Liga : les débuts de la VAR passés au crible

Alors que la sixième journée de championnat se termine ce soir, l’utilisation de la VAR en Liga est sujette à énormément de débats, puisque les opinions divergent complètement.
L’Espagne est un pays qui aime la polémique. Après chaque match de championnat, certaines émissions débriefent de façon pour le moins intense les performances des arbitres, et le moindre hors-jeu mal sifflé ou la première faute contestable dans la surface fait énormément parler. Pas de doutes, l’arbitrage est un des sujets préférés des médias et des spectateurs espagnols. On pensait d’ailleurs que l’arrivée de l’arbitrage vidéo allait mettre fin aux polémiques habituelles de chaque week-end. C’est d’ailleurs le but principal de la mesure : aider le plus possible les arbitres à ne plus commettre d’erreurs. Pourtant, après quasiment six journées, le bilan est mitigé.

Plusieurs fois déjà, des buts initialement refusés ont finalement été accordés après visionnage de l’action par l’arbitre. L’inverse est aussi arrivé à plusieurs reprises, avec des buts qui ont finalement été annulés, à l’image de ce fameux but finalement refusé à Keko – alors que le stade explosait de joie – contre le Barça dans le temps additionnel lors du match Valladolid – FC Barcelone, lors de la deuxième journée de Liga. Jusque-là, tout va bien, et l’arbitrage vidéo a fait ce qui était attendu de lui. Sur les 49 matchs de championnat disputés jusqu’ici, on n’a donc pratiquement pas vu de but illégal accordé, ou de but légal annulé. “Pratiquement”, parce que certains cas particuliers ont fait débat.

Quelques exemples où la VAR a laissé des doutes…
Un but annulé à Wissam Ben Yedder (16/09/18, Séville – Getafe). Alors que Getafe menait 2-0 sur la pelouse de Séville, l’attaquant tricolore s’en est allé battre David Soria pour réduire le score. Un but finalement annulé par l’arbitre après recours à la VAR, mais pourtant, l’image fournie aux téléspectateurs semblait indiquer que l’ancien du TFC était en position légale.

L’expulsion de Dani Parejo (23/09/18, Villarreal – Valence). Le milieu de terrain de Valence a été expulsé après un tacle sur un adversaire. Une expulsion directe jugée sévère en Espagne, puisque le tacle n’était pas forcément dangereux, et un carton jaune aurait pu faire l’affaire. L’arbitre n’est pas allé voir l’image sur l’écran positionné en bord de terrain, mais a discuté avec les arbitres présents dans le local technique qui lui ont donc confirmé – ou suggéré – que ce tacle méritait un carton rouge.

L’expulsion de Clément Lenglet (23/09/18, FC Barcelone – Girona). Le Français a écopé d’un carton rouge direct après avoir infligé un coup de coude à Pere Pons. Si le contact est plutôt violent pour le coup, les intentions de l’ancien Sévillan sont floues. Le geste était-il volontaire ou involontaire ? Mauvais réflexe, bras mal maîtrisé ou volonté réelle d’agresser son rival ? Seul lui en a la réponse. L’arbitre a en tout cas rapidement tranché après avoir vu les images en bord de pelouse. Mais ce carton fait beaucoup parler à Barcelone, d’autant plus que Pere Pons a ensuite expliqué qu’il pensait que l’arbitre avait sifflé faute contre lui.

La preuve que, si certaines actions comme les hors-jeu ne laissent pas de place aux doutes, d’autres comme les fautes dans la surface, les mains ou les fautes sont surtout sujettes à l’interprétation des arbitres. Même avec la VAR, les décisions des arbitres ne pourront jamais faire l’unanimité.

Des avis divers
Au sein de la Liga, beaucoup se sont montrés satisfaits de ces premières semaines d’arbitrage vidéo. « La VAR n’est pas encore parfaite mais je suis confiant qu’elle continue d’évoluer et de s’améliorer avec le temps. Je pense que ça aide à annuler les injustices. C’est bien pour le football, parce que ça aide les arbitres. Il peut y avoir des erreurs mais ça s’améliorera », a ainsi déclaré Diego Simeone. « On a cet outil qui rendra le football plus juste et je n’ai aucun problème avec le fait d’attendre la décision de l’arbitre si ça aide tout le monde. Avant je n’étais pas vraiment favorable, mais j’ai vu comment ça fonctionnait et ça aide à ce que les décisions soient les bonnes », a pour sa part lancé le coach du Betis Quique Setién.

D’autres – souvent à chaud – se sont montrés bien moins enthousiastes vis-à-vis de l’arrivée de la technologie dans le football. « La VAR a encore des zones d’ombres et on doit composer avec. Mais la VAR ne met pas fin aux polémiques », expliquait ainsi le Barcelonais Ernesto Valverde. « On pourrait être mieux en championnat mais on va essayer de tout faire pour ne pas dépendre des succès ou des erreurs de la VAR. C’est difficile d’arbitrer, mais on ne pensait pas que ce serait si difficile de vérifier les actions de la VAR », a pesté le coach de Séville Pablo Machín.

Les arbitres semblent eux plutôt satisfaits pour l’instant. « Nous sommes très satisfaits des performances des arbitres et du pourcentage de bons choix. Ce sont des semaines très denses pour nos arbitres. Le succès de la VAR est évident, même si on doit rester modéré et humble. Le début a été très bon, mais le championnat est long », confiait Carlos Velasco Carballo, ancien arbitre et président du comité des arbitres espagnols.

Les joueurs et entraîneurs ne sont pas forcément au courant des règles !
Mais surtout, ce qui ressort de ces premières semaines, c’est principalement que les joueurs et les entraîneurs eux-mêmes ne sont pas au courant des règles ! On voit par exemple souvent les joueurs faire le signe de l’écran pour demander la VAR sur des actions où cette dernière ne peut pas être utilisée ! L’exemple de Pablo Machín, lors du derby de Séville le 2 septembre dernier, est flagrant. Roque Mesa était par exemple expulsé lors d’un choc avec le portier betico Pau Lopez, écopant ainsi d’un deuxième jaune, jugé très sévère en Espagne.

Après la rencontre, le coach sévillan avait pesté contre la VAR : « on imagine qu’avec la VAR et tant de technologie, ils auront bien vu l’action. C’est mieux qu’ils arbitrent dans un BAR avec un B et qu’ils se prennent des bières ». Sauf que, l’arbitre ne peut pas avoir recours à la VAR sur un deuxième jaune ! Elle ne peut être utilisée que dans quatre cas : sur un but (vérification d’un HJ par exemple), sur un potentiel penalty, sur un carton rouge direct et lors d’erreurs au moment d’identifier le joueur sanctionné. Même certains commentateurs font encore l’erreur lorsqu’ils analysent les rencontres ! Il faudra donc encore un peu de temps pour que tout rentre en ordre et que les acteurs du football espagnol s’habituent à la VAR.

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