Le procès de l’imam Ndao et de ses 29 co-accusés est dans sa dernière ligne droite

Le procès de l’imam Ndao et de ses 29 co-accusés est dans sa dernière ligne droite. La plaidoirie de son avocat, Me Moussa Sarr, est tant attendue. Brillant plaideur, innovateur et agitateur d’idées, tels sont les mots qui se bousculent dans notre tête au sujet de Me Moussa Sarr, coordonnateur des avocats de Imam Ndao. Qui se cache réellement derrière ce brillant avocat des affaires et pénaliste par occasion, qui dirige aujourd’hui le plus grand procès de l’histoire récente des annales judiciaires du Sénégal avec 64 avocats et 29 détenus ? Portrait !

Avec Me Moussa Sarr, une seule loi a le droit de cité. Celle de la défense des plus faibles. Il ne le dit pas. Il le vit, le ressent et l’impose. Lucide, amoureux de la dialectique et du combat judiciaire, il maîtrise son rôle, à la virgule près. Il est charismatique et semble le savoir. Car la passion qu’il a pour son métier pourrait parfois accroître la véritable importance de l’habit qu’il endosse. S’il reste modeste sur le spectre de ses activités individuelles, il aurait tendance à considérer l’avocat comme un sauveur de l’humanité, le défenseur des faibles. Parce qu’il reste convaincu que la justice demeure l’ultime endroit de la confrontation de l’homme avec lui-même, à travers la loi et les avocats. « Je suis avocat d’affaires de profession. Mais occasionnellement, quand je sens une injustice envers quelqu’un, lorsque je sens une discrimination, lorsque je sens une impunité, lorsque je sens une menace sur des libertés, au nom d’une défense de principe, je fais des incursions sur le plan pénal», nous confie-t-il. « Je me constitue promo Bono, c’est-à-dire gratuitement pour défendre ces principes et ces valeurs auxquelles je crois profondément, sans demander aucun franc», ajoute-t-il, en toute modestie.  L’homme est d’une générosité sans commune mesure. Ses victoires au tribunal, il les expose sur une commode, comme des trophées sportifs. L’on peut citer en exemple le dossier Cheikh Yérim Seck pour lequel il a défendu gratuitement la fille qui a été violée. Il a réussi à faire condamner le journaliste. Idem pour le procès opposant Barthélémy à la famille de feu Ndiaga Diouf. C’est encore lui qui a défendu gratuitement la  famille du défunt, avant de faire condamner le maire de Mermoz Sacré-Cœur à six mois de prison ferme. Il a réussi à faire libérer les deux percepteurs dans le procès de la caisse d’avance de la mairie de Dakar. Pareil pour Ouakam. Lorsque le Club a été sanctionné «injustement» par la Commission disciplinaire de football, il a payé de sa propre poche pour se rendre en Suisse où il a plaidé gratuitement auprès du TAS. Il a réussi à casser la décision de ladite Commission. Même cas de figure avec le procès Imam Ndao dans lequel il intervient gratuitement au titre d’une défense de principe. C’est dire qu’il n’exerce pas ce métier pour seulement gagner de l’argent. «Je le fais d’abord pour être au service de la justice.»  

Il est maitre de la parole et maitre de sa parole

Eloquent par le verbe et élégant par le port, Me Sarr est devenu l’un des emblèmes d’une nouvelle génération de robe. Il était prédestiné à l’advocature. C’est que le destin a frappé sans qu’il s’en aperçoive. Un matin, il s’est réveillé avocat, sans l’avoir vraiment décidé, tant la chose paraissait naturelle. «Mon métier d’avocat a toujours été une vocation, une passion pour moi. J’ai toujours rêvé d’être avocat parce que je suis un homme profondément contre l’injustice. Même si après mon bac, j’avais hésité entre la philosophe et le droit. »

Dans ses plaidoiries, autant il est redoutable au prétoire, autant il l’est dans sa manière de communiquer envers l’opinion. Autant il est éloquent par le verbe, autant il est élégant par le port. Ce qui frappe, c’est son élégance. Il est maitre de la parole et maitre de sa parole. Ses confrères au palais de justice le décrivent comme un avocat extrêmement compétent, rigoureux et d’une grande générosité. A titre d’exemple, durant tout le déroulement du procès Imam Ndao, c’est lui qui nourrit gratuitement les 29 détenus.

Issu de milieu modeste

Me Moussa qui s’est inscrit au barreau de Dakar en 2000 est un pur produit de l’école publique sénégalaise. « Tout mon cursus scolaire, je l’ai fait ici dans ce pays», nous dit-il. Il est issu d’une famille modeste: «Son père était enseignant et imam. Musulman bon teint, Me Sarr éprouve un grand respect pour la communauté catholique. Son bled natal de Gamboul, administrativement dans le Saloum et culturellement enraciné dans le Sine, manquait de tout. « Dans mon village comme dans beaucoup de zones rurales, il n’y avait ni école ni structure de santé. C’est l’église catholique qui suppléait l’absence de l’Etat. L’église a joué un rôle très important dans l’éducation de l’élite sénégalais et j’ai  bénéficié de cet apport de l’église représentée par la mission catholique»,  dit-il, pour justifier son amour pour l’Eglise.

Me Sarr titulaire d’un DESS en droit des affaires option Banques, a prêté serment en février 2000, sans savoir si un autre métier le tentait. Alors, il a fait un essai ailleurs. Il détient par devers lui un DEA en sciences politiques, option défense et sécurité (ce diplôme lui a permis d’être à l’aise sur le dossier Imam Ndao). Il est aussi titulaire d’un Certificat en Droit des sports. Il a aussi participé à plusieurs séminaires internationaux en matière de communication de leadership, management et droits de l’homme. Il est membre du conseil de l’ordre des avocats. Il a été président des jeunes avocats du Sénégal.

Au regard de toutes ses qualités morales, intellectuelles et professionnelles, il n’est pas exclu qu’il assume, un jour, un destin national. Lequel.

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