Génocide en Bosnie : l’ex-président Radovan Karadzic condamné à la perpétuité

Radovan Karadzic, ex-président des Serbes de Bosnie, a été condamné mercredi, en appel, à la perpétuité par la justice internationale, après avoir été initialement condamné à 40 ans de prison pour génocide et crimes de guerre.

L’ex-président des Serbes de Bosnie, Radovan Karadzic, a été condamné mercredi 20 mars, en appel à la prison à perpétuité par la justice internationale à La Haye (Pays-Bas).

Les juges du Mécanisme pour les tribunaux pénaux internationaux de l’ONU à La Haye ont condamné Karadzic, aujourd’hui âgé de 73 ans, “à la prison à vie”.

Ils ont ainsi rejeté son appel contre une décision précédente, rendue par la justice internationale en 2016, pour des atrocités commises durant le conflit en Bosnie (1992-1995), dont celles perpétrées à Srebrenica, dans l’est du pays, a déclaré le juge, Vagn Joensen.

En première instance, les juges “ont sous-estimé l’extrême gravité de la responsabilité de Karadzic dans les pires crimes commis” durant le conflit en Bosnie, a-t-il déclaré, soulignant “l’étendue” et la “cruauté systématique” de ces crimes.

Radovan Karadzic était également jugé pour sa responsabilité dans le siège de Sarajevo et dans le déplacement de populations sur des bases ethniques dans plusieurs autres villes du pays.

Huit mille hommes et adolescents exécutés

À l’annonce de la peine, les veuves de Srebrenica ont applaudi et prié. À quelques mètres des tombes de leurs proches, elles ont suivi depuis le mémorial la longue lecture du verdict en appel contre Radovan Karadzic.

“Mon espoir et ma seule pensée, c’est que [Karadzic] soit condamné à perpétuité pour avoir ordonné et fait tout cela avec Mladic et [Slobodan] Milosevic”, l’homme fort de Belgrade, confiait Hajrija Oric, 63 ans, avant le verdict.

Chantre de l’épuration ethnique, Radovan Karadzic avait fait appel des 40 ans de prison prononcés en 2016 pour crimes de guerre, crimes contre l’humanité et génocide.

Ratko Mladic, commandant en chef de l’armée de la République serbe de Bosnie, a été condamné à la perpétuité à l’automne 2017 tandis que Slobodan Milosevic, ancien président de la République de Serbie, est mort en détention à La Haye en 2006.

La décision concernant Radovan Karadzic est l’une des dernières de la justice internationale dans le cadre de la dislocation conflictuelle de l’ex-Yougoslavie après la chute du communisme en 1991. Ex-président de l’entité des Serbes de Bosnie, la Republika Srpska, il a également été condamné pour des persécutions, meurtres, viols, traitements inhumains ou transferts forcés, notamment lors du siège de près de quatre ans de la capitale bosniaque Sarajevo, au cours duquel plus de 10 000 personnes sont mortes.

Combattre le déni

Le verdict contre Radovan Karadzic ne convaincra sans doute pas la plupart des Serbes orthodoxes, qui représentent un tiers des citoyens de Bosnie, pour environ une moitié de Bosniaques musulmans et 15 % de Croates catholiques. Pour beaucoup des membres de sa communauté, en Bosnie comme en Serbie, il reste un “héros” qui a protégé son peuple.

Actuel coprésident de Bosnie (poste qu’il partage avec un Croate et un Bosniaque), le nationaliste Milorad Dodik s’est lui-même dit convaincu que Radovan Karadzic n’avait jamais décidé de s’en prendre à des civils.

“Personnellement, je ne crois pas à la légitimité de ce tribunal (international de La Haye). Il n’a pas rempli sa mission qui était de bâtir par ses verdicts une base à la réconciliation”, a estimé le responsable avant même le verdict.

En 2017, le TPIY avait condamné à perpétuité pour des chefs d’inculpation similaires l’alter ego militaire de Karadzic, le général Ratko Mladic. L’ancien commandant de l’armée des Serbes de Bosnie, surnommé le “boucher des Balkans”, a également fait appel.

Environ 100 000 personnes sont mortes et 2,2 millions de personnes se sont trouvées sans abri lors des combats qui se sont déroulés en Bosnie entre 1992 et 1995, opposant musulmans, Serbes et Croates.

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