(audio) – Sadio Mané ballon d’or 2019 ? les doutes de roger milla et joseph antoine bell

Une rencontre fortuite dans les rues de Yaoundé, au Cameroun. Mamoudou Ibra Kane s’est retrouvé entre deux légendes du football africain, Roger Milla, le vieux « lion » aujourd’hui âgé de 71 ans et Joseph Antoine Bell, gardien mythique des Lions indomptables des années 80. Dans cette première partie de l’entretien exclusif, Milla et Bell donnent leurs avis sur le Ballon d’Or France Football qui sera décerné le 02 décembre prochain. Parmi les trente prétendants à la récompense individuelle suprême, se trouvent quelques africains comme Sadio Mané et Mohamed Salah. Mais, pour les deux anciennes gloires africaines, il y a des réserves à émettre sur le sujet.
Roger Milla : « C’est ceux qui vont voter qui pourront leur donner cette chance. Moi je ne peux pas dire si Sadio Mané ou Salah vont le gagner. Les journalistes européens ou sud américains et autres n’ont pas souvent les mêmes intentions que nous. Je pense que Mané et Salah doivent être patients, qu’ils ne comptent pas sur ceux qui ne votent pas, qui n’ont pas la possibilité de les désigner Ballon d’Or. Je n’y crois pas beaucoup parce que ces Européens sont tout le temps en train de nous couillonner, de nous saquer… Depuis qu’il existe, Weah a réussi à l’avoir (1995) parce qu’il était dans une très grande équipe (l’AC Milan) et il avait réussi à prouver que le football africain avait un certain niveau. Maintenant, c’est très compliqué pour les Africains. »
Pour sa part, Joseph Antoine Bell a poussé un peu plus la réflexion. D’abord en exprimant son souhait de se détacher des récompenses individuelles dans un sport collectif. « Je pense que ce sont des questions de journalistes. Parce que pour moi les trophées individuels sont plutôt destinés à animer le public qu’à réellement jauger quoi que ce soit, le football étant par définition un sport collectif donc ce sont les équipes qui gagnent. Chaque fois qu’on veut faire gagner des individus, c’est plus pour satisfaire les discussions de quartier. Ce qu’il faut retenir, c’est que personne ne peut gagner le Ballon d’Or sans le mériter. Si ce n’est qu’au mérite, il y aura trois ou quatre ou cinq qui peuvent le mériter, mais comme il n’y aura qu’un seul qui doit y arriver, il y en aura qu’un seul. »
Puis, l’ancien gardien de but de l’Olympique de Marseille et de l’AS Saint-Etienne (France) de refuser de porter un jugement calqué sur une préférence continentale. « Je dois avouer que je n’en ai pas pour la simple raison que si je disais Sadio Mané, ce serait faire ‘‘l’Africain’’ et je n’aime pas cela. Si nous voulons nous mesurer aux autres, il faut arrêter de choisir parce qu’il est Africain sinon le Sud Américain va choisir un Sud Américain. Moi j’ai toujours revendiqué à titre personnel et pour les autres, qu’on soit jugé avec la même mesure que tous les autres et du coup, qu’on enlève la coloration partisane du genre c’est un Africain, je vote pour lui ou que les Européens votent pour un Européen. Je crois que du moment où on a des Africains qui vont à un concours international, c’est déjà le premier pas, le premier succès et il faut ensuite accepter d’être jugé avec les autres et être en balance avec eux prouve notre qualité et ça, pour l’instant ça me va dans la mesure où le choix est de toute façon un tout petit peu subjectif. »
Pour Bell, quel que soit le vainqueur, il y aura d’autres prétendants qui auraient pu mériter d’être sacrés et faire partie d’une crème de trois ou cinq joueurs triés sur le volet devrait déjà constituer un grand motif de fierté. « Si vous voulez être logique, le Ballon d’Or ne s’adresse pas à celui qui a juste remporté le trophée d’une compétition. C’est toute la saison, tout ce que vous avez en club et partout où vous avez joué et il est difficile que quelqu’un prétende avoir une mesure absolument exacte de ces performances. C’est pourquoi que je préfère dire que quand on est cité dans les trois, quatre voire cinq premiers de ces trophées, on doit être content parce qu’on est parmi les grands joueurs, parmi ceux qui comptent. Maintenant, l’exactitude d’un tel choix ne peut ni être attendu ni être prouvé et donc il faut accepter les aléas d’un tel exercice. »
Roger Milla et Joseph Antoine Bell ont pris part, à Yaoundé, un match de gala opposant une sélection d’anciennes gloires du Cameroun à une brave équipe de l’Union de la presse francophone, en marge des assises de l’Union internationale de la Presse francophone, dirigée par le Sénégalais Madiambal Diagne. L’ouverture officielle des travaux est prévue ce mardi.

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