LA VÉRITÉ SUR LE CLASSEMENT UEFA

“Ce match reste important pour le coefficient UEFA”. Vraiment? Difficile de nous convaincre que ce dernier match de poule de Ligue des champions, alors que tout est déjà joué, a une importance quelconque. Et pourtant, parmi toutes les phrases toutes faites que l’on peut entendre dans le football, celle-ci est sans aucun doute une des plus véridiques. Car, même si personne ne semble vraiment savoir comment tout cela fonctionne, le principe de base de calcul des points est très simple: une victoire vaut deux points, un nul en vaut un. Quel que soit le match. Il est donc temps de tordre le cou à quelques idées reçues et autres affabulations sur ce fameux coefficient UEFA.
“Plus on va loin, plus on marque de points”

Variante : “Une place en demi-finale vaut plus de points qu’une place en quarts de finale”. Le système est tel que, par exemple, toutes les équipes qualifiées pour les huitièmes de finale de la C1 n’ont pas gagné le même nombre de points lors des poules. Mais ce qui détermine le nombre de points n’est pas la place obtenue: ce sont les résultats des matches. Ainsi, cette saison, Chelsea et Arsenal, avec tous deux quatre victoires et deux défaites, ont obtenu 8 points, bien que les Blues aient fini premiers de leur poule contrairement aux Gunners. Pendant ce temps-là, le Zénith, deuxième de son groupe avec une victoire et trois nuls, n’inscrivait que 5 points, et l’Atletico culminait à 11 points.

Ensuite, une équipe qui se qualifie pour les quarts avec deux victoires en huitièmes remporte plus de points qu’une équipe qui passe après deux nuls. Donc, une nouvelle fois, toutes les équipes ne marquent pas le même nombre de points à chaque tour, et à ce petit jeu, certaines équipes peuvent amasser plus de points même si elles sont éliminées plus tôt. C’était le cas l’année dernière du PSG, qui en a compté plus que le Barça qui l’a pourtant battu en quarts [1] et, en 2011/12, du Real, éliminé en demi de LdC tout finissant en haut du classement sur la saison. Pour faire carton plein, il ne faut pas se contenter de passer des tours: il faut gagner un maximum de matches.

“La Ligue des champions rapporte plus de points que la Ligue Europa”

Pas nécessairement puisque le principe de base reste le même : deux points pour une victoire, un pour un nul. Ce qui permet de pouvoir marquer autant de points dans les deux compétitions. La preuve : en 2011-2012, l’Atletico Madrid, vainqueur de la C3, a gagné autant de points que Chelsea, vainqueur de la C1.

Même si les bonus accordent potentiellement 5 points supplémentaires en LdC [2], un rapide coup d’œil sur les saisons passées nous montre que les finalistes de la Ligue Europa sont malgré tout systématiquement dans les meilleures équipes de la saison. L’important reste donc de gagner des matches quelle que soit la compétition. Ce qui a notamment permis à Benfica d’être dans le premier chapeau lors du tirage des poules de Ligue des champions.

“Si le PSG va en demi-finale, cela compensera les éliminations précoces des autres clubs de L1”

Pas vraiment. Évidemment, si le PSG va loin, l’indice de la France va augmenter. Mais finalement assez peu. Car on peut noter que, malgré les bonus, la différence entre une défaite en quart et une victoire finale n’est pas forcément énorme. Surtout une fois que l’on a divisé ces points par six, puisque le coefficient annuel du pays est une moyenne des points marqués par les clubs (et que la France compte six représentants dans les coupes européennes). Pour être précis, la France, dont les clubs réalisent effectivement une mauvaise saison sur le plan européen, est actuellement [3] à 6,333 points contre une moyenne de 11 lors des trois dernières saisons. Pour rattraper à lui tout seul ces presque 5 points de moyenne de retard, le PSG devra donc encore marquer entre 28 et 30 points supplémentaires (6×5=30), ce qui est totalement impossible.

Pour obtenir un bon indice annuel, il est évidemment préférable de disposer d’une locomotive qui marque beaucoup points, mais le plus important reste le total de tous les clubs. Chacun doit donc mettre la main à la pâte.

“C’est une mauvaise année pour les clubs français, mais ils se rattraperont l’année prochaine”

Cela, il faut l’espérer. Le coefficient final du pays est la moyenne des coefficients des cinq derniers exercices. On ne peut donc pas se contenter d’une saison moyenne pour compenser une mauvaise: il faut en réaliser une très bonne pour ne pas la trainer comme un boulet pendant cinq ans. La Russie, actuellement septième, va ainsi se débarrasser la saison prochaine de sa saison 2009/10 pourrie et revenir à peu près à égalité, avant l’exercice 2014/15, avec la nation qui la précède au classement: la France.

Car la France est la sixième nation à l’indice UEFA. De ce point de vue, la L1 ne fait plus partie des cinq “grands championnats européens”, comme on l’entend pourtant encore partout. Et cela risque d’empirer. Avec des clubs français qui se moquent de la Ligue Europa, un troisième au classement qui éprouve des difficultés à se qualifier pour la Ligue des champions et l’AS Monaco (qui finira sûrement deuxième) condamnée à être dans le chapeau 4 lors du tirage des poules, la Russie – qui partira donc à peu près à égalité et dont le championnat semble en développement – est une menace très sérieuse.

Et être relégué à la septième place change complètement la donne : deux clubs en LdC dont un seul qualifié directement, et tours préliminaires pour tout le monde en Ligue Europe. Autant dire un chemin de croix. Il ne reste plus qu’à espérer que les clubs portugais ratent deux saisons consécutives…

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