LIVRE – ‘’DIABA, L’ANGE TIRAILLEUR’’ : Une figure féminine au milieu de la Grande Guerre

Une grande sœur et figure d’une famille, Diaba est plus que cela. Elle a été à la fois père et mère pour ses frères. C’est pourquoi, l’un d’entre eux a décidé de lui rendre hommage, à travers une nouvelle, ‘’Diaba, l’ange tirailleur’’.

Dans les grandes luttes, la part des femmes est souvent peu contée, si elle n’est tout simplement pas occultée. Certains, à travers des films, d’autres dans des livres, essaient de redonner une place à ces dernières. Parmi eux, Babacar Mbaye qui a publié aux éditions Fannyo ‘’Diaba, l’ange tirailleur’’. Son histoire est plus une fiction, même si elle est inspirée de la réalité. Mais il a voulu rendre hommage à sa grande sœur Diaba. ‘’Diaba était notre père et notre mère. Elle s’occupait de tout’’, a-t-il dit à ‘’EnQuête’’. C’est pour cela qu’il a tenu à l’immortaliser et à rendre hommage en même temps aux tirailleurs sénégalais. D’ailleurs, le livre est sorti en 2014, à l’occasion du centenaire de la Première Guerre mondiale.

Ainsi, à travers cette nouvelle étalée sur 75 pages, Babacar Mbaye conte le destin d’une Africaine dans la Grande Guerre. Cette dernière est l’aînée d’une fratrie de dix garçons. Quand, en 1914, la guerre fut déclarée, trois ans plus tard, en 1917, la France a eu besoin de bras solides pour faire face aux assauts de l’ennemi. Le jour de la fête des récoltes, tel que raconté par l’auteur, un commis vient annoncer aux habitants du village de Darou que ‘’borom Ndar’’ (Ndlr : le gouverneur) avait besoin des ‘’indigènes pour la défense de l’empire’’. ‘’Il faut que vos garçons les plus forts, musclés et vaillants puissent y participer’’, aurait-il dit.

Suite à cet appel, Babacar Mbaye plonge ses lecteurs dans la cour du patriarche Mbissane, pater de Diaba. Après discussion avec sa première dame Khady Dieuré à qui il demande son avis, Mbissane décide d’appeler ses fils pour savoir qui allait partir. Tous les dix se portent candidats pour l’aventure. Diaba aussi. S’étant déguisée en garçon, elle est parvenue à infiltrer le groupe.  Elle arrivera en métropole et perdra la vie au cours des combats. Ça, c’est la fiction. Comme l’a dit l’auteur, ‘’une Diaba est immortelle’’.

L’histoire donc, la vraie, est que Diaba est encore là auprès de ses frères. Elle a mené des combats auprès d’eux. Ils sont très différents de ceux menés entre 1914 et 1918, mais sont autant ardus. ‘’Je me suis toujours battue aux côtés de mes frères. Nos grands-parents étaient des guerriers et ont fait la guerre pour préserver l’intégrité de notre famille‘’, a déclaré Diaba Ngoné. C’est pour ainsi dire qu’elle n’a fait que suivre les pas de ces derniers comme une Linguère. Encore que pour Babacar Mbaye, ‘’Diaba incarne la royauté. C’est la grande dame qui a illuminé notre vie. Je n’ai rien inventé, c’est la grande royale’’.

En outre, à travers ce personnage, l’auteur cherche à célébrer toutes les femmes africaines. ‘’On a eu des modèles décalés par rapport au patrimoine négro-africain. Ce qui fait qu’on a souvent des idées machistes. Mais la société négro-africaine a toujours été régulée par la femme. Le machisme n’est qu’un rapport hélas négatif. Il est temps que des femmes puissent gouverner. S’il y avait une féminité dans certaines instances, il y aurait plus d’amour. Donc, je ne peux que magnifier la femme’’, a-t-il indiqué.

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