Brésil : bavure militaire contre une voiture familiale dans un quartier pauvre de Rio

Au Brésil, les quelque 80 coups de feu portés par une patrouille militaire contre une voiture dans le quartier pauvre de Guadalupe, au nord de Rio, ont visé une famille “normale” et non des malfaiteurs, reconnaît le commissaire chargé de l’affaire.

Une patrouille militaire a tiré 80 balles sur la voiture d’une famille au Brésil, dans le quartier de Guadalupe, au nord de Rio, tuant le conducteur et faisant deux blessés dont un piéton. Les militaires réalisaient une patrouille à proximité d’une zone militaire, selon un communiqué de l’armée brésilienne. “Tout indique que les militaires ont confondu le véhicule avec celui de voleurs”, a affirmé à TV Globo Leonardo Salgado, commissaire chargé de l’affaire.

Le commissaire reconnaît une bavure : “Aucune arme n’a été retrouvée à bord du véhicule. C’était une famille normale, des gens biens, qui ont été victimes des militaires”, a-t-il ajouté, écartant “toute notion de légitime défense au vu du nombre de tirs”.

Cinq personnes de la même famille, dont un enfant de sept ans, se rendaient à une “baby shower”, fête d’origine américaine organisée en l’honneur d’une future maman avant la naissance de son bébé, quand elles ont été prises pour cible. Leur voiture de couleur blanche présentait de nombreux impacts de balles. La personnes tuée est un homme de 51 ans, père du petit garçon, musicien et agent de sécurité. Son beau-père a été blessé.

Le Commandement militaire de l’Est, a dans un premier temps affirmé dimanche soir que les soldats avaient réagi à une “agression injuste” de “braqueurs”, avant de reconnaitre lundi que cette version était “inconsistante”.

Les forces armées utilisées pour lutter contre le crime organisé

Par ailleurs, vendredi soir, des soldats ont tué un jeune de 19 ans et blessé un autre de 17 ans qui se trouvaient à moto et auraient forcé un barrage dans un quartier populaire de l’ouest de Rio.

L’an dernier, un décret de l’ancien président Michel Temer avait confié aux militaires le commandement de la sécurité de l’État de Rio de Janeiro, en proie à une escalade de la violence. Cela a pris fin au 31 décembre avant l’entrée en fonctions du gouvernement de Jair Bolsonaro.

Cependant, les soldats sont ponctuellement appelés en renfort de la police, notamment pour apporter leur soutien logistique lors d’opérations coup de poing contre les narcotrafiquants, dans le cadre d’un décret présidentiel signé en juillet 2017 qui autorise “l’emploi des forces armées” dans l’État de Rio de Janeiro pour lutter contre le crime organisé.

Cet État est gouverné depuis janvier par Wilson Witzel, un ancien juge élu sur la ligne sécuritaire du nouveau président d’extrême droite Jair Bolsonaro.

En janvier et février 2019, ses deux premiers mois de mandat, 305 personnes ont été tuées par des policiers dans cet État, selon les chiffres officiels du gouvernement, soit une toutes les 4 h 30. Il s’agit d’un record depuis la mise en place de cette statistique il y a 16 ans. Cela représente un bond de 17,6 % par rapport à la même période en 2018.

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