Cible d’un raid aérien des forces du maréchal Haftar, l’aéroport de Tripoli suspend ses vols

Le seul aéroport fonctionnel de Tripoli a été visé, lundi, par un raid aérien des forces loyales au maréchal Haftar, qui cherche à prendre le contrôle de la capitale libyenne. On compte des dizaines de morts depuis le début de l’offensive.

L’autoproclamée Armée nationale libyenne (ANL), force loyale au maréchal Khalifa Haftar, a revendiqué un raid aérien mené, lundi 8 avril, contre l’aéroport de Mitiga, dans la banlieue est de Tripoli. Cette attaque, qui n’a fait aucune victime, a provoqué la suspension immédiate des vols et l’évacuation de l’aéroport.

Ahmad al-Mesmari, porte-parole de l’ANL, a indiqué lors d’une conférence de presse que l’attaque visait un avion militaire MiG-23 et un hélicoptère.Play Video

La Libye pourrait sombrer encore une fois dans le chaos. Les combats se sont intensifiés autour de la capitale vers laquelle avancent les forces de Khalifa Haftar. L’Union européenne a appelé une nouvelle fois le maréchal à arrêter son offensive contre Tripoli et à revenir à la table des négociations pour éviter une guerre civile.

“J’ai appelé très fermement tous les dirigeants libyens, et en particulier Haftar, à arrêter toutes les opérations militaires et à revenir à la table des négociations sous l’égide de l’ONU“, a annoncé la cheffe de la diplomatie européenne, Federica Mogherini, après une réunion avec les ministres des Affaires étrangères de l’UE au Luxembourg, lundi. “Nous n’avons pas adopté de conclusions, mais il y a eu un clair consensus pour appeler à arrêter toutes les opérations militaires en Libye”, a-t-elle précisé.

Federica Mogherini a ensuite expliqué que l’appel était essentiellement adressé à l’homme fort de l’est libyen. “Qui a lancé une offensive, sinon Haftar ?”, a-t-elle souligné. “Les États membres se sont montrés extrêmement unis”, a-t-elle affirmé.

Des milliers de déplacés selon l’ONU

À Tripoli, le gouvernement d’union nationale (GNA) du Premier ministre Fayez al-Sarraj, reconnu par la communauté internationale, a dénoncé l’attaque contre l’aéroport de Mitiga, considérée comme “un crime de guerre et un crime contre l’humanité”, et a promis de poursuivre ses auteurs devant la justice. Il a également annoncé avoir reçu des renforts de Misrata, une ville côtière située à moins de 200 km à l’est de la capitale. L’opération “Volcan de la colère” a été lancée pour défendre la ville, a affirmé le GNA.

Selon le dernier bilan du ministère de la santé du GNA, au moins 25 personnes ont été tuées et 80 autres blessées depuis le lancement de l’offensive du maréchal Haftar le 4 avril. Ce bilan concerne aussi bien les combattants que les civils – une famille entière ayant péri dans les violences, a précisé à Reuters le porte-parole du ministère. Selon les Nations unies, les affrontements ont déplacé entre 2000 et 3000 personnes. L’ANL a annoncé, de son côté, que 19 de ses combattants avaient été tués.

L’ANL, qui a pendant des années combattu avec l’appui de l’Égypte, des Émirats arabes unis et des groupes islamistes dans l’est du pays, a progressé ces derniers mois vers le sud et annoncé la semaine dernière son intention de prendre le contrôle de la capitale libyenne.

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Le seul aéroport fonctionnel à Tripoli a été touché aujourd’hui par une frappe aérienne non revendiquée, suscitant la suspension des vols dans la capitale libyenne, cible d’une offensive meurtrière du maréchal Khalifa Haftar

La Conférence nationale de paix maintenue

L’ONU, qui a demandé une trêve pour évacuer les blessés, entend toujours organiser une conférence nationale de paix du 14 au 16 avril à Ghadamès, dans le sud-ouest du pays. L’émissaire spécial de l’ONU Ghassan Salamé a rencontré, lundi, Fayez al-Sarraj à Tripoli pour étudier les moyens de l’aider “dans cette situation critique et difficile”, indique sur Twitter la mission de l’ONU en Libye.

SRSG Ghassan Salame met today with the President of the Presidency Council Fayez Serraj in his office in #Tripoli and discussed ways UNSMIL – which continues its work from tripoli – can assist at this critical and difficult juncture2810:36 – 8 avr. 201919 personnes parlent à ce sujetInformations sur les Publicités Twitter et confidentialité

Après l’ONU, les États-Unis et le G7, l’Union européenne a réclamé un cessez-le-feu et un retour à la table des négociations. La France a assuré qu’elle n’était pas au courant des intentions du maréchal Haftar et qu’elle n’avait “aucun plan caché” à ce sujet, a déclaré une source diplomatique française en réaffirmant le soutien de Paris au gouvernement de Fayez al-Sarraj. “L’urgence en Libye est de protéger la population civile, faire cesser le feu et remettre les acteurs libyens autour de la table”, a dit cette source

Signes des crispations, les zones d’ombres présumées entourant le rôle joué par la France ont fait l’objet d’un entretien selon Paris – une convocation selon Tripoli – entre l’ambassadrice de France pour la Libye Béatrice le Fraper du Hellen et le Premier ministre Fayez al-Sarraj.

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