Désaccord total : Faut-il brûler les conclusions du dialogue politique ?

Le président Macky Sall a entamé son deuxième mandat présidentiel par un appel au dialogue politique, qu’il a lancé le 28 mai 2019. Ce dialogue a pour objectif de faire face à la crise politique qui a suivi sa victoire aux élections controversées de février 2019 et à parvenir à un consensus sur les principaux problèmes du Sénégal. Le dialogue politique est basé sur une vieille tradition sénégalaise. Le Sénégal reste la principale exception aux discontinuités ethniques, religieuses, constitutionnelles et politiques. Cependant, ce qui se trame dans ce dialogue politique avec un désaccord total entre l’opposition et la mouvance présidentielle n’est pas pour donner du crédit à ces assises.

La montagne en passe d’accoucher d’une souris

Les voix s’élèvent de plus en plus pour fustiger le comportement de la mouvance présidentielle au dialogue politique. Depuis le démarrage de ces assises, auxquelles participe une frange de l’opposition et les non-alignés, rien de concret n’y est sortie des discussions. Les questions relatives à l’amnistie de Karim Wade et de Khalifa Sall qui ont de plus intéressé l’opposition, sont reléguées au second plan. Les proches de Macky Sall, chef de l’Etat, ne veulent pas aborder ces sujets.

Ce qui a récemment poussé Doudou Wade a laissé entendre « Karim Wade ne peut pas rentrer comme ça au Sénégal parce que le moment n’est pas opportun pour qu’il le fasse. Il n’est pas sorti du pays de son propre gré. Dans l’histoire du Sénégal jusqu’à la fin du monde, on ne verra jamais quelqu’un en prison à qui on fera un passeport pour le faire sortir, même s’il était un Chinois ou un Japonais. On prend un Sénégalais, on le met sous scellé, on le sort tardivement dans la maison d’arrêt, et on le déporte», explique-t-il pour dénoncer les conditions dans lesquelles Karim Wade a été «exilé».

Bulletin unique, la majorité vote contre

Des 3 pôles politiques présents aux concertations sur le processus électoral, seule la majorité rejette le bulletin unique. La Société civile regrette la position «conjoncturelle» de Benoît Sambou et Cie sur cette question.

Dans le paysage politique, les positions des uns et des autres sont souvent dictées par la conjoncture. Défendre une idée hier dans l’opposition et la rejeter aujourd’hui, une fois dans la majorité, répond à cette démarche politicienne. La question du bulletin unique et celle du scrutin majoritaire confirment cette tendance. Dans le cas du dialogue politique ouvert depuis mai dernier, il y a presque une «unanimité» sur l’instauration du bulletin unique. Mais le processus reste bloqué par la majorité qui le rejette sans réserve.

Dans le rapport présenté par la commission technique mise en place pour formuler des recommandations sur la faisabilité du bulletin unique et le mode d’élection des adjoints au maire et des vice-présidents de conseils départementaux, les différentes parties ont buté sur des désaccords.

Membre de la commission technique et de la Société civile présente au dialogue, Moundiaye Cissé déplore l’attitude de la majorité. «Sur le bulletin unique, il y a une unanimité entre l’opposition, les non-alignés et la Société civile. Il n’y a que la majorité qui dit ne pas être convaincue», regrette le directeur exécutif de l’Ong 3D. D’après lui, il semblerait que «la majorité ne veuille du bulletin unique». Si c’est le cas, poursuit-il, «elle n’a qu’à le dire et on passe à autre chose».

Sur cette question, M. Cissé dénonce la duplicité des acteurs politiques. «Ce qui est aberrant, c’est que cette majorité qui était dans l’opposition, il y a quelques années, réclamait le bulletin unique. Benoît Sambou était le plus grand chantre et militant du bulletin unique. Il faut mettre en avant les intérêts du Peuple sénégalais et ne pas avoir des positions conjoncturelles», plaide le responsable de l’Ong 3D.

Désaccords sur le mode d’élection des adjoints au maire…

Le cas de l’élection du maire au suffrage universel direct réglé, les acteurs ne sont pas pour autant tombés d’accord sur l’élection des adjoints et des vice-présidents de conseils départementaux. Si l’opposition et la majorité militent pour des élections partielles en cas d’empêchement du maire ou du président de Conseil départemental, le pôle des non-alignés préconise que ces élus territoriaux soient, au même titre que le maire, élus au suffrage universel direct.

«Si le maire est lui seul élu au suffrage universel, il aura les pleins pouvoirs et toute la possibilité de faire des manœuvres pour que ses hommes soient élus adjoints. Ce qui fait que le problème qu’on voulait éviter sera là, parce qu’il y a un maire qui se cherche ses propres adjoints avec des pouvoirs exorbitants que le conseil ne pourra contrôler», a déclaré Déthié Faye, coordonnateur du pôle des non-alignés. Les discussions se poursuivent le 12 septembre.

Bulletin unique, la majorité vote contre, désaccords sur le mode d’élection des adjoints au maire et l’amnistie de Karim Wade et de Khalifa Sall rejetée par les proches du chef de l’Etat, donc que vaut le dialogue politique ? …

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