En remplaçant Calmels par Leonetti, Wauquiez ne règle pas le problème des Républicains

Laurent Wauquiez a fait preuve de fermeté en se séparant de Virginie Calmels, première vice-présidente des Républicains. Mais en la remplaçant par Jean Leonetti, un juppéiste pro-européen, rien n’a en réalité été tranché.
À première vue, Laurent Wauquiez a de nouveau affirmé sa ligne. Critiqué publiquement depuis deux semaines par la première vice-présidente de son parti, Virginie Calmels, qui lui reprochait de “défendre ses propres idées, même si elles ne sont pas adoptées par tous”, le patron des Républicains (LR) a réagi en la limogeant.

“Dans le respect des différentes sensibilités qui font la richesse de notre mouvement, il est indispensable que notre équipe soit unie pour porter la voix de la droite. Il n’y a pas de place pour les petites chapelles ou les aventures personnelles. On ne laissera pas les divisions nous affaiblir”, a affirmé Laurent Wauquiez, lundi 18 juin, dans un courrier électronique adressé aux adhérents du parti Les Républicains.

Choisie par le président de la région Auvergne-Rhône-Alpes durant la campagne pour la présidence du parti parce qu’elle symbolisait une ouverture sur le centre-droit, cette proche d’Alain Juppé était devenue trop critique, trop encombrante. Exit, donc, l’adjointe au maire de Bordeaux qui rêvait de jouer un rôle majeur sur la scène nationale. La voici remplacée par le très discret et très loyal Jean Leonetti, dont le tweet de remerciement après sa nomination annonce la couleur.

“Toute ma gratitude amicale à Laurent Wauquiez pour sa confiance et à l’équipe dirigeante pour son soutien. Ils peuvent tous compter sur ma loyauté Nous devons ensemble reconstruire le parti Les Républicains dans la diversité des sensibilités et le débat d’idées #rassemblement”, a tweeté dimanche soir le maire d’Antibes et ancien député des Alpes-Maritimes.

Comme elle, il a en effet soutenu Alain Juppé lors de la primaire des Républicains en 2016. Et à l’inverse de Laurent Wauquiez qui n’hésite pas à lancer des propositions toujours plus radicales, comme sur l’immigration et la lutte contre le terrorisme, celui qui se définit comme un “humaniste” a publié en 2003 un essai intitulé “Le Principe de modération”, dans lequel il combat la démagogie en politique et vante les mérites de “la juste mesure”.

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Or, c’est là que réside le problème des Républicains : Laurent Wauquiez est tiraillé entre son envie d’affirmer une ligne fortement marquée à droite et la nécessité de ménager une partie des membres de LR. Il se retrouve ainsi coincé entre, d’un côté, Nicolas Sarkozy, qui ne cesse de lui répéter qu’il aura besoin de toutes les sensibilités de la droite pour l’emporter. “J’aimerais que tout le monde comprenne cette idée simple que sans le rassemblement, rien n’est possible et qu’il faut se rassembler”, a ainsi déclaré l’ancien président, lundi 18 juin, devant la presse. Et de l’autre, son conseiller de l’ombre, Patrick Buisson, qui l’encourage au contraire à se séparer de la frange progressiste et modérée de LR. “Le piège serait pour lui de reproduire la faute inaugurale de l’UMP : vouloir à toute force marier les contraires et faire ainsi prévaloir l’idée de rassemblement sur la cohérence stratégique et idéologique de son camp”, a notamment estimé Patrick Buisson, vendredi 15 juin, dans Le Figaro Magazine.

La question européenne bientôt tranchée ?

La nomination de Jean Leonetti illustre parfaitement ce dilemme. Laurent Wauquiez a choisi de conserver une personnalité représentant l’aile modérée de son parti parmi les vice-présidents et, en même temps, tient un discours de plus en plus dur, que ce soit sur l’immigration ou sur les questions de société. Le chef de LR s’est d’ailleurs exprimé, lundi soir, lors d’une réunion à Lyon de Sens Commun, l’émanation politique de la Manif pour tous.

De même, alors que Laurent Wauquiez a adopté une ligne eurosceptique, Jean Leonetti, ancien ministre délégué aux Affaires européennes, est, lui, un pro-européen, ce que n’ont pas manqué de relever le camp des souverainistes.

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“Laurent Wauquiez ne clarifie rien du tout puisqu’il remplace […] une centriste européiste et juppéiste par un centriste européiste et juppéiste”, a ironisé sur BFMTV Nicolas Bay, eurodéputé du Rassemblement national (RN, ex-FN), fustigeant des “turbulences” chez LR liées, selon lui, à un “grand écart permanent entre les paroles et les actes, entre les députés européens LR qui votent les traités de libre-échange, le travail détaché et les quotas de migrants et les coups de mentons de Laurent Wauquiez à Paris”.

“Ce parti n’a jamais tranché l’affaire européenne” et “avec la nomination de M. Leonetti, M. Wauquiez ne tranche pas, il remet exactement la même ligne politique”, a jugé de son côté le président de Debout La France (DLF) Nicolas Dupont-Aignan, sur Sud Radio.

Laurent Wauquiez, lui, insiste : “Il ne peut y avoir de rassemblement qu’autour d’une ligne forte et claire. Serein et déterminé, je sais que le chemin sera long mais je ne changerai pas de direction”, a-t-il écrit à ses adhérents

En attendant le Conseil national de LR du 30 juin consacré à l’Europe et une possible clarification de la ligne du parti sur ce dossier épineux, le remplacement de Virginie Calmels par Jean Leonetti a au moins précisé une chose : chez Les Républicains de Laurent Wauquiez, il est permis de penser différemment du chef mais pas de l’exprimer publiquement.

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