Le psychologue Malien tire les leçons de l’exécution de ses 135 concitoyens.

Le massacre de plus de 130 civils au Mali a plongé beaucoup de monde dans l’émoi et la tristesse. Après des messages des uns et des autres sur les réseaux sociaux pour dénoncer ce carnage, un plateau spécial initié par Dakaractu a enregistré la réaction de Dougoukolo Ba-Konaré, président de Kissal. Docteur en psychologie, il est revenu sur des facteurs qui ont conduit à ces tueries.

‘’On en est arrivé là vraiment par une succession d’évènements très malheureux qui n’ont pas pu être arrêtés par le gouvernement. C’est-à-dire qu’il y a toujours eu des tensions entre communautés bien sûr, mais sans l’État pour s’interposer, et avec la présence des djihadistes, ça a fait un cocktail vraiment mortel. Parce que désormais, les djihadistes ont créé beaucoup de paranoïa entre les communautés. Les gens ont commencé à vouloir s’armer. Et malheureusement, cette milice Dozo (chasseurs) a bénéficié d’armes lourdes, et sûrement de l’appui de personnes venues de l’étranger. Et cela faisait longtemps qu’elle faisait ce carnage. Et l’armée malienne n’a rien fait. Voilà un peu comment on en est arrivé là’’, a-t-il dit au cours d’un échange téléphonique.

Intervenant au cours de cet entretien diffusé en live, M. Ba-Konaré de rappeler : ‘’l’armée a souvent été accusée d’exaction. Au centre du Mali, il y a eu des arrestations arbitraires aussi. Tout cela a été documenté dans mes rapports nationaux et internationaux. Mais il y a, quand même une amélioration sur ce plan-là, il est vrai. Ces derniers mois, le problème auquel on fait face c’est deux choses : La première c’est que des membres de l’armée ont été vu faire des patrouilles avec les miliciens. Donc cela est quand même problématique. Cela vient se rajouter à toutes les théories qui disent que l’État serait de mèche avec les miliciens. Ce dont moi, je ne suis pas convaincu. Mais en tout cas, vu la manière dont cela se passe, c’est l’interprétation qu’on peut donner. La seconde chose est que des membres de l’armée avaient été prévenus avant, des drames qui pouvaient se passer, mais ils ne sont pas intervenus’’, regrette-t-il.
‘’Si la stratégie politique ne change pas l’armée n’arrivera pas à …’’
Concernant certaines mesures prises par le gouvernement malien, il ne les trouve pas opportun. ‘’Je ne suis pas convaincu que le fait d’avoir démis de leurs fonctions ces militaires-là, va changer quelque chose de manière radicale. Parce que premièrement, les personnes qui ont été limogées étaient des personnes sommes toutes avec des Cv intéressants, donc je pense que c’est une question de stratégie politique plutôt. Si la stratégie politique ne change pas, l’armée n’arrivera pas à suivre malheureusement. Quant à la dissolution de la milice Dana Amassagou, c’est une décision qui engage l’État malien mais, sur le terrain de manière opérationnelle, rien ne dit que ce sera suivi. D’ailleurs, depuis que la nouvelle de la dissolution est parue hier, plusieurs échos sont venus de Dana Amassagou disant que ‘’de toute façon l’association n’avait pas besoin de la reconnaissance de Bamako’’, donc je ne vois pas pour l’instant quel signe d’apaisement concret a été donné’’.

dakaractu.com

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