L’affiche : Croatie-Angleterre (18h Gmt) aujourd’hui à Moscou

Pour une première ou une deuxième finale ?

Moscou : L’une est restée 28 ans sans disputer une demi-finale, l’autre 20 ans. L’Angleterre a déjà disputé (et remporté) une finale en 1966, la Croatie jamais. En plus, lors de leurs confrontations directes dans les différentes compétitions européennes ou mondiales, les Anglais mènent au score devant les Croates. De 1996 à 2009 ces deux équipes se sont croisées 7 fois (matchs amicaux, éliminatoires et phases finales d’Euro, et qualifications pour le mondial). Au décompte final, l’Angleterre a gagné 4 fois et la Croatie 2, pour un nul. Ce soir, elles se retrouvent à Moscou pour une place en finale de la 21ème Coupe du monde de football.

Avec leur qualification pour les demi-finales de cette coupe du monde, Anglais et Croates ont mis fin à une longue traversée du désert qui les poursuivait dans cette compétition. Cette accession dans le dernier carré les fuyait, pour les premiers depuis 28 ans et depuis 20 ans pour les seconds. Après un parcours conséquent dans les matches de groupes puis dans ceux à éliminations directes, l’Angleterre et la Croatie abordent un autre virage avec pour unique objectif d’atteindre la finale.

Aujourd’hui, à partir de 18 heures au stade Luzhniki de Moscou, la Croatie tentera pour sa deuxième tentative (après celle de 1998 en France) d’atteindre la finale pour la première fois. Elle en a largement les moyens avec sa génération de footballeurs à l’orée de la « retraite » mondiale. Car Mandzukic, Rakitic et Modric, tous des trentenaires, joueront dans ce Mondial leurs dernières chances de succès. Avec leurs atouts majeurs dans l’entrejeu, que constituent les deux derniers nommés, considérés comme les meilleurs milieux de cette coupe du monde, ils chercheront à déboulonner la solide Angleterre. Jusqu’ici, la Croatie a démontré qu’elle savait se transcender face aux grandes équipes (Argentine et Russie). Plus loin encore dans le temps, la belle victoire (3 – 0) face à la grande Allemagne en quart de finale du Mondial 1998, sans compter l’autre victoire à l’Euro 2016 devant l’Espagne championne du monde 2010 témoignent de cette bonne habitude croate de se payer le scalp des « grands ». Une petite nation, dont l’équipe a été créée en 1991 et affiliée à la Fifa en 1993, qui a là une belle occasion de confirmer son énorme talent et son immense potentiel.

Dans la demi-finale d’aujourd’hui, Modric et ses compagnons entendent poser à l’adversaire des problèmes comme elle n’en a jamais connus jusqu’ici dans cette compétition. Mais la Croatie tiendra-t-elle le coup face à l’Angleterre ? La question mérite d’être posée pour la bonne raison que le milieu croate avec le capitaine Modric et Rakitic, très sollicités durant le parcours, semblent s’épuiser alors que se pointe un match ultra important. La Croatie, il faut le rappeler, sort de deux matchs consécutifs très difficiles en 8e et en quarts de finale qui se sont terminés, après prolongations, par des séances de tirs au but éprouvantes. Qui pourraient peser certainement dans les jambes face à des Anglais plus frais. Si l’on y ajoute que pas moins de 12 joueurs croates (dont toute la défense titulaire et les milieux Rakitic et Brosovic) sont sous le coup d’une suspension en cas de carton jaune, cette équipe ne pourra donc pas défendre de la même manière qu’elle le fait habituellement.

Revenir au premier plan mondial
Un avantage pour l’Angleterre qui a habituellement dicté sa loi par le passé à son adversaire du jour. Avec des joueurs pétris de talent et qui l’ont démontré en se qualifiant à un dernier carré d’une grande compétition pour la première fois depuis 1990 (demi-finale perdue contre la Rfa aux tirs aux buts), l’Angleterre veut revenir au premier plan mondial et faire oublier un passé qui ne lui a toujours pas souri dans les compétitions internationales. En 2014, elle avait en effet été éliminée dès le premier tour du mondial brésilien. Et lors de l’Euro 2016, elle a été piteusement sortie en 8ème de finale par l’Islande (1-2) dont c’était la première qualification à un tournoi majeur.

