« LA MONNAIE UNIQUE, CE N’EST PAS POSSIBLE EN 2020, SI ON VEUT FAIRE DU SÉRIEUX »

Les Chefs d’Etat africains ont adopté, le juillet dernier, à Abuja le nom de la nouvelle monnaie unique « Eco ». Celle-ci devrait entrer en vigueur dans quinze Etats de l’espace Cedeao. Pour l’économiste Khadim Bamba Diagne, cela n’est pas possible d’autant que les Etats membres de la Cedeao n’ont pas rempli toutes les conditions requises pour la création d’une monnaie unique. A son avis, quand on parle d’une monnaie africaine, on doit au moins réfléchir sur comment mettre en place une mission monétaire optimale dans l’espace Cedeao. Dans l’espace Cedeao, les pays de la zone Uemoa représentent 20% de l’économie africaine. Donc si on représente 20%, on ne peut pas imposer notre monnaie dans l’espace Cedeao si la monnaie est sérieuse. Tous les esprits compétents savent très bien, qu’on ne peut pas, de 2019 à 2020 mettre une monnaie commune. Cela n’a pas de sens. Ce n’est pas possible ni en 2020, ni en 2021 encore moins en 2022 si on veut faire du sérieux », a expliqué le Directeur scientifique du laboratoire de recherches économiques et monétaires de l’Ucad, invité à l’émission LR du temps sur Iradio (90.3).

8 monnaies différentes dans l’espace

Etayant ses propos, il indique qu’il a huit monnaies dans l’espace. Lesquelles n’avaient pas la même politique économique puisque les Etats intervenaient d’une manière différente. Pour lui, si les chefs d’Etats africains veulent mettre en place une politique monétaire, il faut qu’ils soient d’accord sur un minimum de convergences à savoir la maitrise de l’inflation et la maitrise du déficit budgétaire. Egalement, il faut qu’ils puissent mettre en place les statuts d’une banque centrale. « Parce que, nous, dans la zone de l’Uemoa notre taux d’inflation tourne autour de 1% mais au Nigéria le taux d’inflation tour autour de 15%, au Ghana 11%, Guinée Conakry 10% etc. Alors à partir du moment où on n’a pas les mêmes taux d’inflation, on n’a pas les mêmes déficits budgétaires, on n’a pas les mêmes instruments pour mettre en place une politique budgétaire, on doit se donner du temps pour réfléchir afin de mettre en place une monnaie commune », explique-t-il.

Pour sa part, l’ancien directeur du commerce extérieur, El Hadji Aliou Diouf est d’avis qu’avoir une monnaie unique dans l’Afrique est une chose. Mais, à l’instar de M. Diagne, il estime que les critères de convergence ne sont pas respectés. « L’échéance de 2020 pour l’entrée en vigueur de la monnaie unique est impossible. Je n’y crois pas. Aucun pays ne respecte les critères de convergence de la Cedeao », dit-il, pour le regretter.

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