LA «BATAILLE» DES AFFICHES

Le coup de sifflet annonçant le début de la campagne électorale de la présidentielle 2019 qui a retenti depuis le 3 février, marque l’ouverture d’une autre bataille dans la course pour occuper le fauteuil de président de la République au soir du scrutin du 24 février: celle des affiches avec différents slogans parlant directement aux lecteurs, pardon aux électeurs, dans l’espoir d’influer sur leurs choix. Bref, chacun des cinq candidats y va de ses manières. Ainsi, l’on peut lire, dans le désordre, «Sonko Président Jotna», «L’avenir, c’est maintenant!» pour le candidat de la coalition «Sonko Présidient». Pour le leader de Pastef, Les Patriotes, «Jotna li ‘iep bokk, ‘iep jot ci – Il est temps que ce qui appartient à tous revienne à tous». D’autres candidats, d’autres messages. Pour le porte-étendard de «Pur 100», El Hadji Sall c’est «Le choix pur, le vote utile». Mieux Issa Sall 2019, «Un homme nouveau», véhicule le Parti de l’unité et du rassemblement (Pur). «Idrissa Seck, Pour un Sénégal gagnant», c’est le slogan du candidat de la coalition «Idy 2019» qui, sur d’autres posters géants s’affiche avec ses alliés chef de partis avec des messages comme «Gueum sa bopp, Djiteul Rewmi». «Un Sénégal pour tous», «Dakar vote Macky au premier tour», c’est en ces termes que le candidat de Bennoo Bokk Yaakaar parle aux électeurs. Des fois il met en avant son bilan: «Je vote Macky parce qu’il a réalisé l’autosuffisance en riz», «Je vote Macky parce qu’il a réalisé Arena Tour», entre autres. «Madické, Le choix qui rassure» ou «Madické, Tanneef bi dal xel» lance le candidat de la coalition «Madické 2019». En somme, de la posture du candidat sur l’affiche, au slogan, en passant par le textuel et les couleurs, il y a toute une coordination qui laisse apparaitre un vibrant message.

DAOUDA DIARRA, PROFESSEUR DE COMMUNICATION VISUELLE: «Effectivement, l’affiche peut influencer le vote des électeurs»

De l’avis de Daouda Diarra, de l’Ecole des Beaux-arts de Dakar, l’affiche est un support de communication de masse qui atteint une cible assez large. «Il y a 4 éléments que l’on peut lire sur ces affiches présidentielles: il y a ce qu’on appelle les signifiants graphiques à savoir les couleurs et les textures, les signifiants iconiques qui renvoient aux formes, par exemple les personnages, le logotype et le textuel c’est-à-dire le slogan. A l’analyse, nous pouvons remarquer que dans l’ensemble, les affiches ne sont pas surchargées parce que le fond blanc est quasi présent partout et il participe à une bonne visibilité». Pour le professeur de communication visuelle à l’Institut supérieur des sciences de la communication (Issic) dont il est le directeur des Etudes,«les personnages aussi sont présentés tantôt de face, tantôt de trois quart et le plan utilisé est le plan buste. Sur ce plan là, il y a une égalité entre les candidats dans la mesure où sur toutes les affiches il y a ce qu’on appelle « les critères habituelles d’élaboration de l’affiche qui sont respectés »».

Pour la coalition Bennoo Bokk Yaakaar, sur les affiches, «le candidat est toujours à droite. Ceci peut s’expliquer par le fait que l’?il humain est habitué à l’adaptation de la droite etparfois on serre l’image et c’est toujours le même personnage et on essaie maintenant d’aligner les messages à gauche: des slogans, ou de la décoration. C’est fait délibérément pour fixer l’image dans le subconscient de l’individu». Pour la coalition«Sonko Président», il relève qu’ici «on voit des affiches qui sortent un peu de l’ordinaire, avec un candidat pris en plongé, une posture que l’on ne voit pasassez souvent dans les affiches électorales». Néanmoins «cette différence peut jouer en faveur du candidat, dans la mesure où si on prend la définition du plongé, lorsqu’on est pris en plongé, on est mis en opposition de force». Cependant, il relativise: «ici, la position de priorité disparait tout simplement parce qu’il y a originalité. Et, encore une fois, ce qui est plus important dans une affiche, c’est le fond blanc, parce qu’il aide à une plus grande lecture». Décryptant les affiches du candidatde «Madické 2019», Daouda Diarra, retient celle où «Madickétend la main droite à l’horizontale». «Ce n’est pas mal parce que cela contribue à la force de proposition de l’image», note-t-il.

UNE AFFICHE… «UN TABLEAU D’ART»

En outre, il souligne, «au niveau des signifiantsplastiques, la couleur avec le Pur» au «fond de l’affiche, le vert trémà». Il admire le côté esthétique de ces affiches du candidat Issa Sall qu’il assimile «à un tableau d’art», avec ses dégradés. Pour ce qui est du candidat de la coalition «Idy 2019», M. Diarra remarque qu’avec «Idy, c’est toujours le fond blanc qui revient», non sans se féliciter du fait que sur une affiche, on voit «Idy et ses alliés et c’est une bonne chose même si on aurait pu avoir le nom de chaque allié en bas de la photo». L’autre aspect, ce sont les candidats«qui alternent la tenue occidentale et celle traditionnelle. Et cela c’est aussi un fait marquant qui est très important. On ne sort pas un peu de l’ordinaire et c’est pratiquement la même dans les autres cieux, en Europe». Et à la question de savoir si ces affiches peuvent influer sur le choix des électeurs, Daouda Diarra répond par l’affirmative.«Je suis de l’avis de ceux qui pensent qu’effectivement, l’affiche peut influencer le vote des électeurs. L’affiche est un pot de vent qui est violent parce qu’elle ne fait pas de différence en terme de couches. Quand il y a une affiche, tout le monde est concerné et la durée de lecture pour une affiche bien faite est de 5 secondes». Suffisant pourque le message soit affiché au psychisme de l’individu. Et, maintenant,«en voyant l’affiche plusieurs fois, forcément on est plus ou moins concerné», dixit le professeur.

AGENCES PUBLICITAIRES EN BERNE, SITES WEB DANS LA DECHE

En cette période de campagne électorale, les agences publicitaires sont très sollicitées par les cinq candidats à la présidentielle du 24 février prochain. Trouvé sur la voie d’extension de Sacré Coeur, Abdoulaye Touré, chef d’affichage de Régi pub, révèle:«depuis le début de la campagne, nous sommes débordés, ils nous arrivent de rester 24 heures sur le terrain pour trouver les endroits les mieux placés afin de procéder à l’affichage sur les panneaux». Avec des affiches presque partout aux carrefours et ronds-points et la demande qui ne cesse d’augmenter, Abdoulaye Touré souligne:«avec la rémunération que nous percevons et les conditions de travail dans lesquelles on nous a mis depuis le début de la campagne, je peux dire que le chiffre d’affaire a fortement augmenté». Contrairement à Régi pub, les teneurs de site web cependant sont mis à l’écart des publicités par les candidats. «Depuis le début de la campagne, aucun des candidats ou de leurs partisans ne nous a contactés pour des services», fait savoir Mamadou Ndoye, manageur en marketing d’Expat-Dakar. Selon lui, en période électorale les teneurs de sites web profitent moins de la demande publicitaire par rapport aux affiches sur les panneaux publicitaires.

vous pourriez aussi aimer
Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.