L’Iran suspend certains de ses engagements sur l’accord nucléaire

Un an après le retrait américain de l’accord sur le nucléaire, l’Iran a annoncé, mercredi, la suspension de certains engagements et a donné 60 jours aux autres signataires pour respecter leurs promesses au regard des sanctions de Washington.

Téhéran perd patience et passe à l’offensive. L’Iran a décidé de cesser de limiter ses réserves d’eau lourde et d’uranium enrichi, comme il s’y était engagé au titre de l’accord de Vienne en 2015, a indiqué mercredi 8 mai le Conseil suprême de la sécurité nationale iranien.

Un an après la dénonciation de cet accord par les États-Unis, qui ont rétabli leurs sanctions contre l’Iran, la République islamique a donné “60 jours” aux pays restant parties à ce pacte (Allemagne, Chine, France, Grande-Bretagne et Russie) pour “rendre opérationnels leurs engagements en particulier dans les secteurs pétrolier et bancaire”, sous peine de voir l’Iran renoncer à appliquer d’autres de ses engagements, a ajouté le Conseil.

La décision a été notifiée officiellement en début de matinée, aux ambassadeurs de ces cinq pays. Selon l’agence Irna, le président iranien, Hassan Rohani, va également adresser une lettre aux chefs d’État et de gouvernement des cinq partenaires de l’Iran au sein de l’accord “pour souligner clairement à quel point l’Iran a fait preuve de patience”.

L’Iran “ne se retirera pas” de l’accord

“Les mesures prises par les États-Unis, en particulier depuis un an mais aussi avant […] leur retrait [de l’accord] avaient clairement pour but de causer une interruption de l’application” de cet accord, a déclaré pour sa part le ministre des Affaires étrangères iranien, Mohammad Javad Zarif, en visite à Moscou.

L’Iran a fait preuve jusque-là de “patience”, mais la République islamique juge désormais “approprié de cesser d’appliquer certains des engagements et mesures volontaires” qu’elle a prises dans le cadre de cet accord, a-t-il ajouté, dans des propos retransmis par la télévision d’État.

Néanmoins, a insisté le ministre des Affaires étrangères iranien, “l’Iran ne se retirera pas” de cet accord, et les mesures prises par Téhéran, d’une nature qui n’a pas été précisée, correspondent à un “droit” laissé aux parties à l’accord en cas de manquements par une autre partie.

En réponse, la ministre française des Armées, Florence Parly, a déclaré mercredi que la question d’un réenclenchement du mécanisme de sanctions à l’encontre de l’Iran se poserait si Téhéran venait à ne plus respecter les dispositions de l’accord nucléaire de 2015. Pour Florence Parly, qui s’exprimait sur BFM TV et RMC Info, “rien ne serait pire” aujourd’hui qu’un retrait de l’Iran de ce même compromis.

À Pékin, le porte-parole du ministère chinois des Affaires étrangères Geng Shuang a déclaré lors d’un point presse que l’accord de Vienne devait être pleinement respecté et que toutes les parties avaient la responsabilité de s’en assurer.

“Le pire accord jamais signé” selon Trump

La décision de Donald Trump, qui avait dénoncé “le pire accord jamais signé” par son pays a entraîné le retour des sanctions américaines que Washington avait suspendues en application de l’accord. Les Européens ont essayé jusque-là, en vain, de donner à Téhéran des garanties lui permettant de contourner les sanctions américaines, qui frappent durement l’économie iranienne.

Selon Irna, le président iranien Hassan Rohani va également adresser une lettre aux chefs d’État et de gouvernement des cinq partenaires de l’Iran au sein de l’accord “pour souligner clairement à quel point l’Iran a fait preuve de patience”.

L’agence ajoute que Javad Zarif doit également exposer “les détails techniques et légaux de la réduction des engagements de l’Iran” dans une autre lettre adressée à Federica Mogherini, cheffe de la diplomatie européenne. Selon Irna, cette réduction se ferait en deux phases, la seconde intervenant au bout de deux mois, mais l’Iran reviendrait sur ces mesures si ses “partenaires en prennent de nouvelles” allant dans le sens de ses intérêts.

“L’Iran demande clairement que la situation revienne à ce qu’elle était avant le retrait américain en ce qui concerne son système bancaire (isolé du reste du monde par les sanctions américaines et ses ventes de) pétrole”, que Washington veut réduire à zéro.

Fin avril, les États-Unis ont renforcé leur campagne de “pression maximale” sur l’Iran, en annonçant la fin des dérogations qui permettaient encore à huit pays d’acheter du pétrole brut iranien sans contrevenir aux sanctions économiques extraterritoriales américaines.

Un rapport de l’Agence internationale de l’énergie atomique (AIEA), publié le 22 février, affirmait que Téhéran continuait de respecter les termes de l’accord de Vienne.

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