Mery, une jeune Sénégalaise “c’est un homme que je connaissais bien depuis Kolda qui m’a forcée à c0ucher avec lui, d’abord, puis à me pr0stituer”

Certaines filles, venant de villages frontaliers inaccessibles, effectuent une étape préliminaire à Kédougou, ville du bassin aurifère du Sénégal oriental, où les « traitants » viennent négocier leur « achat ». A ce moment-là, la jeune fille vendue ne connaît pas les termes de la négociation ; elle découvre la réalité seulement à son arrivée sur le site d’orpaillage. Sa pièce d’identité, si elle en dispose lui est confisquée.

Le prix du rachat d’une hypothétique liberté est fixé par les « maîtres » ou les « patrons » à 1 million de francs payables sur une durée. Pour s’affranchir de cette « dette », les jeunes filles se pr0stituent et font des versements quotidiens, enregistrés dans des carnets par les « gestionnaires ». Ce fut le cas de Mery, une jeune Sénégalaise issue de Kolda, à qui un ami qui, en fait, est un trafiquant avait promis une vie meilleure et un voyage en France. « Je suis venue il y a deux ans. J’ai été amenée par un homme que je connaissais bien depuis Kolda qui m’a forcée à c0ucher avec lui, d’abord, puis à me pr0stituer pour racheter ma liberté ».

Comme Fatu, jeune Gambienne, convaincue par un étranger lors de la crise postélectorale de 2017, a été piégée, une fois à Mbour

Les réseaux de traite, implantés à Saly , reposent sur une organisation très hiérarchisée. Ils réunissent cinq à dix jeunes filles, étrangères ou sénégalaises ; elles sont exploitées dans les rues et les bars. Parmi elles, Fatu, jeune Gambienne, qui a été convaincue par un étranger lors de la crise post-électorale de 2017 de s’installer à Mbour, d’où elle pourrait, rapidement, rejoindre un pays de l’Europe. Depuis, elle vit le cauchemar et son souhait le plus cher est de retrouver les siens. « Je veux rentrer ; je n’ai jamais exercé le métier de pr0stituée, auparavant », dit-elle.

Les stations touristiques délaissées par les touristes traditionnels, au bénéfice des prédateurs s*xuels
Ces jeunes filles sont « encadrées » par des « tantes » plus âgées : elles-mêmes victimes de traite, elles sont utilisées par les trafiquants pour recruter de nouvelles victimes. Ces « mamans » espèrent ainsi solder leur « dette » et gèrent les jeunes filles pour le compte des « tuteurs » et des « fiancés », qui sont un à deux par réseau, le plus souvent des Nigérians ou des Italiens. Ainsi, bien que les réseaux de traite se déploient, principalement, à l’échelle régionale, en Afrique de l’Ouest, d’importantes routes de trafic international se structurent autour du pôle touristique de Saly où les jeunes victimes sont non seulement exploitées, mais également « initiées » aux pratiques du marché européen de la prostitution. Entre l’Afrique subsaharienne et l’Europe, le Sénégal occupe, désormais, une position stratégique sur les routes de la traite des jeunes filles à des fins d’exploitation s*xuelle.

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