDC, ceux qui lancaient les pierres dans les rues. Ils m’ont demandé où était mon petit ami. Ils voulaient violer ma fille de 13 ans, mais je leur ai dit de me prendre moi. Ils ont mis un couteau sous la gorge de ma fille. Il y avait trois militaires, un policier et un homme en civil, tous étaient masqués”. La jeune mère a été testée séropositive le jour où France 24 l’a rencontrée. Les docteurs lui ont conseillée d’arrêter d’allaiter.

“Instaurer la terreur”

Plus de deux semaines après la vague de répression lancée contre l’opposition,
les victimes ont encore la peur au ventre. Les organisations des droits de l’Homme continuent à comptabiliser les centaines d’abus commis par les forces de sécurité : viols, passages à tabac, tortures, arrestations … “Lorsque l’on observe la nature des violations et les schémas, je pense qu’il s’agit d’instaurer la terreur dans les différentes communautés. De cette manière, même après coup, ces communautés seront affectées, les gens seront terrifiés lorsqu’ils verront des militaires en uniforme”, explique Blessing Gorojena, directrice de l’ONG Human Rights Forum.

Le gouvernement n’a pas reconnu les viols en série des militaires. Il demande aux victimes de déposer leurs plaintes aux postes de police. La balle est dans le camp du président Emmerson Mnangagwa, dont l’image se ternit. Son silence face aux exactions de ses soldats laisse penser qu’il ne s’est jamais affranchi de la tutelle de l’armée, qui l’a porté au pouvoir.

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