Double meurtre de Médinatou Salam : la défense plaide l’acquittement

Les conseils des prévenus comparaissant pour le meurtre de deux membres des Thiantakounes, une organisation religieuse d’obédience mouride, ont invité mardi le juge de la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Mbour, à prononcer l’acquittement en faveur de Cheikh Béthio Thioune, guide du mouvement et de vingt de ses disciples, a constaté l’APS.

‘’De manière globale, il est apparu que les infractions qui sont poursuivies contre ces Thiantacounes n’ont pas d’assises juridiques. On a l’impression que tout a été fait à dessein, et nous en avons pour preuve les cas d’inhumation sans autorisation, où des gens ont été détenus pendant sept ans alors que la loi fixe la durée de détention à deux ans’’, a ainsi déclaré à l’audience Me Ibrahima Baïdy Niane.

Le guide des Thiantakounes en séjour médical à Bordeaux, selon ses avocats, est jugé par contumace. Il est poursuivi en même temps qu’une vingtaine de membres de son mouvement pour, entre autres, association de malfaiteurs, recel de malfaiteurs, recel de cadavre, complicité de meurtre, non dénonciation et détention d’arme dans autorisation.

Ils comparaissent notamment devant la Chambre criminelle du Tribunal de grande instance de Mbour pour le meurtre en 2012 de deux de leurs condisciples, Bara Sow et Ababacar. Les victimes avaient été torturées à mort avant d’être enterrées à Médinatou Salam, une localité de la commune de Mbour.

Lundi, le procureur de la République près du TGI, Youssou Diallo, a requis une peine de travaux forcés à perpétuité à l’encontre du guide des Thiantakounes, et de quinze de ses co-accusés. Il a également réclamé une peine de 10 ans de travaux forcés contre Samba Ngom, Aziz Mbacké Ndour, Mamadou Hanne dit Pape et à Serigne Saliou Barro.

Les parties civiles avaient auparavant demandé des dommages et intérêts de l’ordre de 3 milliards de francs.

‘’La particularité de ce procès, réside dans les circonstances dans lesquelles les personnes décédées ont été inhumées. Le reste, c’est un mouvement de foule comme on en voit tous les jours à l’occasion de certaines organisations’’, a expliqué Me Niane, un des avocats de la défense.

‘’Ce sont ces deux morts qui aggravent la situation, en pensant que quelqu’un d’en haut a sciemment donné l’ordre de les tuer, de les crucifier et d’aller les enterrer, alors qu’on sait que tout a été fait dans la spontanéité’’, a insisté la robe noire.

Selon lui, les échauffourées qui ont conduit, le 22 avril 2012, à la mort de Bara Sow et d’Ababacar Diagne ont eu lieu à cause d’une provocation.

‘’Vous imaginez que des milliers de personnes qui, manifestement, ne sont pas de très bonnes intentions, envahissent nuitamment votre domicile, si vous avez une arme, qu’est-ce que vous faites ?’’, s’est interrogé Me Ibrahima Baïdy Niane, avant de trancher : ‘’C’est une provocation, puisque le cheikh (Béthio Thioune) est allé lui-même demander secours auprès de la Gendarmerie’’, a-t-il rappelé.

Il a ainsi invité le président de la Chambre criminelle, Thierno Niangà prendre, de manière individuelle, chaque personne, établir la responsabilité individuelle de chaque prévenu et d’en tirer les conséquences suivant son intime conviction.

Le procès ouvert le 23 avril à Mbour doit s’achever jeudi avec vraisemblablement le prononcé du verdict.

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