Fatma Samoura, SG de la FIFA sur la place des femmes dans le football: « Ça bouge mais ce n’est pas assez »

La place des femmes dans les instances du football est-elle satisfaisante ? “Ça bouge, mais ce n’est pas assez”, estime Fatma Samoura, Numéro 2 de la Fifa, dans un entretien à l’AFP réalisé hier, jeudi 8 mars et publié dans le site de rfi.fr, à l’issue du tirage au sort du Mondial-2018 féminin des moins de 20 ans.

La journée internationale des droits des femmes est une date symbolique pour faire un bilan de l’état du football féminin dans le monde. Est-il satisfaisant selon vous ?

On ne pouvait pas trouver meilleur symbole d’avoir pour un tirage au sort le 8 mars, une secrétaire générale de la Fifa femme, une maire hôte femme (Nathalie Appéré, maire de Rennes, ndlr), et une vice-présidente de fédération femme (Brigitte Henriques, ndlr). C’est un signal très fort qu’a aussi donné le président de la Fifa au mois de mai 2016 à Mexico en me nommant à cette position. Cela permet de voir que, dans un monde où la diversité est une impérieuse nécessité, le football n’est pas en rade. Nous avons la possibilité maintenant de pousser beaucoup plus de jeunes femmes qui voulaient faire du football une vocation. L’objectif principal de la Fifa est d’avoir 60 millions de licenciées femmes, donc de doubler le chiffre actuel, d’ici 2026.

Vous êtes Numéro 2 de la Fifa, le président de la Ligue française de football professionnel est aussi une femme… Est-ce que la diversité est en marche même pour les plus hauts postes à responsabilité ?

Ça bouge, mais ce n’est pas assez ! Tout du moins au niveau de la Fifa, on est en train de concrétiser cette féminisation du football. Sur les 653 personnes travaillant dans notre administration, nous avons 48% de femmes. L’idéal serait d’être à 50% d’ici la Coupe du monde l’année prochaine.L’Allemande Bibiana Steinhaus est devenue en septembre dernier la première femme de l’histoire à diriger un match de première division masculine en Europe. Pourrait-on voir ça un jour dans un Mondial masculin ?

Je pense que c’est la voie à suivre. On l’a vu lors du Mondial masculin des moins de 17 ans en Inde avec huit assistantes et arbitres sur le terrain. L’idée avec la nouvelle stratégie qui est en train d’être produite, c’est d’avoir plus d’équité, non seulement sur le volet purement sportif avec des filles qui jouent au foot, mais aussi sur le volet purement technique. Je ne vois pas pourquoi il n’y aurait pas une femme qui arbitrerait une compétition de haut niveau cette année en Russie, ou peut-être en 2022 quand nous serons au Qatar.

La France va organiser les deux prochains tournois féminins majeurs: Mondial-2018 U20, puis le Mondial-2019. Qu’attendez-vous de ce pays-hôte ?

La France a l’habitude d’organiser des compétitions sportives de haut niveau, on avait pour preuve l’Euro-2016 qui a été une réussite. La France va aussi organiser les JO en 2024. Pour moi, un pays qui a 165.000 licenciées féminines, c’est quand même un signal extrêmement fort pour le développement du football féminin. La première compétition permettra à nos filles de se préparer, et probablement que certaines d’entre elles pourront participer à la Coupe du monde féminine l’année prochaine. Cela permettra aussi, à celles qui ont pour modèle des joueuses, de pouvoir s’approprier le football pour pouvoir faire une carrière.

Justement, comment rendre les compétitions féminines aussi profitables que celles des hommes ?

Aujourd’hui nous savons que la Coupe du monde masculine est la compétition au niveau de la Fifa qui génère tous les revenus qu’on investit dans le développement du football. L’idée pour les compétitions féminines, c’est d’attirer beaucoup plus de +sponsors+, de faire en sorte que la Coupe du monde féminine puisse se financer elle-même, et qu’on puisse en tirer des revenus aussi bien au niveau des droits TV que de la commercialisation.

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