Le drone américain abattu par l’Iran, un engin d’espionnage de pointe

Le drone américain abattu par l’Iran, jeudi, appartient à la famille des Global Hawk, qui sont les drones de reconnaissance historiques américains. Des engins capables d’espionner les communications au sol depuis une altitude de près de 20 km.

C’est un très gros drone américain que Téhéran assure avoir abattu au dessus de son territoire, jeudi 20 juin, provoquant une escalade des tensions irano-américaines.

Le RQ-4A Global Hawk, qui survolait les eaux internationales selon Washington, a une envergure similaire à celle d’un Boeing 737. Il est bien plus imposant et lent que les très redoutés drones Predator ou Reaper, utilisés par l’armée américaine pour les missions d’assassinats ciblées.

Surveiller 103 600 km² depuis le ciel

“Ces drones volent lentement à dessein car leur objectif est de collecter autant d’informations que possible”, explique au magazine Time Dan Gettinger, co-directeur au Centre d’études des drones au Bard College de New York. Le RQ-4A Global Hawk est, en effet, un avion espion. Il sert exclusivement à des missions de reconnaissance et, à cette fin, est équipé en radars, capteurs et caméras en tout genre qui en font un véritable bijou technologique volant.

Un matériel qui lui permet de faire des relevés géographiques ou photographiques très précis et même d’intercepter des communications téléphoniques ou radio au sol depuis des hautes altitudes. Il peut, en effet, continuer à espionner depuis une altitude de 19,8 km, soit environ deux fois plus haut qu’un avion traditionnel. Il peut ainsi “fournir des renseignements en temps réel sur une superficie de 103 600 km², soit un peu moins que la taille d’un État américain comme l’Illinois”, assure le constructeur de ce drone, Northrop Grumman, sur son site.

Une capacité à voler haut tout en restant opérationnel qui est, d’ailleurs, “l’un des principaux arguments de vente des Global Hawk car ils sont ainsi, en théorie, plus difficiles à abattre depuis le sol”, explique au site Wired, Ulrike Franke, spécialiste des drones au Centre européen des relations internationales.

Le fait que l’Iran y soit parvenu “démontre que le pays est technologiquement plus avancé que ce qu’on aurait pu croire. En un sens, c’est un message envoyé aux États-Unis pour les prévenir de ne pas sous-estimer leur capacité militaire”, estime Amy Zegart, co-directrice du Centre pour la sécurité internationale et la coopération de l’université de Stanford (Californie), interrogé par Time.

Après les attentats du 11 septembre 2001

Au-delà de la démonstration de force technologique iranienne, c’est aussi un coup dur financier pour les États-Unis, car les Global Hawk sont parmi les drones les plus chers de l’armée américaine. Chacun d’entre eux coûtait plus de 176 millions dollars en 2011, et, même si son prix a baissé depuis, il se vend toujours à plus de 100 millions dollars, soit 10 fois plus qu’un Predator, d’après CNN.

Le RQ-4A est le premier modèle de la famille des drones Global Hawk, et a fait ses débuts peu après les attentats du 11 septembre 2001. Son utilisation avait paru tellement stratégique à l’administration américaine pour lutter contre le terrorisme que des versions encore non-définitives de ce drone de reconnaissance avaient été déployées dès novembre 2001 en Afghanistan. Il a ensuite été utilisé en Irak, aux abords de la Corée du Nord et, même, lors de la catastrophe de Fukushima au Japon en 2011, pour aider les secours. Mais en 2013, Northrop Gumman a cessé sa production pour vendre son successeur, le Global Hawk-RQ-4B, qui peut transporter plus de matériel de surveillance.

Il semblerait que le modèle qui a été abattu par l’Iran fasse partie d’un lot de quatre drones achetés par la marine américaine en 2004 à l’US Air Force, rapporte l’agence Reuters. Northrop Gumman indique, sur son site, que 37 Global Hawk-RQ-4A sont en service et ont été utilisés, entre autre, pour surveiller les mouvements des combattants du groupe terroriste État islamiste (EI) en Syrie, pour faire de la reconnaissance en mer baltique après l’annexion de l’Ukraine par la Russie ou encore pour participer aux recherches des lycéennes kidnappées en 2014 par Boko Haram au Nigeria.

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