La revue de presse française du 12 mars 2018

A la Une: le nouvel empereur de Chine
« Ce fut hier une journée historique pour la Chine, souligne Le Figaro, mais il est encore difficile de mesurer à quel point elle changera le destin du pays. Le faux suspense a été levé : Xi Jinping pourra, s’il le souhaite, rester président à vie. Par 2958 voix pour, 2 contre et 3 abstentions, les députés ont plébiscité hier la suppression de la limite de deux mandats de cinq ans dans la Constitution. Le résultat de ce vote à bulletins secrets a été salué par des applaudissements nourris, dans l’imposant décor du Palais du peuple, à Pékin. Arrivé à la tête de l’État en 2013, “l’empereur rouge”, par ailleurs secrétaire général du Parti communiste chinois et chef des armées, est parvenu à s’imposer à une vitesse stupéfiante comme le dirigeant le plus puissant depuis Mao Tsé-toung. »

Alors, attention, prévient Le Figaro, « la tentation totalitaire de Xi Imperator a de quoi inquiéter. Il y a un pressentiment de bon sens : autant de puissance concentrée entre les mains d’un seul homme lui procure mécaniquement l’envie de s’en servir. Et les risques ne s’arrêtent pas aux frontières de l’empire. La volonté chinoise d’hégémonie régionale est lourde de sources de conflits. Un quart de siècle après l’effondrement du bloc soviétique, la contagion démocratique annoncée n’est plus une évidence, soupire encore Le Figaro. Deux des cinq membres du Conseil de sécurité sont gouvernés par des régimes autoritaires. Et la Turquie suit le même cours. Face à ces évolutions musclées, nos démocraties n’opposent que leurs valeurs, par ailleurs trop souvent vacillantes. C’est essentiel, mais cela ne suffit pas. La meilleure arme, pour faire front, sera le retour à l’efficacité. »

Du FN au RN : changement dans la continuité ?

A la Une également, le Front national qui fait sa mue… Le Front national change de nom, il devient le Rassemblement national, mais en quoi change-t-il dans le fond ?

En rien, répond Libération qui barre en Une le « a » de Rassemblement et le remplace par une « e », créant ainsi le néologisme « Ressemblement »

« De quoi ce changement de nom est-il le nom ? De la continuité, affirme donc Libération. L’ex-FN est surtout le sujet non d’un rassemblement, mais d’un essoufflement national, révélé à la présidentielle et confirmé depuis. La présidente du futur RN, élue de justesse à un peu moins de 100 %, ce qui la pose en démocrate irréprochable, arbore désormais des lunettes élégantes. Peut-être pour voir la vie de son mouvement en rose quand c’est le gris qui domine.

La fin d’un mauvais rêve ? Certainement pas. Parler du RN, c’est parler d’un effet. Les causes sont toujours à l’œuvre, qui se résument à une fondamentale inquiétude face à la mondialisation. La surfeuse chancelle, mais la vague est toujours là. »

Opération marketing ?

Le Figaro, pour sa part, souligne cette ambiguïté dans le discours hier de Marine Le Pen : « à aucun moment la présidente du futur Rassemblement national ne s’est adressée à des alliés potentiels, à des partis ou des courants existants, ni même à des électeurs nouveaux.

Dans l’entre-deux-tours de la présidentielle, elle n’avait pourtant pas hésité à s’adresser explicitement aux électeurs de Jean-Luc Mélenchon. Là, aucune adresse spécifique aux “dégagistes” déçus par Macron ou à la droite dubitative devant Wauquiez. Elle n’a appelé personne à construire ce rassemblement avec elle. Elle n’a fait aucune offre de discussion. Elle n’a souligné aucune convergence avec qui que ce soit d’autre. Comme si elle en continuait à penser qu’il lui suffisait de parler comme avant pour être écoutée différemment. Au risque de cantonner ce changement de nom à une simple opération marketing. »

En fait, insiste Le Journal de la Haute-Marne, « le navire a changé de nom, mais il garde le même cap. Le Front national s’appellera désormais Rassemblement national, mais sa colonne vertébrale idéologique reste identique. »

Ripolinage ?

C’est « une opération ripolinage, renchérit L’Alsace. Car la “refondation” prônée par la présidente du parti d’extrême droite, Marine Le Pen, n’est rien d’autre qu’un grand coup de peinture sur la façade d’un mouvement dont la flamme tricolore, inspirée du mouvement néofasciste italien d’après-guerre, demeure le logo. Derrière l’apparence, voire l’illusion, d’un changement prochain, les idées et les hommes demeurent. »

Et finalement, pointe La Charente Libre, « la mue du Front national en Rassemblement national ne brille ni par la transparence, ni par l’inventivité. À demi-mot, il ne s’agit ni plus ni moins que de mettre en route une machine électorale susceptible de ne plus caler au deuxième tour, comme le FN en avait pris l’habitude. »

Que de mots !

A lire dans La Croix, cet entretien avec le tout nouvel académicien Patrick Grainville, élu jeudi dernier. Sa première motivation pour devenir immortel, c’est la défense de la langue française : « la langue française me paraît en danger, affirme-t-il. Je l’ai vu dans mon lycée et dans ce que je lis. Aux mots de la langue française, on préfère “bullshit, fakenews, page turner”. Y en a marre, s’exclame Patrick Grainville, de ce chiqué, de l’usage effréné de ces blocs de mots inhabités, reliés à rien, sans souffle ni expression. On s’en régale partout. Ce n’est pas sans risques. On va finir par sacrifier et liquider la langue française. »

Et on reste avec les mots de la langue française… Libération s’intéresse de près ce matin aux mots de nos régions, avec la sortie de l’Atlas du français de nos régions, du linguiste Mathieu Avanzi.

Où quand des mots désignant les objets les plus basiques peuvent se multiplier. Exemple : une serpillière, quoi de plus commun ? Et pourtant, les mots qui la désignent sont légion… « “Fregone”, en provenance du Grand Sud, venant du verbe “fregar” qui signifie “frotter”, il a comme mot voisin “peille”, et encore plus à l’est, “pièce”. Incroyable diversité des mots, s’extasie Libération, pour parler de ce chiffon pour laver les sols, qui semble fasciner les patois : “cinse”, “patte”, “panosse”, “bâche”, ou encore “wassingue”. »

Autre exemple : qui y a-t-il de commun entre le véritable (dans le Vaucluse), le sérieux (dans le centre est), le baron (en Normandie), et le distingué (dans l’extrême sud-ouest) ? Tous ces termes désignent une bière de 50 cl, un double demi en quelque sorte, une pinte pour nos amis anglais, ou pour faire simple, une grande binouze…

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