La revue de presse Afrique du 26 Septembre

A la Une: à quoi sert l’Assemblée générale de l’ONU?

« Thème officiel de cette session 2018, “Faire en sorte que l’ONU soit plus pertinente pour tous : leadership mondial et responsabilités partagées pour des sociétés pacifiques, équitables et durables”. Tout un programme ! », s’exclame L’Observateur Paalga au Burkina.

Mais comment y croire ? En effet, s’interroge le quotidien ouagalais, « comment implémenter dans la pratique une thématique aussi vaseuse alors que l’organisation internationale s’est rarement aussi mal portée que depuis l’installation de Donald Trump dans le Bureau ovale ? Comment œuvrer pour la paix dans le monde alors que le Conseil de sécurité est bloqué par les cinq membres permanents (Etats-Unis, Russie, France, Grande-Bretagne et Chine), devenus de véritables obstacles à la paix ? Comment venir en aide aux pays pauvres, promouvoir le développement durable et la santé quand le locataire de la Maison Blanche, dès qu’il y a installé ses pénates, s’est attelé à détruire “l’ONU utile” en réduisant, sinon en supprimant, les contributions américaines aux budgets des organismes spécialisés et à assécher les financements d’ONG internationales intervenant dans des pays en développement ? Comment faire dans le multilatéralisme, s’interroge encore L’Observateur Paalga, quand le locataire de la Maison Blanche fait dans un unilatéralisme forcené, déclarant ici une guerre commerciale à l’Europe et à la Chine, détricotant là l’Accord sur le climat et celui sur le nucléaire iranien, laborieusement tissés ? »

« L’Afrique aux Africains ! »

A défaut d’être d’une grande efficacité, l’ONU est une tribune qui permet à tous les dirigeants de parler sur un pied d’égalité. C’est au moins ça. Et les chefs d’Etat du continent ne s’en sont pas privés mardi, dès le coup d’envoi de cette 73e Assemblée générale de l’organisation.

Le premier Africain à prendre la parole a été Paul Kagame, pointe Ledjely en Guinée, « du fait notamment de ses responsabilités de président en exercice de l’Union africaine ». Le président rwandais a une nouvelle fois plaidé pour une plus grande indépendance de l’Afrique vis-à-vis des grandes puissances. Rien de très neuf pour Ledjely : « “L’Afrique aux Africains” est une sorte de leitmotiv et de mot d’ordre en vogue en Afrique. Surfant sur une fibre nationaliste qui se réveille pour notamment tenir tête au repli sur soi de retour en Europe et aux Etats-Unis, les dirigeants africains ressassent ce slogan au gré des discours. Par le verbe, ils promettent d’éradiquer le néocolonialisme et la condescendance des responsables occidentaux. Mais à la différence des autres, Paul Kagame y va avec réalisme, relève Ledjely. Il est vrai qu’avec le dégel désormais effectif entre l’Ethiopie et l’Erythrée, il y a de quoi se réjouir et espérer en l’Afrique. Cependant, le dirigeant rwandais a pleinement conscience qu’il y a d’autres défis que l’Afrique ne saurait gérer seule. Selon lui, la Centrafrique et la Libye sont au nombre des malades du continent dont la prise en charge nécessitera un apport extérieur. Mais cela ne change rien au fait que l’Afrique doit tendre à une situation où elle devra se prendre en charge. C’est là le message qu’il convient de retenir de son discours. D’autant qu’il sous-entend une mutation profonde chez bon nombre de responsables africains. »

Dur de chausser les bottes de Madiba…

Enfin, avant-hier, à la veille de cette Assemblée générale de l’ONU, hommage à Nelson Mandela, avec les discours remarqués du Secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres et du président de la Commission de l’Union africaine, Moussa Faki Mahamat.

Encore une fois, de belles paroles, pointe Le Pays au Burkina : « c’est peu dire que Madiba aura laissé un héritage immense à la postérité et l’on peut du reste se féliciter du désir de l’ONU de se l’approprier. Pour le reste, c’est-à-dire quant à appel de l’Organisation aux dirigeants de ce monde à emboîter le pas à ce grand Homme, de sorte à “rendre l’impossible possible” et à “redoubler d’efforts pour poursuivre la paix et la sécurité internationales, le développement et les droits de l’homme”, c’est une autre affaire ! Il faut, hélas, craindre, en effet, soupire le quotidien ouagalais, que les cris du cœur lancés par le SG de l’ONU et le président de la Commission de l’UA, exhortant les dirigeants à tirer le meilleur parti de l’héritage légué par Madiba, ne produisent aucun effet ! Dans ce monde de plus en plus déréglé, marqué par l’unilatéralisme des Etats-Unis de Trump, l’égoïsme, l’égotisme, l’injustice, l’oppression, Mahamat et Guterres prêchent dans le désert. D’autant que très peu de dirigeants actuels ont en partage les valeurs défendues de son vivant par le premier président noir post apartheid de l’Afrique du Sud. Il est vrai qu’il n’est pas donné à n’importe qui de pouvoir chausser les bottes de Madiba. »

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