Par devoir de vérité sur l’agritulture sénégalaise ( Youssoupha DIALLO )

Par devoir de vérité, je me suis résolu, en tant Président du Club Sénégal Emergent, Conseiller Technique numéro 1 du Ministère de l’Agriculture et de l’Equipement Rural, Président du Conseil d’Administration de SONACOS-SA et surtout témoin, acteur et expert du monde rural sénégalais depuis plus de trois décennies, à prendre ma plume ; non pas pour polémiquer avec certains candidats à la candidature à la Présidentielle du 29 février 2019 mais pour rétablir les faits têtus. Contre vents et marées, ils contestent et dénaturent souvent les performances de notre Agriculture depuis 2013 et versent à présent dans ce que j’appelle le déni de réalité. Ils essayent en vain de refuser de voir une réalité qui crève les yeux.

OUI ! On peut comprendre que, par réalisme politique, ils jugent que le plus grand nombre de Sénégalais, donc d’électeurs (plus de 70%) est le monde rural et logiquement qu’ils axent leurs discours prioritairement sur l’Agriculture.

Cependant, il n’est pas admissible et il est même politiquement contre-productif pour ces candidats à la candidature, de continuer cet exercice dangereux pour eux-mêmes.
Car, si certains urbains peuvent être grugés par leurs discours, ce ne sera pas le cas des ruraux qui « vivent leur réalité », la réalité de l’Agriculture sénégalaise et savent séparer le bon grain de l’ivraie.

Pour dire vrai, notre Agriculture est depuis quasiment 5 ans dans une dynamique nouvelle de transformations positives, de modernisation et de performances remarquables.

Dès son élection en 2012, le Président Macky SALL a fait du secteur agricole une sur-priorité de sa politique économique et sociale. Ce qui se traduit dans le PSE lancé en 2014 par la désignation de l’Agriculture comme le secteur moteur de la croissance inclusive et durable. Une agriculture productive, diversifiée et compétitive tirée principalement par 4 filières motrices : le riz et les céréales, l’arachide, l’oignon, les fruits et légumes de contre- saison.

Dans le PRACAS, version opérationnelle du PSE dans le secteur de l’Agriculture, la stratégie pour l’atteinte de ces objectifs est ainsi déclinée :

Equipement du monde rural en matériels à traction animale (agriculture familiale) en matériels motorisés (agriculture fermière) ;
Systématisation et de généralisation l’utilisation des semences sélectionnées et des engrais ;
Renforcement des moyens des structures de recherche agricole et d’encadrement et de conseil ;
Amélioration des politiques agricoles, pour accroitre sa résilience aux changements climatiques ;
Maitrise de l’eau ;
Renforcement des cultures irriguées dans la vallée du fleuve Sénégal, le Bassin de l’Anambé
Réduction des pertes post-récoltes, amélioration de la mise en marché et de la qualité ;
Développement des chaines de valeurs agroalimentaires.

Ainsi, la valeur ajoutée du sous-secteur de l’agriculture est passée de 344 milliards en 2011 à 469 milliards en 2016 soit une augmentation en valeur absolue de 125 milliards et de 36,34% en valeur relative sur la même période, ce qui représente une croissance moyenne annuelle de 9,085%, taux supérieur à celui de la croissance globale de l’économie sur la même période (6,4%).
Incontestablement, l’Agriculture tire notre économie, c’est une locomotive de notre croissance.
De 2012 à 2016 plus de 302,5 milliards ont été investis dans le secteur dont 78,3 milliards pour les équipements et le matériel agricoles.

Des résultats spectaculaires et records ont été enregistrés dans presque toutes les spéculations.

Production 2013 2017
Riz 436.153 T 1.015.000 T
Arachides 677.456 T 1.411.574 T
Oignons 230.000 T 400.000 T
Fruits et légumes de contre-saison 62.226 T 104.645 T
La production de céréales (riz, mil, sorgho, fonio, maïs.) s’établit en 2017 à 2.516.466 tonnes soit une hausse de 18% par rapport à 2016 et 73% par rapport à la moyenne des 5 dernières années. Pour les exportations de fruits et légumes en 2017 106.000 tonnes ont été réalisées soit une hausse de 17% par rapport à 2016.

Concernant l’équipement du monde rural.de 2013 à 2017 ;

4.991 unités de matériels agricoles motorisées dont 1320 tracteurs sans compter les 1000 unités réceptionnées récemment venant de l’Inde dont 520 tracteurs. Le reste des unités est constitué de motoculteurs, de moissonneuses batteuses, de batteuses à riz, décortiqueuses etc.
61.523 unités de matériels agricoles attelés (houe, semoirs, charrues, charrettes……).

