La revue de presse Afrique du 29 mai

A la Une: Mamoudou Gassama ce héros

Le photomontage inonde les réseaux sociaux et est largement reprise par les médias ouest-africains ce matin. On y voit trois Africains marchant ensemble, vêtus de boubous aux couleurs de trois super héros : Iron Man, Batman et Spiderman, avec cette légende : « les Maliens, on est comme ça aujourd’hui, en toute confiance, on arrive, on va sauver le monde ! »

Référence ironique à Mamoudou Gassama, bien sûr, qui, en l’espace de quelques heures ce week-end, est devenu le Malien le plus connu en France…

Faut-il le rappeler, ce jeune homme de 22 a sauvé un enfant, qui était suspendu dans le vide à un balcon, au 4e étage d’un immeuble. C’était samedi, à Paris. Depuis, Mamoudou Gassama est un héros, célébré par la maire de Paris, Anne Hidalgo, par le président Emmanuel Macron qui lui a promis la naturalisation et un emploi chez les pompiers, par Patrice Bessac, le maire de Montreuil, où il réside, et par le président malien, IBK.

« On fait peu pour les retenir… »

La presse malienne applaudit, à l’instar du Républicain : « Mamoudou Gassama, un Malien de Yanguiné (dans la région de Kayes), désespéré de ses conditions de vie, s’est lancé à l’aventure pour arriver en France par des voies irrégulières, relate le quotidien bamakois, passant par le Burkina Faso, le Niger, la Libye et l’Italie. Il lui a fallu passer par l’immigration irrégulière impétueusement réprimée par la France et l’Union européenne, pour aller en imposer à la République française, en sauvant un enfant au risque de sa vie. Il a eu finalement raison d’arriver en France par effraction, car le savait-il, une vraie République sait reconnaitre et récompenser le mérite de ses enfants. (…) Pour nous, poursuit Le Républicain, il est un ambassadeur pour le Mali, un exemple du prototype de Malien dont il faut entretenir et promouvoir les pépinières chez nous, afin que des valeurs, jadis nôtres, qui s’étiolent doucement, recommencent à germer. Mamoudou Gassama sera naturalisé français. Et il y en a des milliers d’autres comme lui, qui sont destinés au départ, si les mêmes conditions de vie perdurent encore, déplore le journal. Car on en fait assez ici pour les éjecter hors du Mali ! La corruption, les primes à la médiocrité, le népotisme, le mérite sacrifié, la mal gouvernance. On fait peu pour les retenir, afin de servir le Mali. Alors, soupire encore Le Républicain, ils s’en iront par voies terrestre et maritime. Il faut que cela change ! »

« Tous ces Mamoudou Gassama… »

L’histoire de Mamoudou Gassama ne doit pas faire oublier celles de milliers d’autres migrants, pointe pour sa part Wakat Séra : « ces milliers de ‘Mamoudou Gassama’, qui préfèrent la mort dans la mer aux larmes de leurs mères, livrés à des négriers des temps modernes qui les monnaient, comme au temps honteux de l’esclavage. Et si par chance, ils arrivent à débarquer sur la ‘terre promise’, ces ‘sauterelles’ sont traquées sans ménagement et renvoyées (…). Et évidemment, relève encore Wakat Séra, tous ces ‘Mamoudou Gassama’ qui errent encore dans les rues françaises, à la recherche d’hypothétiques papiers, (…) n’auront certainement pas la veine du héros du XVIIIe arrondissement de Paris. »

Combien à décrocher le Graal ?

Une grande fierté mais aussi comme un sentiment de malaise: c’est ce que ressent également L’Observateur Paalga : « le moins que l’on puisse dire est que l’héroïsme reconnu de Gassama fait la fierté de toute la communauté noire de l’Hexagone où les Nègres sont si souvent victimes de préjugés raciaux, écrit le quotidien burkinabé. Son acte en rappelle un autre, celui de son compatriote Lassana Bathily qui, lors de l’attaque de l’Hyper Cacher, le 9 janvier 2015, avait caché des otages dans une chambre froide, leur sauvant ainsi la vie. (…) Mais, s’interroge L’Observateur Paalga, pour un Gassama naturalisé, combien sont-ils ces Africains à vivre au noir dans la capitale française, à tirer leur pitance de petits boulots, si ce n’est de trafics divers et pour qui le miracle tant espéré de l’immigration, qu’elle soit légale ou clandestine, s’est souvent transformé en mirage ? Il y a peu de chances, conclut le quotidien burkinabé, que tous, qui n’ont certainement pas la condition physique et le courage du jeune héros Gassama, décrochent le graal que constituerait la nationalité française. »

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