La revue de presse Afrique du 08 mai

A la Une: le procès du général Mokoko
A la Une: le procès du général Mokoko
Coup d’envoi hier à Brazzaville du procès du général Jean-Marie Michel Mokoko, en détention depuis 2016. Il est accusé d’atteinte à la sécurité intérieure de l’Etat. Ce qui est sûr, c’est qu’il avait appelé à la désobéissance civile après la réélection dès le premier tour du président Sassou Nguesso en 2016. Il y a sept autres accusés dans cette affaire. Un Congolais et six Français. Tous sont en France. Ils sont accusés de complicité, et pour certains, d’être des mercenaires.

Pour le quotidien Les Dépêches de Brazzaville, deux questions se posent à l’ouverture de ce procès… « La première concerne les motivations réelles de ceux qui aujourd’hui doivent se défendre des accusations portées contre eux. Si les actes qui leur sont reprochés sont prouvés de façon claire, pourquoi ces hommes respectables et respectés ont-ils cédé aux mauvais démons qui les poussaient à déstabiliser notre pays ? Et s’ils ne le sont pas, pourquoi l’Etat a-t-il agi comme il l’a fait au risque de se déconsidérer en foulant au pied les libertés publiques ? La deuxième interrogation, poursuit le quotidien congolais, concerne les connivences qui auraient permis aux accusés de préparer un coup d’Etat qui ne disait pas son nom. Connivences intérieures, bien sûr, dont il devrait être facile de remonter la filière si elles sont avérées, mais aussi connivences extérieures qui, si l’on en croit différentes rumeurs, concerneraient certains de nos partenaires et qui, si c’est exact, traduiraient une ingérence inacceptable à tous égards. Voyons si les audiences à venir, concluent Les Dépêches de Brazzaville, nous éclaireront sur chacun de ces points. »

Médias muselés

Hier, note l’ADIAC, l’Agence d’information d’Afrique centrale, « Jean-Marie Mokoko a nié les faits et refuser de parler. (…) Et le procès a été immédiatement suspendu. Le sort du général de brigade sera scellé et connu, sans nul doute, dans les prochains jours. Précisons, poursuit l’ADIAC, que ce procès s’est ouvert dans une extrême restriction de la presse. Sans raison aucune, la plupart des médias locaux y ont été formellement interdits d’accès. La presse internationale, elle, n’a été repêchée que tard dans la soirée, après moult tractations. »

En effet, confirme Jeune Afrique, cette « première audience aura notamment été marquée par la mise à l’écart provisoire d’une partie des journalistes, d’abord refoulés du prétoire malgré leurs accréditations. “Excès de zèle”, expliquera une source officielle, qui assure que cet excès a été réparé avant le terme de l’audience. Autre fait marquant de cette première journée, le silence observé sur les bancs de la défense, pointe également Jeune Afrique. Parmi les avocats du général Mokoko, ceux inscrits au barreau de Brazzaville ont refusé de prendre la parole, conformément à ce qu’ils avaient annoncé dans un communiqué de presse. Par ailleurs, aucun des membres du pool d’avocats du barreau de Paris n’avait fait le voyage, afin de “ne pas donner crédit à un règlement de comptes politique maquillé en procédure judiciaire”, ont-ils expliqué. »

Un verdict connu à l’avance ?

En tout cas, pour Le Pays au Burkina, « le verdict est connu d’avance. (…) Tout porte à croire, estime le quotidien burkinabè, que c’est le fait d’avoir lorgné le fauteuil présidentiel, qui vaut à cet ex-proche de Denis Sassou Nguesso, les ennuis judiciaires qui sont les siens aujourd’hui. En effet, non seulement on peut douter de l’effectivité du coup d’Etat, mais en plus, au Congo, s’ériger contre le grand Sachem est considéré comme un crime de lèse-majesté. Surtout quand ce dernier n’est animé d’aucune volonté de faire droit au jeu de l’alternance, comme cela semble manifestement être le cas sur les deux rives du fleuve Congo. (…) Derrière cette affaire, s’exclame encore Le Pays, se cache une volonté à peine voilée de casser voire de neutraliser des adversaires politiques devenus trop gênants. »

Le quotidien Aujourd’hui, toujours à Ouaga, est sur la même ligne et affiche son pessimisme. « Reviendra en mémoire de Mokoko, cet autre camarade du président Sassou, le colonel Marcel Tsourou, lui aussi accusé des mêmes motifs, jugé et condamné en 2014 à perpétuité, et mort en prison le 17 avril 2017. Le silence sauvera-t-il le général Mokoko dans ce Congo où la presse semble indésirable dans les prétoires pour relayer les minutes des procès ? Réponse dans les prochaines semaines. »

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