La revue de presse française du 09 avril

A la Une: le rail dans le dur

« Le rail dans le dur » : c’est le grand titre de Libération. Un titre qui résume bien la situation après une semaine de grève perlée à la SNCF. En effet, constate le journal, « des négociations au point mort, un gouvernement intransigeant, des syndicats qui font front : le conflit semble s’enraciner. »

Et de fait, analyse Libération, « aucune des deux parties n’a intérêt à lâcher du lest. Ni les syndicats, qui ont en ligne de mire les élections professionnelles prévues en fin d’année à la SNCF, ni le pouvoir politique, qui vit là sa première grosse crise sociale du quinquennat. L’exécutif a bien compris que l’acceptation des réformes programmées sur les quatre années à venir serait conditionnée par le succès ou l’échec de ce projet de transformation de la SNCF. Il pourrait arguer – et il y a fort à parier qu’Emmanuel Macron le fera jeudi en venant défendre le projet sur TF1 – que l’ouverture à la concurrence est de facto imposée par Bruxelles. Mais il ne s’agirait pas de transformer en épouvantail une Europe qui n’a pas besoin de ça, estime Libération. Le passage en force laisse toujours des traces, a fortiori quand le pays gronde. »

Le rôle de l’Europe…

Pour Les Echos, le constat est le même : « Si les cheminots résistent, l’exécutif aussi. Le chef de l’Etat a décidé de lancer sans attendre toutes ses forces dans la bataille du rail. » Car, explique le quotidien économique, « la partie est d’autant plus vitale que ne se joue pas seulement sa capacité à réformer pendant le reste du quinquennat. Il est mis à mal sur l’Europe. La CGT et Mélenchon le dépeignent en président contraint de se plier aux diktats de Bruxelles. Si les élections de 2019 sont pour lui stratégiques, alors impossible de laisser une nouvelle fois s’installer l’idée que l’Europe joue contre les intérêts du pays. Dans ce conflit, l’exécutif a aussi son slogan : “l’ouverture à la concurrence est une chance pour la SNCF et pour les usagers”. »

Pour Le Figaro, le pouvoir ne doit rien lâcher et doit expliquer la réforme encore et encore… « Le premier ministre, en première ligne, affiche sa fermeté. Le président de la République doit s’exprimer à la télévision jeudi. Ils doivent encore assurer la pédagogie de leur réforme. Pour montrer que celle-ci sera la garantie d’un meilleur service ; que le désordre occasionné par ce mouvement social mérite d’être enduré ; que le jeu en vaut la chandelle. Sur ce front, le pouvoir exécutif a encore des progrès à faire, estime donc Le Figaro. Il devra bien négocier le tournant de ces prochains jours, qui seront décisifs. Un excès de confiance peut vite conduire à une perte de contrôle. La bataille de l’opinion n’est pas encore gagnée. »

Offensive gouvernementale

Mais pour ce faire, l’exécutif a donc sorti l’artillerie lourde…

En effet, constate Le Midi Libre, « c’est d’abord, le Premier ministre (hier dans le JDD) qui, comme son mentor Alain Juppé, dit “Nous irons jusqu’au bout” synonyme de “droit dans mes bottes”. Le ton est donné. Le patron du gouvernement maintient le cap. Comme à Nantes lorsqu’il donnera l’ordre de faire évacuer la ZAD (ordre d’ailleurs donné cette nuit). La seconde couche arrivera jeudi. Le Président Macron sentant que le moment de la prise de parole est venu viendra à une heure opportune (le 13 h de TF1) développer son idée réformatrice de la France. L’exécutif a décidé de faire tapis cette semaine en envoyant du lourd dans les médias. Philippe et Macron abattent leurs cartes pour ce moment crucial. Alors, s’interroge Le Midi Libre, carte maîtresse ou château de cartes ? »

Enfin, L’Humanité dénonce cette offensive gouvernementale orchestrée, selon le quotidien communiste, par des médias aux ordres… Cela « confirme, affirme L’Huma, la détermination du gouvernement à passer en force et l’inquiétude du pouvoir d’un basculement de l’opinion. Le mensonge, l’omission et le travestissement des projets sont désormais produits à l’échelle industrielle. Trop de médias leur emboîtent le pas, guidés par les intérêts de leurs patrons oligarques ou pilotés par les communicants de la majorité. Le journalisme y fait place au SAV, au service après-vente, d’une libéralisation massive du ferroviaire. »

Nouvelle escalade en Syrie ?

A la Une également, la Syrie qui aurait une nouvelle fois utilisé l’arme chimique… « Vendredi, samedi et dimanche, rapporte Libération, les bombes russes et syriennes n’ont pas cessé de s’abattre sur Douma, au nord-est de Damas. Plus de 90 personnes ont été tuées, selon l’Observatoire syrien des droits de l’homme. Les Casques blancs, ces secouristes qui interviennent en zones rebelles, accusent le régime d’avoir poussé la cruauté jusqu’à lancer deux attaques chimiques samedi : ils ont diffusé des images (non authentifiées) montrant des victimes civiles, dont des enfants, mousse blanche aux lèvres, rappelant les précédents raids au gaz toxique de l’armée syrienne. »

Dès hier, pointe La Croix, « le président américain Donald Trump a fait peser la responsabilité de cette “attaque chimique insensée”, selon ses dires, sur la Russie et l’Iran, alliées de Damas. “Il faudra payer le prix fort”, a-t-il conclu. Dans cette guerre qui dure depuis sept ans, une nouvelle escalade paraît ainsi possible, estime le quotidien catholique. Donald Trump pourrait décider d’effectuer des frappes contre des cibles militaires, comme en avril 2017, déjà après une attaque chimique. La question se posera aussi pour Emmanuel Macron, qui a rappelé le 13 février que l’usage d’armes chimiques était une ligne rouge à ne pas dépasser : la France se réserve le droit de procéder à des frappes militaires dès lors que la responsabilité de Damas est avérée et que les armes chimiques ont eu un caractère létal. »

D’ailleurs, cette nuit, une base de l’armée syrienne a été frappée par plusieurs missiles. Les Etats-Unis ont démenti toute implication.

Plein les fouilles ?

Enfin, MBS à Paris… Emmanuel Macron reçoit aujourd’hui et demain Mohammed Ben Salman, le prince d’Arabie Saoudite, qui, note Le Figaro, « après les fastes de sa visite américaine, a opté pour plus de discrétion en France. » D’ailleurs, poursuit le journal, MBS « arrive les mains vides à Paris. » Pas de contrats mirifiques à attendre…

Sauf que, sauf que, pointe Libération, « une structure française financée par les Saoudiens va être créée pour développer le tourisme sur un lieu classé par l’Unesco en Arabie Saoudite. (…) Cette région, encore quasiment vierge de toute fréquentation ou activité humaine, précise le journal, s’étend sur 22.000 km2, de la frontière jordanienne à la mer Rouge, offrant à la fois des paysages de désert, d’oasis et de montagnes spectaculaires qui abritent des vestiges de plusieurs époques. Et c’est à la France, donc, première destination touristique mondiale, et “référence internationale incontestée de la culture et du bon goût”, selon les mots d’un diplomate saoudien, que Riyad veut confier le développement de ce site. »

Un projet estimé entre 50 et 100 milliards de dollars… De quoi compenser la perte de quelques contrats militaires…

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