Plaidoirie sur la situation des enfants de la rue au Sénégal (par Ibrahima Mamadou Diop)

« Le courage ce n’est pas l’absence de la peur mais la capacité à inspirer les autres à aller au de-là de la peur » disait NELSON MANDELA

Voilà pourquoi nous dénonçons avec courage la situation des enfants de la rue, essentiellement le cas de la mendicité des talibés au Sénégal.

La mendicité a actuellement pris des proportions impressionnantes au Sénégal et particulièrement dans la région de Dakar. Les enfants mendiants, très jeunes, en quête d’argent et de nourriture sont quotidiennement repérables aux carrefours, aux feux rouges bref dans presque tous les lieux publics. Ils circulent de porte à porte et passent plus de temps à la recherche de la pitance et peu de temps pour les études.

On ne peut admettre qu’on fasse mendier les enfants à longueur de journée sous le seul prétexte que l’enseignement coranique requiert un tel sacrifice. Aujourd’hui, l’image que donnent les enfants qui fréquentent les daaras est la partie visible de la formation qui a perdu toute sa quintessence.

Dès lors il s’impose à tout un chacun de nous de s’interroger davantage sur les causes principales de ce phénomène qui gangrène notre société depuis des décennies. C’est ainsi que pour ma part, j’ai tenté d’en identifier quelques-unes : il s’agit principalement de la pauvreté des parents, du rôle clé joué par les maitres coraniques sous le regard inerte de l’Etat du Sénégal.

S’agissant des parents on constate que dans les sociétés africaines où la croissance démographique est très élevée, le placement d’un enfant chez un marabout allège parfois la charge économique qui pèse sur les familles. Lesquelles sont souvent trop nombreuses. Est-ce normal pour un père de famille de se dédouaner de sa responsabilité en confiant une partie de

sa progéniture à une tierce personne ? Ces enfants ont-ils demandé à naitre ? Est-ce qu’un maitre coranique aussi démuni que les parents des enfants serait-il en mesure de subvenir à leurs besoins quotidiens ? Vous m’en direz.

Justement ce maitre coranique à qui le sort des talibés est entre les mains, à qui les familles ont donné carte blanche débouchant sur toute forme d’exploitation. La mendicité au profit du marabout est aujourd’hui devenue l’activité principale des talibés. Ils ne disposent guère de temps pour se consacrer convenablement à des études ou à la lecture du coran auprès du maitre comme ce fut le cas auparavant.

Et enfin l’Etat du Sénégal dans tout ça. Le Sénégal qui a pris le pli de ratifier une pléthore de Conventions sur les droits de l’enfant. On peut citer entre autres, la Convention des Nations Unies du 20 Novembre 1989 relative aux droits de l’enfant, la Convention 138 de l’OIT sur l’âge minimum de travail, la Convention 182 de l’OIT sur l’élimination des pires formes de travail des enfants, les protocoles additionnels sur les droits de l’enfant, la Charte africaine des droits et du bien-être de l’enfant pour ne citer que cela. Sur le plan interne, nous avons la Constitution à son article qui parle de la sacralité de la vie, le code du travail adopté en 1997 qui fixe l’âge minimum du travail, la loi de 2005 adopté par l’Assemblée Nationale et qui lutte contre la traite des personnes, le code pénal qui interdit la mendicité à son article 245. Quand est-il maintenant de tous textes et Conventions ? Ont-ils une application effective ? Pourquoi les coupables ne sont pas punis à juste titre ?

Et je termine en disant ceci nul n’est né enfant de la rue, la rue n’enfante mais c’est la société par le biais de certaines personnes véreuses qui envoie les enfants dans la rue. L’erreur est humaine certes mais persévérer dans l’erreur devient diabolique.

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