Les histoires rocambolesques du mercato : la presque arrivée d’Hakan Yakin au PSG

L’histoire des mercatos est pleine de rebondissements, de péripéties, de joies, de peines et de surprises. Après vous avoir raconté l’épisode de Florian Thauvin au LOSC puis à l’OM, nous vous proposons aujourd’hui, l’une des histoires les plus improbables qu’ont pu observer les amoureux du Paris Saint-Germain au début des années 2000. En 2003, après une saison exceptionnelle, Ronaldinho est au coeur de toutes les attentions. En effet, le génie brésilien est convoité par l’Europe entière et son transfert est attendu par le monde du football. Arnaud Hermant, grand reporter à L’Équipe à l’époque au Parisien, se souvient.

« Francis Graille négociait à Roland Garros le départ de Ronaldinho à Chelsea, il est finalement parti au Barça », nous explique celui qui suit le Paris SG depuis la saison 2002-2003 sans discontinuer. Mais alors, il fallait trouver un remplaçant. Le Paris SG cible Pauleta, Essien, Drogba, Malouda et un certain Hakan Yakin, qui fait les beaux jours du FC Bâle, club épouvantail en Suisse. Finalement, le Portugais et l’international suisse (87 sélections, 20 buts) vont rejoindre le club de la capitale.

Le remplaçant de Ronaldinho

« Le transfert le plus dingue que j’ai suivi ? De cette époque oui, car je débutais, c’était un dossier très particulier. Neymar c’était quand même un peu dingue. Je l’ai suivi à Miami, j’étais en stage avec le club. Ce n’est pas forcément un joueur très connu, Yakin. Comme toujours, on dit qu’il est suivi par l’Atlético, Liverpool, Dortmund. Soi-disant il y avait de très gros clubs sur lui. Il y a, parfois, une façon de rendre un recrutement crédible. Il arrive, je ne le connaissais pas du tout. Au PSG tout est possible. Il est présenté comme une star. Il ressemble à un playboy, c’est la vedette suisse. À Bâle il était fort, c’est ce qu’on avait entendu », se souvient Arnaud Hermant. Et c’est bien évidemment à partir de là que tout se complique.

À l’époque, les journalistes pouvaient suivre un peu plus les entraînements. Et très vite, ils se rendent compte que quelque chose cloche. Le milieu de terrain suisse est assez loin du profil qu’on dressait de lui. On le sent emprunté, pas à 100 %, comme s’il y avait un problème. Comme pour tous joueurs qui débarquent, ils se disent qu’il n’est pas encore adapté, que ce n’est que la préparation, mais l’idée d’un souci commence sérieusement à infuser dans leur cerveau.

De surréalisme en surréalisme

« Dans les dossiers, qu’ils ne maitrisent pas – le PSG ne maitrisait pas grand-chose – les clubs ont une tendance à faire croire que tout est sous contrôle. C’est vrai qu’au départ, c’était un peu caché », nous raconte le journaliste du quotidien sportif. Mais la suite de l’histoire est encore plus surréaliste que le début. Au lendemain d’un match, les joueurs doivent se rendre au Camp des Loges, le centre d’entraînement du Paris SG.

Mais aucune trace de la recrue phare de l’été. « Je crois que pendant deux ou trois jours, ils n’avaient pas de nouvelles, ils ne savaient pas où il était », nous explique Arnaud Hermant. Et pour cause, le natif de Bâle s’en est allé pour se faire opérer d’une hernie discale, qui le faisait souffrir en plus de ses adducteurs. Sauf qu’il n’avait pas du tout prévenu son club et encore moins demandé l’autorisation alors que le PSG avait comme docteurs Hakim Chalabi et Gérard Saillant, deux sommités dans leur domaine et chez les sportifs. Mais le pire reste à venir.

Le retour à Paris avec un film de son opération

« En revenant au centre d’entraînement, pensant que cela va tout apaiser et le dédouaner, il apporte un film de son opération. Mais, premièrement, il n’a prévenu personne, et deuxièmement, la moindre des choses c’est de demander l’autorisation. D’autant plus que le PSG à l’époque, et encore aujourd’hui, travaillait avec Gérard Saillant, une sommité, qui avait opéré Ronaldo. Il y avait de quoi se poser des questions. Ça s’est terminé en disant qu’il avait menti et c’est ainsi qu’ils ont rompu le contrat », nous détaille le journaliste sportif.

Mais à l’époque, l’entraîneur du Paris SG n’est pas un tendre. Il s’agit de Vahid Halilhodžić. « Ils ont été fous furieux parce qu’ils considéraient qu’il avait fait une fausse déclaration. Vahid était fou. Il était comme un dingue, ça ne faisait pas sérieux. Le joueur arrive, il est en surpoids. Vahid l’avait chambré en disant qu’il était trop gros. Ils sont passés pour des idiots. Ils avaient fait un investissement assez élevé. Pour faire venir Pauleta, ils avaient déjà mis dix millions d’euros, ils faisaient aussi un effort pour Yakin. Vahid disait qu’il était gras, mais il disait ça à tout le monde. Par exemple, lors d’une conférence de presse de M’Bami, il lui avait touché le ventre en disant que c’était un bon joueur de foot, mais qu’il fallait qu’il maigrisse un peu. Avec Vahid on ne sait jamais si c’est pour rire », lâche-t-il.

L’excuse du mal du pays

Par la suite, toutes les rumeurs ont fleuri. Notamment celle qu’Hakan Yakin, dont le frère Murat était aussi joueur de football, avait le mal du pays et se sentait trop éloigné de sa famille. On a pu notamment lire une anecdote sur le fait que sa mère lui apportait des chocolats lorsqu’il était à l’entraînement en Suisse. Finalement, cela été aussi peut-être un problème, mais moins important que celui de ses blessures et de ses aventures pour se faire opérer. Par la suite, le milieu de terrain rejoindra Stuttgart puis Galatasaray, sans succès avant de retrouver la lumière dans son pays, aux Young Boys de Berne. Son contrat n’a jamais été homologué et son passage à Paris n’a donc jamais existé…

- Les histoires rocambolesques du mercato : Florian Thauvin du LOSC à l’OM

vous pourriez aussi aimer
Laisser un commentaire

Votre adresse email ne sera pas publiée.