La revue de presse française du 29 mai

A la Une: un sans-papier à l’Elysée
A la Une: un sans-papier à l’Elysée
Mamoudou Gassama, ce jeune Malien, qui a sauvé un enfant samedi, a été naturalisé et reçu en grande pompe à l’Elysée hier. « Une action symbolique, pointe Libération, qui tranche avec la politique migratoire du gouvernement. » Certes, poursuit le journal, Emmanuel Macron a félicité le jeune homme. Mais « le Président a terminé par une petite leçon, quand même : ‘On ne peut pas donner [de papiers] à tous ceux qui viennent du Mali, du Burkina. Quand ils sont en danger on donne l’asile, mais pas pour des raisons économiques’. ‘Je veillerai personnellement à ce que sa demande de naturalisation soit acceptée dans les plus brefs délais’, a ajouté Gérard Collomb, le ministre de l’Intérieur, peu habitué aux faveurs aux migrants. Pour LREM, l’occasion est trop belle, relève Libération, d’être humaniste à peu de frais sans remettre en cause le durcissement de la loi sur l’asile et l’immigration. (…) Au point que cette glorification a commencé à susciter un malaise. ‘La com’ à l’état pur, a tweeté hier Esther Benbassa, sénatrice EE-LV. Emmanuel Macron reçoit Mamoudou Gassama le migrant héroïque. Pendant ce temps, poursuit-elle, sa police continuera de pourchasser tous ses frères d’infortune et de harceler les solidaires qui leur viennent en aide. Sinistre et immorale comédie d’un pouvoir sans principes’. »

« Cet été doit être adopté le projet de loi durcissant les conditions de l’immigration et de l’asile en France, rappelle Le Journal de la Haute-Marne. Il donne et donnera lieu à débat. C’est logique. Mais les images, en boucle sur les télés, de celui qu’il convient d’appeler un héros viennent rappeler une chose : derrière chaque sans-papier, chaque homme ou femme en situation irrégulière se cache, si l’on peut dire, un visage, une vie, un cas particulier dont on ne peut pas ne pas tenir compte. On a parfois tendance à l’oublier. »

La disparition de Serge Dassault

A la Une également, la mort de Serge Dassault…

Avec la photo pleine page de l’industriel à la Une du Figaro, journal dont il était propriétaire. « Serge Dassault, la France au cœur », titre le quotidien de droite qui consacre pas moins de 5 pages à la vie et l’œuvre de ce capitaine d’industrie, à la fois « héritier » et « bâtisseur ».

« Avec lui, souligne Le Figaro, la France perd un de ses grands serviteurs ; l’aéronautique française, un capitaine d’industrie aux succès éclatants. Le Groupe Figaro, lui, voit partir celui qui, depuis 2004, dans le respect de son indépendance éditoriale, l’a accompagné sans relâche, soutenu dans ses initiatives, encouragé dans ses projets, avec un intérêt, une constance et une bienveillance qui ne se sont jamais démentis. (…) Au fond, conclut Le Figaro, Serge Dassault était un homme libre. Il n’avait ni l’esprit de système ni l’esprit de parti. »

Autre ton pour Libération avec ce grand titre de Une : « Dassault tiré d’affaires », sous-entendu, Dassault disparu, les actions judiciaires contre lui s’éteignent… L’industriel, rappelle le journal, « déjà condamné pour blanchiment, était mis en examen pour achat de votes. »

Il n’empêche, Libération le reconnaît : « c’était le benêt le plus roublard de France, le fils à papa le plus entreprenant, l’avionneur le plus politicard de l’industrie, le patron de presse le plus interventionniste et, il faut bien le dire, l’éminence du CAC 40 le plus avenant et le moins snob du gotha capitaliste. Serge Dassault a vécu avec, par et pour son empire industriel, sans jamais barguigner sur les moyens de le consolider et de l’étendre. Sa candeur feinte et son simplisme en politique ne l’ont pas empêché de se placer dans le +top five+ des fortunes françaises ni d’exercer au sein de la droite française, grâce à son argent largement distribué et par la possession du Figaro, un magistère peu moral et redoutablement efficace. »

Italie : vers un « référendum » pour ou contre l’UE

Dans les journaux également, le feuilleton politique italien…

L’économiste, Carlo Cottarelli, incarnation de l’austérité budgétaire, a été désigné hier pour former un gouvernement, par le président de la République, Sergio Mattarella. Mais ce gouvernement a peu de chances d’obtenir la confiance d’un Parlement dominé par les populistes eurosceptiques. Résultat, on s’achemine tout droit vers de nouvelles élections… Un scrutin qui va « vraisemblablement se jouer sur une clé référendaire, pour ou contre l’Union européenne, estime La Croix. Cela peut être l’occasion d’une clarification mais aussi d’une rupture dont on voit mal comment l’édifice communautaire pourrait se remettre. »

En effet, pointe Ouest France, « le choix de Mattarella fait rempart à une rupture en Europe, mais il ouvre aussi une nouvelle campagne électorale dont le thème central sera le maintien ou non de l’Italie dans la zone euro. »

Et pour La Presse de la Manche, cette nouvelle élection « risque de renforcer la majorité d’extrême droite et d’anti-système qui vient d’être élue. Le risque est donc de reculer pour mieux sauter. L’Italie est en crise. »

C’est vrai, renchérissent Les Echos, « il est peu vraisemblable que les prochaines élections changent fondamentalement la donne. On risque même plutôt d’assister à un renforcement électoral de la Ligue. Car la raison de la crise est double : c’est celle de la peur de l’immigration et du rejet sur l’Union européenne de tous les maux du pays. Pour résoudre réellement la crise, il faudrait avant tout redonner confiance en l’Europe à une population qui fut, il y a encore quelques années, la plus européenne de tout le continent. Manifestement, ce miracle-là n’est pas pour demain. »

France-Eire 2-0 : « pas si mal non ? »

Enfin, football, avec la préparation des Bleus pour le Mondial : l’équipe de France a battu hier soir l’Irlande en match amical, 2 buts à 0…

« Un bon bol d’Eire », titre Le Parisien. « C’est un talent d’équipe que de savoir coller autant à la météo pour offrir des d’éclairs et parfois la foudre un soir d’orage, relève Le Parisien. Entre deux déluges et après une mise en route mollassonne, les Bleus ont donné tout ce qu’un premier match amical réclame. Ils l’ont d’abord gagné, au fil de l’usure d’un adversaire fantomatique et insipide, mais aussi grâce à leur obstination et quelques valeurs montantes. »

« Pas si mal, non ? », remarque L’Equipe. « Sous un déluge d’apocalypse, l’équipe de France a montré des choses intéressantes face à de très faibles Irlandais. (…) Les Bleus auront montré une bonne attitude collective, en maintenant jusqu’au bout un équilibre et une maîtrise, mais ils n’auront pas été suffisamment contestés pour qu’on en sache beaucoup plus sur leur pouvoir défensif. La réponse défensive collective attendra la venue de l’Italie, vendredi, à Nice, peut-être. »

L’Italie qui, rappelons-le, n’est pas qualifiée pour la Coupe du monde… Une première depuis 1958. Alors, face aux Bleus, la Squadra Azura n’en sera certainement que plus coriace…

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