La Chine, acteur en berne du mercato d’hiver

Nouvel Eldorado du football, le championnat chinois a accueilli de nombreux joueurs confirmés au cours des trois dernières saisons. Pourtant, cet hiver a été moins faste pour les équipes de l’Empire du Milieu. Explications.
Disposant de ressources financières importantes, les clubs chinois se sont illustrés sur le marché des transferts surtout à partir de l’hiver 2015-2016. Plus grand club du pays, le Guangzhou Evergrande Taobao n’hésitait pas à casser sa tirelire pour accueillir Jackson Martinez (42 millions d’euros), Paulinho (14 millions d’euros) et Robinho (libre). Les autres formations du pays n’étaient pas en reste puisque Shanghai SIPG déboursait 18,5 millions d’euros pour Elkeson (Guangzhou Evergrande) et 9 millions d’euros pour Asamoah Gyan (Al Ain) tandis que le Shanghai Greenland Shenua mettait 30 millions sur la table pour accueillir Demba Ba (Besiktas), Fredy Guarin (Internazionale), Obafemi Martins (Seattle Sounders) et Mohamed Sissoko (Levante). Hebei China Fortune s’offrait Gervinho (18 millions d’euros, AS Roma), Stéphane Mbia (6 millions d’euros, Trabzonspor), Ezequiel Lavezzi (5,5 millions d’euros, Paris Saint-Germain) et Gaël Kakuta (5 millions d’euros, Séville FC).

Toutefois, c’est le Jiangsu Suning qui se montrait le plus impressionnant avec pas moins de 80 millions d’euros dépensés sur le trio brésilien Alex Teixeira (Shakhtar Donetsk), Ramires (Chelsea) et Jô (Al Shabab). C’est donc sur ce mercato hivernal extraordinaire que la Chine faisait son apparition sur l’échiquier mondial grâce à la puissance financière de ses équipes. Le phénomène ne s’est pas arrêté là et s’est même confirmé lors de l’hiver 2017. Axel Witsel (20 millions d’euros, Zenit) et Alexandre Pato (18 millions d’euros, Villarreal) rejoignaient le Tianjin Quanjian, Carlos Tevez (10,50 millions d’euros, Boca Juniors) faisait le choix du Shanghai Greenland Shenua tandis qu’Oscar (60 millions d’euros, Chelsea) et Hulk (55,8 millions d’euros, Zenit) s’engageaient avec le Shanghai SIPG.

Des mesures protectrices pour améliorer la sélection
L’hiver dernier, le Dalian Yifang a mis la main sur Yannick Carrasco (Atlético de Madrid), José Fonte (West Ham aujourd’hui à Lille) et Nico Gaitan (Atlético de Madrid). Le Tianjin Quanjian a accueilli Anthony Modeste (Cologne), Hebei China Fortune a misé sur Javier Mascherano (FC Barcelone) tandis que le Beijing Sinobo Guoan faisait de Cédric Bakambu (Villarreal) le joueur africain le plus cher de l’histoire. Toujours aussi influent, le marché chinois se retrouvait néanmoins perturbé par une mesure visant à limiter les transferts de joueurs étrangers. En effet, outre la règle obligeant les clubs ne pas aligner sur le terrain plus de trois joueurs étrangers, le gouvernement chinois n’hésitait pas à taxer les transferts de plus de 5,5 millions d’euros à hauteur de 100%. Ainsi, pour Cédric Bakambu dont le prix du transfert est situé entre 37 et 40 millions d’euros, son club du Beijing Sinobo Guoan a mis entre 74 et 80 millions d’euros sur la table pour faire venir l’attaquant congolais.

Au-delà de cette mesure, les instances chinoises du football ont décidé d’encadrer les clubs financièrement. Ainsi, ils ne pourront plus dépenser plus de 114 millions d’euros sur le marché des transferts en 2021 contre 156 millions d’euros actuellement. Les salaires – très élevés dans l’empire du Milieu – sont également visés. S’ils ne doivent pas atteindre 65% d’un budget d’un club, ce chiffre devrait descendre à 55% en 2021. Des choix dictés en grande partie par la volonté de défendre les talents locaux et par ce biais de faire progresser la sélection. Les formations de Chinese Super League doivent d’ailleurs aligner au moins un joueur chinois de moins de 23 ans pour chaque étranger sur le terrain. Si la Chine n’a pas encore récolté les fruits de son travail au niveau international, le parcours de la sélection lors de la dernière Coupe d’Asie (élimination 3-0 en quart de finale par l’Iran) laisse entrevoir de belles choses.

Un mercato en demi-teinte
C’est donc dans ce contexte que ce mercato hivernal post-saison 2019 revêtait d’un intérêt tout particulier pour la Chinese Super League. Attendus au tournant, les clubs de l’Empire du Milieu se sont montrés raisonnables. Prêté jusqu’en décembre par Benfica, l’attaquant brésilien Talisca s’est officiellement engagé avec le Guangzhou Evergrande cet hiver pour 19,2 millions d’euros. Même son de cloche pour Paulinho qui a rapporté pas loin de 42 millions d’euros au FC Barcelone. Victime de blessures récurrentes, le milieu de terrain belge Mousa Dembélé s’est dirigé vers Guangzhou Evergrande pour la somme de 5,35 millions d’euros. Le promu Shenzen a fait ses courses du côté de Saint-Etienne et a mis dans son caddie, Ole Selnaes (5,5 millions d’euros) et Cheick M’Bengue (4 millions d’euros). N’entrant pas dans les plans d’Ole Gunnar Solskjaer à Manchester United, Marouane Fellaini a coûté 12 millions au Shandong Luneng tandis que Sandro Wagner lassé par son statut de doublure au Bayern Munich s’est engagé pour 5 millions d’euros au Tianjan Teda.

Des transferts intéressants au final, mais moins flamboyants que ceux des dernières saisons. Le club de Wuhan Zall s’est offert Léo Baptistao (5,8 millions d’euros, Espanyol de Barcelone) et Stephane Mbia (libre), tandis qu’Emmanuel Boateng a rejoint le Dalian Yifang pour 11 millions d’euros. Son nouveau partenaire, Marek Hamsik détient le statut de joueur le plus cher de ce mercato. En effet, l’équipe de Yannick Carasco a dépensé 20 millions d’euros pour s’adjuger ses services. Actif au niveau des arrivées, la Chine se distingue également par les départs. Cet été, Axel Witsel a quitté le Tianjin Quanjian pour le Borussia Dortmund et s’est imposé comme l’un des meilleurs joueurs de Bundesliga. Libre, John Obi Mikel est allé à Middlesbrough, Demba Ba s’est engagé avec Istanbul Basaksehir, Diego Tardelli a signé au Gremio tandis que Jonathan Soriano a fait le choix Al Hilal. Hernanes a quant à lui décidé de rejoindre Sao Paulo. Décevant sur le plan des arrivées, ce mercato démontre un léger recul du marché chinois et le phénomène pourrait se poursuivre dans le futur. A moins que la politique restrictive que subissent les clubs chinois prenne fin.

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