Excellence, commençons par désencombrer nos mentalités

Dakar est en vue de subir une cure de désencombrement de ses rues, ruelles et espaces publiques.
C’est lors de son discours à la nation, le premier de son dernier mandat, qualifié par certain parmi ses adversaires les plus irréductibles de chef d’œuvre, que le président déclinera cette volonté de voir Dakar avec zéro déchet.
Moins d’un mois après, la vision entre dans le début de sa phase active replaçant le rôle important de l’Etat dans cette aventure de salubrité et d’amélioration de notre cadre de vie.
Cette initiative est noble. Mais sa matérialisation et sa pérennisation exigent une bonne approche, beaucoup d’engagement et un peu de rigueur. Il s’agit de déconstruire toute une mentalité pour en bâtir une autre. Le rôle de l’Etat dans cette entreprise salvatrice est central et déterminant. C’est pourquoi, c’est bien de donner d’ors et déjà ce petit signal qui consiste à raser les montagnes de désordre qui jonchent les coins et recoins du pays qui ne se limite pas à Dakar. En effet, ces épaves et carcasses de vieilles voitures, ces restes de pneu et autres bouts de troncs qu’une équipe essaye de ramasser dans les rues ne représentent qu’une goutte d’eau dans l’océan des peaux de bananes, d’emballages de sandwich, de canettes de boisson, d’espace publics occupés par les hautes herbes, de canaux à ciel ouvert servant de quartier général aux moustiques, d’eaux nauséabondes ruisselantes, de dépotoirs d’ordure etc. Tout cela prend et ne prend sa source que de nos mentalités insalubres.
Il faut dès lors commencer par des actions au niveau national. Le résultat qui doit être recherché n’est pas de rendre propre mais c’est d’éviter de salir. Or, Dakar la vitrine déjà habitée par une population vivant à l’étroit, accueille chaque heure des concitoyens qui viennent de nos villages ou la rue constitue la seule poubelle. A partir de ce moment, Dakar devient le prolongement du village et du comportement. Il urge alors de retravailler ce comportement de la population toute entière par une série d’exemples accompagnées de mesures :
– Il faut réformer le service d’hygiène pour lui donner une mission beaucoup plus formatrice que répressive. Ils ne doivent plus se limiter à contrôler et à sanctionner. La dissuasion ne suffit pas.
– Il faut initier un vaste programme national qui vise le profond changement des mentalités
– Il faut mettre à contribution tous les acteurs potentiels au niveau des foyers religieux, de l’Etat, des communautés, des ONGs, des lieux de service public etc. Cela doit passer par l’élaboration et la diffusion d’un programme simple basé sur un support pédagogique adapté et facile à exploiter pour mettre en place une stratégie de mise en œuvre pérenne
– Il faut s’appuyer sur les médiats pour diffuser à vaste échelle les exemples et mesures entrepris
– Il faut que le ministère crée une sorte de sous agence chargée de façonner une nouvelle mentalité. Ses agents doivent être mobiles et bien formés dans l’approche communautaire. Ils doivent être dans les marchés, les loumas, les arrêts de bus, les gares routières, les stades, en somme tous les lieux publics.
– Il faut mettre en place les moyens matériels, logistiques et humains qu’il faut pour donner corps et vie à cette vision
– Il faut développer un programme national de formation des masses
– Il faut que le ministère prenne des arrêtés d’interdiction de certains écarts notés dans le comportement des citoyens : obstruction des rues, avenues et ruelles par les cérémonies folkloriques de tout genre (séance de tam – tam, retour de la Mecque, meeting politique, baptême, jeu de faux lion, etc).
– Il faut absolument interdire les pollutions et tapages sonores et visuelles
– Il faut créer des unités de traitements et de transformation des déchets durs et liquides
– Il faut interdire l’importation de véhicules pourris
– Enfin, il faut, monsieur le Président, éviter de bloquer la circulation lors de vos déplacements vous et vos ministres.
– Il faut que le ministère en collaboration avec le ministère de l’intérieur discutent avec les chefs de village et de quartier pour instaurer un calendrier annuel d’assainissement au niveau national

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