Cuomo Fann: Les enfants meurent en attendant l’opération

L’activité du Centre cardio-pédiatrique Cuomo de l’hôpital de Fann est à l’arrêt depuis plus de deux semaines. Ce, en raison d’un management inopérant et d’une absence de consommables et d’équipements. Pis, les délais d’attente en chirurgie cardiaque sont devenus inquiétants. Les enfants malades du cœur sont actuellement opérés hors délai. La situation est alarmante. En attente d’une opération depuis plusieurs mois, beaucoup d’enfants meurent avant d’avoir été opéré. En visite au centre Cuomo de Fann, nous avons été surpris par l’affluence.
Au moment où des milliards ont été dépensés dans la campagne électorale lors de la Présidentielle du 24 février 2019, des centaines d’enfants malades du cœur souffrent le martyr au Centre cardio-pédiatrique Cuomo de l’hôpital de Fann. Plusieurs enfants inscrits sur la liste d’attente pour se faire opérer du cœur meurent, faute d’opération. Ce n’est pas tout. Le centre fait face à d’énormes difficultés en raison d’un management inopérant et d’une absence de consommables et d’équipements. Le centre est submergé par la demande au niveau national. Et, souvent la mort emporte les tout-petits avant même de bénéficier d’une opération chirurgicale. Le nombre de ces décès reste inconnu en l’absence de statistiques et surtout en raison du refus de communiquer sur le sujet.

De longues listes d’attente mettant des vies d’enfants en sursis

«La chirurgie des petits cœurs est débordée», nous confie un interne en cardiologie. Bien qu’on ne dispose pas de chiffres réels sur les admissions dans les services concernés, les enfants souffrant de malformations cardiaques meurent. Dans le service de réanimation pédiatrique du Cuomo, le nombre des admissions est en hausse, nous dit-on. «Si l’enfant atteint de cardiopathie congénitale n’est pas pris en charge dans les six premiers mois de sa vie, il décède», nous confie un médecin interne. Le centre Cuomo reçoit quotidiennement, pour des consultations, des enfants présentant des malformations cardiaques importantes. « Les admissions d’enfants issus de milieux défavorisés, provenant des villes de l’intérieur, sont également importantes au centre. La chirurgie cardiaque infantile est, ainsi, le maillon faible du système de santé publique», renseigne notre interlocuteur. « Les listes d’attente en chirurgie cardiaque s’étaient raccourcies, mais elles se sont aujourd’hui rallongées d’une manière inquiétante », nous confie cet autre interne en cardiologie. «Ça faisait longtemps qu’il n’y avait pas eu autant de patients en attente», dit-il. La situation est particulièrement critique. Des patients attendent plus longtemps que les délais prévus. Si la liste s’allonge ainsi, c’est qu’une opération sur quatre est actuellement reportée. Notre source explique que l’une des principales raisons est : «On manque d’équipements aux soins intensifs. Le problème est connu». Avant d’ajouter : «Tout ce que je peux dire, c’est que nous procédons par priorités cliniques pour les interventions cardiaques et que les délais constatés sont liés au manque de lits aux soins intensifs. Les enfants qu’on a opérés peuvent mourir à tout moment. Le ciblage des enfants à opérer est du ressort des cardiologues. Ils les repèrent selon la gravité et l’urgence », nous confie-t-on. C’est dire qu’à Cuomo, l’attente d’un rendez-vous pour se faire opérer achève bien des vies.

1000 enfants naissent avec une cardiopathie congénitale
D’une surface de 2 200 m2, le Centre Cardio-Pédiatrique Cuomo est composé d’un plateau technique avec 2 salles d’opération et des services de réanimation, d’hospitalisation et de consultation. Depuis le début de l’activité́ médicale, en janvier 2017, plus d’une centaine d’enfants y ont déjà̀ été́ opérés, selon les chiffres de la Chaîne de l’Espoir. Au Sénégal, on estime aujourd’hui à plus de 30.000 le nombre d’enfants atteints de cardiopathies graves: des cardiopathies congénitale et des cardiopathies acquises essentiellement dues au rhumatisme articulaire aigu. Chaque année, naissent entre 800 et 1000 enfants avec une cardiopathie congénitales et, faute de soins spécialisés, 80% d’entre eux meurent avant l’âge de 5 ans. A rappeler qu’en prélude à la cérémonie officielle d’ouverture du centre Cuomo en février 2018, le directeur de l’hôpital de Fann avait expliqué l’ampleur et la souffrance dont sont victimes ces enfants atteints de pathologies rhumatismales.

Ce qui est plus grave, disait Cheikh Tacko Diop, c’est le manque de soins appropriés qui nécessitaient leur évacuation à l’étranger et le coût onéreux de la prise en charge. Ce qui se traduisait par la mort de 80% d’entre eux avant leur cinquième anniversaire. Le professeur Mamadou Ndiaye, chef de service de la cardiologie du Chu de Fann, abondait dans le même sens en exprimant d’abord sa profonde gratitude envers Mme Cuomo. Il avait mis ensuite l’accent sur les difficultés graves que rencontraient les enfants souffrant de pathologies rhumatismales et dont la prise en charge n’était pas encore comprise comme une priorité en Afrique. Alors que d’après les spécialistes ces pathologies font des ravages au sein des populations.

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