Concernant les chaines de valeurs, le gouvernement s’est attelé à la reconstruction de la chaine arachide et au renforcement de la chaine riz.
Pour la chaine de valeur arachide, en décembre 2015, le Président Macky SALL a courageusement, dans un sursaut patriotique salutaire, pris la décision de mettre fin à la privatisation-bradage de SUNEOR en rachetant au nom de l’Etat du Sénégal l’ensemble des actions du Groupe Adven.

Lorsque le Président Macky SALL reprenait SUNEOR, toutes les cinq usines Dakar, Kaolack, Diourbel, Louga et Ziguinchor étaient totalement à l’arrêt ; la dette de l’entreprise vis-à-vis des banques et fournisseurs se chiffrait à plus de 45 milliards, les pertes de plus de 50 milliards. La collecte 2015/2016 était de 7146 tonnes. La nationalisation de SUNEOR, rebaptisée SONACOS-SA suite à la nomination de nouveaux dirigeants, a permis de redresser rapidement la barre. Les cinq unités industrielles reprennent activité en moins d’un an, la collecte arachidière passe de 7.146 tonnes en 2015/2016 à 96.000 tonnes en 2016/2017 et plus de 187.000 tonnes en 2017/2018.

Pour permettre aux huileries sénégalaises de faire face aux fluctuations, à la baisse des cours mondiaux des huiles et tourteaux, d’avoir un meilleur équilibre financier et de s’approvisionner en graines, deux mesures fortes ont été prises par le président Macky SALL :

La signature du Protocole Etat-huiliers lors de la campagne 2013/2014.L’Etat s’engage ainsi à appuyer les huiliers contre les pertes consécutives aux fluctuations baissières des prix sur le marché mondial à la fixation d’un prix plancher rémunérateur pour les producteurs (passage de 175F à 210F CFA le kilo)
L’instauration d’une taxe conjoncturelle à l’exportation des graines de 40 FCFA par kilogramme d’arachide décortiquée.

Ensuite, conformément aux orientations du PSE, il a été décidé d’augmenter la consommation domestique d’huile d’arachide raffinée à hauteur de 30% de la consommation nationale (200.000T). Des mesures commerciales et fiscales conséquentes ont été prises. Les importateurs d’huiles étrangères sont astreints à acheter un quota d’huile d’arachide raffinée avant d’avoir l’autorisation d’importation.

Enfin, la signature d’une convention entre l’Etat, les huiliers, les importateurs d’huile et les transformateurs artisanaux a permis de mettre en place un nouveau modèle de régulation axé sur la transformation la commercialisation et la consommation locales de l’arachide et ses produits dérivés.

Par exemple, SONACOS-SA par le biais de contrats conclus avec les transformateurs artisanaux de Touba principalement va permettre de faire triturer 30.000 tonnes et décortiquer 15.000 tonnes d’arachides coques.

Cette stratégie permet au moins de régler en partie le problème de la consommation des huiles brutes (Seggal) très dangereuses pour la santé, de générer des revenus et des emplois dans les zones impactées et de jeter les jalons mini agro-industries rurales complémentaires aux grandes unités industrielles.

On le constate, une véritable révolution silencieuse est en train de s’opérer dans la filière arachide par l’émergence d’une chaine de valeurs nouvelle et autocentrée.

Les huileries ne sont plus dans une dynamique d’appauvrissement des producteurs et des ruraux en général, mais, dans un processus endogène de réallocations plus équitables et plus inclusives de la valeur ajoutée, générée par l’arachide.

Cette dynamique nouvelle doit être soutenue et renforcée parce que, encore fragile, en particulier dans le segment de la commercialisation finale des huiles d’arachide raffinée sur le marché intérieur.

Une autre dynamique de renforcement de la chaine de valeurs riz est à l’œuvre dans la vallée du Fleuve Sénégal et le Bassin de l’Anambé avec la production, la transformation par des unités modernes et la consolidation et l’élargissement véritable d’un marché intérieur de commercialisation de riz.

Certes tous les problèmes de notre agriculture ne sont pas résolus, loin s’en faut, mais il faut en vérité, reconnaitre que de grands bonds en avant ont été réalisés sous le Président de la République Macky SALL.

Youssoupha DIALLO
Président du Club Sénégal Emergent
PCA de SONACOS-SA
Conseillers numéro 1 du MAER.

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