Un bilan pas du tout reluisant pour la nation qui avait créé le football et qui n’arrive pas à percer au plus haut niveau. Alors, un gros ménage a été effectué au sein de l’effectif et la formule adoptée par le sélectionneur Gareth Southgate (un 3-5-2 très équilibré) semble fonctionner. L’Angleterre n’a pas seulement mis fin à une série négative, elle a également vaincu la malédiction des tirs aux buts, après avoir échoué en 1990, 1998 et 2006, pour s’imposer dans cet exercice contre la Colombie en 8e de finale. Et dans ce Mondial russe, l’équipe des « Trois Lions » a montré qu’elle est différente de celle qui a disputé les éditions passées. Un départ en trombe contre la Tunisie en matchs de groupes (2-1), suivi d’une promenade de santé devant le Panama (6-1) et une défaite qui comptait pour du beurre face la Belgique (0-1) et l’Angleterre s’était ainsi lancée dans les matchs couperets où le réalisme britannique a fait le reste devant la Colombie et la Suède. Avec un Harry Kane toujours efficace devant le but avec ses 6 réalisations qui en font le meilleur buteur pour le moment, l’équipe de Gareth Southgate a les arguments nécessaires pour franchir le cap croate aujourd’hui, et se préparer à la finale, pour la deuxième fois de son histoire.

Le mot des entraîneurs Gareth Southgate, Angleterre :
«Continuer à briser les barrières»
Moscou : Même s’il dispose de la troisième équipe la plus jeune de ce tournoi (avec 26 ans et 17 jours de moyenne d’âge), derrière … le Nigeria et la France, le sélectionneur anglais Gareth Southgate ne se pâme pas moins d’admiration devant ce que ses joueurs ont réussi dans ce Mondial russe. « Nous avons réussi quelques morceaux d’histoire, en établissant le record de la plus large victoire dans un tournoi pour l’Angleterre (6-1 contre le Panama, ndlr), en remportant la première victoire en match à élimination directe depuis un dizaine d’années et notre première victoire en quart de finale depuis encore plus longtemps » a-t-il soutenu, hier, un jour avant de croiser la Croatie en demi-finale. Et tous ces hauts faits ont fini par lui donner des idées : « on se concentre sur la possibilité de continuer à briser ces barrières », a-t-il clairement soutenu. Et celle du jour, au stade Luzhniki de Moscou, se nomme Croatie. L’ancien défenseur puis milieu de terrain international anglais a confié ne pas « savoir vraiment jusqu’où (son) équipe peut aller ». Mais, il est convaincu qu’avec « l’appétit » que ses joueurs ont affiché depuis le début de ce Mondial, cela ne l’étonnerait pas s’ils croquaient tranquillement l’os croate qui leur est proposé aujourd’hui.

Zlatko Dalic, Croatie :
« Dépasser les médaillés de bronze de 1998 »

Une chose au moins est sûre : côté estime à l’endroit de ses joueurs, Zlatko Dalic, le sélectionneur croate, ne le cède en rien à son vis-à-vis anglais de tout à l’heure, Southgate.
« Nous avons de grands joueurs qui évoluent dans les plus grands clubs au monde, même si, en tant qu’équipe, nous n’avons pas eu les résultats à la mesure de leur talent », a-t-il affirmé hier à Moscou. Selon lui, avec cette présence en demi-finale, cette « grande génération qui va rester dans l’histoire » s’est « approchée des médaillés de bronze de 1998 ».

Cette année là, au Mondial en France, Dakor Suker, l’actuel président de la fédération croate de football et autres Slaven Bilic avaient été éliminés en demi-finale par l’équipe du pays hôte. Cette fois, Modric et les siens ont sorti l’équipe organisatrice de la compétition, la Russie, en quart de finale. Et ne comptent pas en rester là. Même si l’adversaire s’appelle Angleterre, puisqu’il dit avoir analysé sa façon de jouer.

Pour Zlatko Dalic, « il n’y a aucune raison d’être stressés ». « On est ici pour profiter de la demi-finale, produire du beau football et se qualifier » pour la finale. Et du coup, dépasser d’ores et déjà les anciens qui avaient fini en 1998, sur la troisième marche du podium mondial.

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