Me Aissata Tall Sall démonte Ismaila Madior Fall et Cie : « On combattra le parrainage, parce qu’il est inacceptable »

Les théoriciens du parrainage ont tout faux ! C’est la conviction de Me Aïssata Tall Sall, invitée de l’émission «Les affaires de la Cité» de la Tfm. Pour le député-maire de Podor, qui démonte un à un les arguments des défenseurs du parrainage, cette trouvaille de Macky Sall et son camp est inacceptable et sera combattue.

Aïssata Tall Sall brûle le parrainage. «Le parrainage, nous allons le combattre», clame-t-elle. Et d’expliquer : «c’est l’une des choses sur lesquelles le Président Sall a failli pour donner un sens au dialogue. On aurait fait le dialogue pourquoi ? On a fait le dialogue pour améliorer notre système électoral, pour voir ce qui marche et ce qui ne marche pas. Mais ce n’était pas pour rajouter une couche supplémentaire à ce qui ne marche pas». Très en verve, l’avocate politicienne de déchirer le tissu d’arguments cousu par le ministre de la Justice et les autres théoriciens du parrainage tapis dans la mouvance présidentielle. «Quand j’entends les gens qui soutiennent le parrainage nous dire : ‘’quand on n’est pas capable de remplir le stade Senghor, ce n’est pas la peine de briguer le suffrage des Sénégalais’’. Il y a tellement de gens qui n’ont pas pu remplir le stade Demba Diop et pourtant, ils ont été élus, parce que le peuple l’a voulu à ce moment-là. Il y a des gens qui ont rempli tellement de fois le stade Senghor, mais qui ont été battus. Ça ne peut pas être un critère», affirme Me Tall.
Qui poursuit : «deuxième chose, ils nous disent que le parrainage existe. Oui, mais pour les candidatures indépendantes. C’est l’article 23 de la Constitution. Mais pourquoi se lever subitement et dire que celui qui est investi par un parti politique doit passer par un parrainage de 1% du fichier électoral, c’est-à-dire, 70.000 signatures?». Des signatures pour lesquelles, elle se pose beaucoup de questions, surtout à propos de leurs vérifications. «70.000 signatures, je ne parle pas de l’énormité de la tâche. Qui va vérifier l’authenticité des signatures ? Le Conseil constitutionnel ? Quand est-ce qu’il le fera ? Comment sera-t-il outillé pour le faire ? Pourquoi ce ne serait pas les préfets ? Et ça, c’est à supposer qu’on accepte (ce qui n’est pas le cas)».

Un parti politique qui n’existe que pour briguer les suffrages ne peut pas être mis sur le même pied qu’un indépendant

L’argument de l’équité entre candidat d’un parti et candidat indépendant ne prospère pas non plus devant Aïssata Tall Sall. «Autre chose, c’est quand ils disent qu’il y a injustice entre les candidats indépendants et ceux investis par les partis politiques. Mais que dit l’article 3 de notre Constitution ? Les partis politiques concourent à l’expression du suffrage. Le parti politique est par essence celui qui va collecter les suffrages. Il n’a été créé que pour ça. Pourquoi leur imposer un travail supplémentaire, à aller pourchasser ces 70.000 signatures ?», note-t-elle, tout en s’arrêtant sur le chiffre : «pourquoi 70.000 ? Pourquoi pas 50.000 ou 40.000 ? Et si dans les 70.000, il y a un nombre qui s’abstient, qui ne va pas voter ? Pourquoi devrait-on plomber des candidatures sur des gens inscrits, mais qui ne sont pas intéressés à aller voter ? Quel est le fétiche qui fait qu’on s’accroche à 1% du fichier électoral ?» Et le leader de «Osez l’avenir» de dire toute sa déception à propos du chef de l’Etat, qui a trahi l’idée du dialogue auquel il avait appelé. «Vraiment, là où j’attendais le Président Macky Sall, c’est qu’il soit un bon arbitre, entre toutes les parties prenantes de ce dialogue, mais pas se ranger du côté de sa majorité, qui nous a dit d’ailleurs, en plein débat, que le ce parrainage est indiscutable et non négociable. Voilà qu’on y arrive», tonne-t-elle.

«Ils ont tout faux, le parrainage fait partie des conditions de l’élection»

Mais pour Me Tall, il faudra se battre pour faire échec à cette volonté affichée de Macky Sall et sa mouvance de faire voter la loi. «Les recours sont prévus sur le plan de la loi et on les engagera ; mais seulement si l’Assemblée nationale vote cette loi». Quant à un second «23 juin», elle laisse les cartes entre les mains du peuple. «Je ne sais pas quel est l’état d’esprit des Sénégalais. J’entends encore des juristes nous dire que les politiciens sont en train de tout confondre entre les conditions de la candidature et les conditions de l’élection. Mais ils ont tout faux, le parrainage fait partie des conditions de l’élection. Or les conditions de l’élection du président de la République ne peuvent être changées que par une révision constitutionnelle. Et ça, on le dira, et on combattra le parrainage, parce qu’il est inacceptable».

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