Crash aérien en Éthiopie : les données satellites qui ont décidé Trump à suspendre le 737 MAX

ux accidents tragiques en moins de cinq mois. Cette décision aurait été justifiée par de nouvelles données satellitaires fournies par le Canada.

Donald Trump a fini par céder à la pression. Le président américain a annoncé mercredi 13 mars l’interdiction de tous les vols de Boeing 737 MAX, se ralliant au consensus international sur ce nouvel avion du constructeur américain après deux accidents tragiques en moins de cinq mois.

L’agence américaine de l’aviation (FAA) a ordonné de clouer au sol “provisoirement” les Boeing 737 MAX aux États-Unis en raison de “nouvelles données” satellitaires fournies mercredi par le Canada, indiquant des similarités entre l’accident d’Ethiopian Airlines, qui s’est écrasé dimanche à l’est d’Addis Abeba, faisant 157 morts et celui de la compagnie indonésienne Lion Air, qui a tué 189 personnes, en mer de Java, fin octobre.

“J’ai pris cette décision” et “c’est une décision prise en toute indépendance”, a affirmé sur la chaîne CNBC Dan Elwell, responsable par intérim de la FAA, alors que le monde entier avait déjà interdit de vol les Boeing 737 MAX. Il a précisé que les données qui avaient conduit à cette décision avaient été fournies par le Canada, abonné à un service particulier.

Une nouvelle technologie

Selon l’agence de presse canadienne QMI, “ces données, fournies par le Canada, ont été recueillies à l’aide d’une nouvelle technologie développée depuis 2012 par Aireon”, une entreprise créée en 2011 en Virginie, aux États-Unis, qui “suit le trafic aérien en temps réel à l’aide de 66 satellites. Comme le précise le journal canadien Le Devoir, grâce à cette technologie, Aireon “parvient à reconstituer la position des avions toutes les huit secondes”.

Ces informations ont permis de mettre en évidence des similitudes entre le crash dimanche du vol d’Ethiopian Airlines et celui qui a eu lieu en Indonésie en octobre. “Dans les deux cas, on a observé que les appareils n’avaient pas suivi une courbe d’ascension régulière après le décollage. De plus, les constatations préliminaires qui ont suivi l’écrasement d’octobre laissent croire que l’équipage a été pris de court par un système de pilote automatique erratique”, décrit le Devoir.

Le MCAS mis en cause

Bloomberg rappelle en effet que dans le cas du vol de Lion Air, l’avion “avait chuté lourdement” à plusieurs reprises juste après son décollage. D’après les enquêteurs indonésiens, l’appareil avait automatiquement plongé en raison d’un dysfonctionnement du système de stabilisation, Maneuvering Characteristics Augmentation System dit MCAS. Ce système conçu spécialement pour les 737 MAX et leurs moteurs plus gros et plus lourds que ceux équipant les 737 d’ancienne génération, met l’avion en “piqué” lorsque l’appareil est en décrochage afin de regagner de la vitesse, sur la base d’une appréciation erronée dans ce cas.

Plusieurs pilotes américains avaient eux-mêmes rapporté en octobre et novembre, sur une base de données anonymes de la NASA, avoir été confrontés à un dysfonctionnement du MCAS. Ils ont toutefois réussi à éviter un accident car ils avaient été informés et entraînés à faire face à ce problème. Selon le Devoir, Boeing avait en effet “réagi à la suite du premier accident en informant les transporteurs des manœuvres à suivre en cas d’incident du genre, mais la correction des logiciels défectueux n’était toujours pas terminée au moment du deuxième accident”.

Une affaire de gros sous ?

Le régulateur aérien américain, la FAA, a demandé à Boeing de modifier ce système et d’actualiser les manuels de vol et de formation des pilotes. “Si le problème se limite à un changement de logiciel, ça devrait aller vite et le correctif devrait être moins coûteux”, estime Goldman Sachs. Au vu du nombre d’avions en service, la facture des réparations coûterait moins d’un milliard de dollars, calcule Ken Herbert, analyste chez Canaccord, interrogé par l’AFP. Mais “s’il est déterminé que c’est un défaut de conception”, les modifications “prendront plus de temps et seront coûteuses”, avance Goldman Sachs, pour qui ce scénario serait le pire.

Le Devoir va plus loin en se demandant finalement “si Boeing et la FAA n’ont pas agi de façon précipitée dans le but de prendre Airbus de vitesse pour la mise en marché des nouveaux modèles moins énergivores”. Le journal canadien résume cela à une “affaire de gros sous” : “Depuis le début des travaux de conception, en 2012, Boeing a vendu près de 5 000 unités du 737 MAX, dont seulement 371 exemplaires ont été livrés à ce jour. Une affaire de 600 milliards de dollars”.

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