CORONAVIRUS : Les Dakarois entre doute et ignorance

Rebeuss. Un quartier niché en plein cœur de la capitale, à quelques jets de pierre du palais de justice de Dakar. Le ronronnement des moteurs des véhicules de transport communément appelés «cars rapides», des bus et autres voitures particuliers, mêlé au bruit qui provient des ateliers mécaniques et de tailleurs installés dans quelques coins des rues, créent une pollution sonore. Sur une petite ruelle, en étau entre deux immeubles, Abou Thiam tient un atelier. Assis sur une petite natte posée par terre, chemise négligemment portée, les jambes croisées, ce forgeron tente de remodeler une marmite à l’aide d’un marteau qui fait presque 3 kilogrammes et qu’il soulève difficilement avec la main droite. Un petit transistor suspendu sur une corde attachée sur une planche qui maintient les feuilles de zinc faisant office de toit distille de la musique. Avec son poste-radio, ce forgeron est au courant de tout ce qui se passe dans notre pays mais également sur l’international. L’épidémie de coronavirus qui est apparue récemment à Wuhan, une province de la Chine, il en a entendu parler. «D’après mes informations, c’est une maladie qui est apparue ces temps-ci en Chine et qui fait beaucoup de morts là-bas. C’est tout ce que j’en sais», explique-t-il. Ainsi, même si Abou Thiam est au courant de l’existence de la maladie, comme il entend le dire, en effet, les mesures de prévention restent un mystère pour lui. «Je sais que la maladie est apparue en Chine. Mais, pour les mesures de prévention, j’avoue que je n’en sais pas grand-chose», avoue-t-il.

Mieux renseigné que le forgeron, Maxime Dionne, étudiant inscrit en Licence de Gestion des entreprises dans une école de formation, soutient, pour sa part, que c’est une maladie causée par un virus qui proviendrait, selon lui, des animaux sauvages. «J’ai eu vent des informations, comme tout le monde, à travers la presse nationale et internationale. C’est une maladie qui est très grave. Nous touchons du bois, elle n’est pas arrivée dans notre pays. Et je pense que les mesures de prévention sont très importantes. Si on les respecte, je ne vois pas comment la maladie peut entrer au Sénégal», déclare le jeune étudiant, les yeux fixés sur l’écran de son smartphone.

Debout devant un arrêt de bus à quelques mètres de la Grande mosquée Massalikul Jinane sise au quartier Cité Port, des documents coincés sous le bras droit, Pape Birahim Gningue, ingénieur en bâtiment, qui semble bien maîtriser le sujet d’actualité affirme, quant à lui, que le coronavirus est une maladie qui fait beaucoup de morts en Chine. «C’est une maladie qui se propage à la vitesse de la lumière», dit-il, fin connaisseur. «Heureusement, la Chine est en train de mettre en place tous les moyens nécessaires pour freiner l’épidémie. Et c’est une bonne chose. Aujourd’hui, il n’y a pas de quoi s’alarmer. Les autorités en charge de la santé doivent juste accentuer davantage la sensibilisation. Parce que toutes les populations ne sont pas au même niveau d’informations. Donc il faut aller dans les coins les plus reculés pour sensibiliser et surtout multiplier les supports de sensibilisation. Mais aussi utiliser les langues locales, pas seulement le wolof, parce qu’il y a des gens qui ne comprennent ni la langue nationale, ni la langue officielle», préconise Pape Birahim Gningue.
senegaldirect avec walfnet

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