Baba Tandian « On risque de ne pas voir l’équipe nationale jouer une finale de Basket pendant 10 ans… »

Avec une belle entame de tournoi à Maputo. Les « Lionnes », vice-championnes d’Afrique en titre, s’imposaient contre l’Angola (71-75), puis dominaient le Mali (58 à 53) pour se hisser en demi-finale. Assez confiant au vu de ces prestations assez abouties, Baba Tandian avoue avoir nourri des espoirs de qualification motivés par la bonne entrée en matière des joueuses de Cheikh Sarr qui faisaient montre d’un bel état d’esprit. : « Je savais que le Sénégal pouvait battre l’Angola. Mais quand j’ai vu la victoire sur le Mali, et la façon dont on a joué. Alors j’ai commencé à fonder des espoirs. On a fait une très belle prestation contre le Mali qui a une très belle équipe qui a toujours contesté la suprématie du Sénégal. Dès lors, je me disais qu’on pouvait espérer une suite heureuse à ce tournoi », soutiendra-t-il dans un premier temps. Seulement les Mozambicaines, qui avaient déjà battu en demi-finale de l’Afrobasket 2019, le Sénégal (60 à 57), réussiront cette fois-ci à renverser la tendance. Astou Traoré, absente, Mame Marie Sy (34 ans), et Binetou Diémé (36 ans) qui étaient jusque-là dans une grande forme, ne pourront pas sauver les meubles. Et, par conséquent empêcher l’élimination du Sénégal battu (56-49.) Une allusion à Astou Traoré, Mame Marie et ou Binetou Diemé qui fait parfaitement le lien avec les propos de Baba Tandian dont le constat est implacable : « Je savais que l’étape du Mozambique serait très difficile. On avait souffert à domicile, lors de la demi-finale de l’Afrobasket féminin 2019, contre le Mozambique. On a failli couler au Dakar Arena, à partir de ce moment mon analyse a été sans appel, à savoir qu’on a laissé cette équipe du Sénégal trop vieillir. » Le manque de fraîcheur physique des « Lionnes » qui se faisait déjà ressentir au fil des quarts temps, lors du dernier Afrobasket féminin, a été cette fois-ci fatal aux joueuses sénégalaises. Une élimination qui ne passe pas pour Tandian qui s’en est pris à ses « cibles préférées » : Me Babacar Ndiaye, le président de la fédération sénégalaise de Basketball (FSBB) et son directeur technique national Maguette Diop. « Mon analyse a été sans appel, à savoir qu’on a laissé cette équipe du Sénégal trop vieillir. On n’a pas misé sur une nouvelle génération. Et, on a voulu coûte que coûte se fixer des résultats. Je reproche à la DTN, je reproche ça au président de la fédération. Ils n’ont pas renouvelé l’équipe comme nous l’avions fait en 2010, ce qui nous avait valu une victoire continentale en 2015. » Lâchera-t-il sur un ton amer. Pendant longtemps, le Sénégal a toujours pu se reposer sur une sélection féminine assez talentueuse. Avec des joueuses cadres telles que la reine des parquets Astou Traoré, ou encore Mame Diodio Diouf sans oublier Oumoul Khaïry Sarr et Mame Marie Sy. Tant que la machine tournait, tout allait pour le mieux… Une stratégie ou une absence de stratégie de renouvellement de l’effectif que ne comprend pas l’ancien président de FSBB : « Ce qu’ils voulaient c’est maintenir à tout prix la même équipe qui gagnait tout le temps en ce moment-là, pour pouvoir se faire une carte de visite. C’était ça leur but ! Moi je pense que si on avait très tôt misé sur des jeunes, si on avait fait une équipe mixte. Là ça aurait apporté un plus, peut-être pas dans l’immédiat, mais dans le court terme… », accusera Tandian qui ne décolère pas, se disant étonné et dépité du laxisme des fédéraux sénégalais. À l’en croire, le coup est déjà parti. L’actuelle sélection féminine est en fin de cycle. Et, le pire dans tout cela, c’est qu’une relève sérieuse n’a pas été prévue et intégrée progressivement pour pallier à pareils cas de figure. «On risque pendant une bonne dizaine d’années de ne pas voir l’équipe nationale féminine jouer une finale de Basket. Et peut-être avec un peu de chance, on va joueur des demi-finales… Le Sénégal n’a pas misé sur la jeunesse. Ce que des pays comme le Nigeria et le Mozambique ont fait. Le Mozambique a misé sur des jeunes de 18 à 22 ans. Elles ont au moins 8 ans de basket devant elles… Au Sénégal on n’a plus huit ans de basket devant nous. On a huit ans de basket derrière nous, c’est à dire que si les anciennes raccrochent, il ne restera que des jeunes, elles auront un problème de cohésion, d’expérience et de niveau. Ces trois facteurs il faut au moins une bonne dizaine d’années pour arriver à les acquérir. » Un terrible constat qui en laissera plus d’un sur le parquet. Toujours est-il que les résultats récemment enregistrés ne semblent pas « démentir » l’analyse de Tandian. Réaffirmant son attachement sans faille au basketball Sénégalais, il se permettra d’insister sur ce qui lui semble la « solution » à moyen terme. N’en déplaise à ces détracteurs qui ont cessé depuis fort longtemps, de voir en lui « L’homme de la situation. » Baba Tandian, droit dans ses baskets, de prodiguer ses « conseils » aux allures de mesures d’urgence « Pour éviter de faire couler l’équipe il faut qu’ils arrêtent de se fixer comme objectif la reconquête du tire à tout prix ! On n’a plus besoin de reconquête du titre. Des titres on en a gagné. Et, on va en gagner d’autres en mettant une bonne équipe en place. Il nous faut au préalable, avoir une bonne fédération et une bonne équipe. Les titres suivront… » décline-t-il en guise de recommandations. Des propos qui ne tomberont certainement pas dans l’oreille d’un sourd. Reste à savoir l’interprétation qu’en feront les uns et les autres. Précisément, le président de la FSBB, Me Babacar Ndiaye. « Il faut être réaliste… Cette fédération n’a pas semé ce qui pourrait nous valoir un résultat à long terme », conclura Tandian…

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