La revue de presse Afrique du 06 mars 2018

A la Une: Ouagadougou à l’heure du soupçon

Quatre jours après la double attaque contre l’état-major des armées et l’ambassade de France, la capitale burkinabè s’interroge : les terroristes ont-ils bénéficié de complicités au sein même de l’armée ? En tout cas, relève Le Point Afrique, « les autorités ont de “très forts soupçons” qu’il y ait “des infiltrés dans l’armée” qui ont renseigné les djihadistes pour l’attaque de l’état-major. L’explosion de la voiture piégée qui a précédé l’assaut a totalement détruit une salle de réunion, située en façade du bâtiment, où devait se tenir une réunion de l’état-major de la force anti-djihadiste du G5 Sahel. La réunion a été changée de salle au dernier moment, évitant un carnage. “Ils avaient une connaissance des habitudes et des pratiques courantes au sein de l’état-major, ce qui explique la facilité avec laquelle ils ont accédé dans l’enceinte par son accès de service, située au dos de l’entrée principale”, avait expliqué samedi une source gouvernementale. »

Le Monde Afrique affirme pour sa part que cette fameuse porte « n’a même pas été forcée… (…) “Il y a probablement eu des taupes”, estime une source sécuritaire. »

Le Monde Afrique qui précise aussi que « les quatre assaillants qui ont tenté de pénétrer dans l’enceinte de l’ambassade de France à Ouagadougou vendredi ont été abattus par les forces de sécurité, tout comme les quatre autres qui ont attaqué l’état-major. “Ce sont tous des Burkinabés de moins de trente ans”, précise une source gouvernementale. »

Le cerveau de l’opération ?

Qui plus est, il y aurait deux rescapés. Et « les soupçons de complicités sont apparus après l’interrogation de ces deux djihadistes présumés, arrêtés juste après les attaques » affirme le site d’information Afrique 7. « Le premier est soupçonné d’avoir participé à l’attaque de l’état-major général de l’armée et pourrait même être “le cerveau” de l’opération. Un deuxième homme a été arrêté et était interrogé, mais les soupçons pesant sur lui sont moins forts que sur le premier. En tout cas, les deux hommes avaient une “connaissance poussée” des habitudes et pratiques courantes au sein de l’état-major, ce qui explique la facilité avec laquelle ils ont accédé dans les lieux par la porte de service. »

Qui sont ces deux suspects ? Sont-ils burkinabè ? Sont-ils d’anciens militaires ? Pour l’instant, mystère… Les autorités n’ont rien dit de leur identité, ni de celles des terroristes abattus.

Du coup, L’Observateur Paalga à Ouagadougou s’interroge : « est-il vrai que parmi les assaillants, il y avait des militaires (radiés ou pas) et si oui, qui étaient-ils ? Dans le même ordre d’idées, pourquoi cacher l’identité des terroristes ? (…) S’il est vrai que la plupart de ces renégats sont des Burkinabé, qu’on sache qui ils sont car, si ça se trouve, leurs proches ne savaient même pas qu’ils fricotaient avec la multinationale du terrorisme. Dans tous les cas, en ne communiquant pas on laisse libre cours à la rumeur, voire à l’intox. »

Notre voisin, un terroriste ?

Pour Aujourd’hui, autre quotidien burkinabè, c’est sûr, l’ennemi est dans les murs… « L’attaque du 2 mars contre le cœur de l’armée burkinabè et l’ambassade de France révèle que les assaillants, les milices, les mercenaires, quel que soit le nom qu’on leur donne, ne sont plus recrutés à l’extérieur des frontières du Burkina. Ils sont des Burkinabè, s’exclame Aujourd’hui. Vivent avec les Burkinabè. Peut-être condamnent avec eux les actions commises par leurs compères suicidaires. Le terroriste a désormais le visage d’un voisin, soupire Aujourd’hui, d’un ami, d’une connaissance. »

Alors, s’exclame le journal, « chacun doit se muer en potentiel Big Brother pour démasquer ceux qui donnent facilement la mort au nom de n’importe quoi. Il est plus qu’important par conséquent que les yeux et les oreilles, que ce soit du G5-Sahel ou des forces de sécurité internes, soient grands ouverts et bien orientés là où il le faut, avec la collaboration des populations, pour débusquer et désamorcer ces bombes humaines avant qu’elles n’explosent. Il y va désormais de la survie de l’équilibre démocratique et social de tout un pays, de toute une partie importante de l’Afrique. »

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