La revue de presse Afrique du 14 février 2018

A la Une: le feuilleton Zuma

Le président sud-africain Jacob Zuma lors d’une séance au Parlement au Cap, le 2 novembre 2017.
Suite et peut-être fin ce mercredi. Mais rien n’est acquis pour les contempteurs du président sud-africain. Comme l’explique Le Mail & Guardian, « le Comité exécutif national de l’ANC a déclaré hier qu’il ne pouvait plus attendre et qu’il avait donc décidé de ‘rappeler’ Jacob Zuma », selon la terminologie officielle du parti, c’est-à-dire de l’enjoindre à démissionner. Celui-ci devrait faire connaître sa position aujourd’hui peut-être…

Le feuilleton Zuma se poursuit donc… Pourquoi autant d’épisodes ? Réponse du Monde Afrique : « la vérité est que l’ANC a fait du chemin en arrivant à ce rappel, mais demeure tétanisée à l’idée de devoir passer à une mesure contraignante, non par peur des punitions mais parce que cela exposerait crûment son échec de fond dans le choix de Jacob Zuma pour diriger le pays. Le chef de l’Etat, rappelle Le Monde Afrique, est élu par les députés du parti qui obtient la majorité aux élections, au cours desquelles les électeurs votent pour des listes de partis, et pas des personnes. Le parti est donc engagé par le ‘choix’ de son candidat, qui se trouve être immanquablement, jusqu’ici, le président de l’ANC, élu un an et demi plus tôt lors d’une conférence élective nationale. » Alors, poursuit Le Monde Afrique, « dans le cas où Jacob Zuma déciderait de refuser l’ordre donné par ce rappel et de faire de la résistance – il en a le droit, d’un point de vue légal –, l’ANC devra passer à la vitesse supérieure en mettant en place une procédure de démission forcée par le biais d’une motion de défiance au Parlement. »

Aucun sens de l’intérêt commun !

Pour Marianne Séverin, chercheuse associée au laboratoire Les Afriques dans le monde de Sciences-Po Bordeaux, interrogée par Le Point Afrique, ce feuilleton n’a rien de surprenant : « Zuma semble imposer son rythme, affirme-t-elle, en dépit de la défiance des Sud-Africains qui n’aspirent qu’à une chose : qu’il parte, voire qu’il soit jugé et enfin condamné. Jacob Zuma n’a plus rien à perdre politiquement. Mais il est exposé judiciairement (…) Et il n’est donc pas surprenant qu’il joue la montre alors qu’il lui a été donné 48 heures pour démissionner. Animal politique blessé, aux abois, poursuit Marianne Séverin, Jacob Zuma n’a aucun sens de l’intérêt commun, à l’instar d’un Thabo Mbeki démissionnaire. Il exige des conditions irréalistes, prenant en otage à la fois le pays, mais également son propre parti, en sapant ainsi l’autorité de l’ANC et de Cyril Ramaphosa, au point qu’on peut se demander s’il est dans un déni ou s’il considère qu’il n’est responsable en rien dans sa propre chute. »

Plus tenable…

En tout cas, pour Ledjely en Guinée, la position du président sud-africain n’est plus tenable…

« Jacob Zuma n’est plus maître de son destin. Ayant jusqu’ici réussi à déjouer les manœuvres le visant, il lui faut réaliser que l’heure de la fin a sonné. Et que toute tentative de résistance supplémentaire n’en rajouterait qu’à une fin de partie déjà très peu honorable. Le peu d’énergie qu’il lui reste, il devrait l’économiser. Elle lui sera certainement utile quand, devant la justice, on le mettra face à son bilan fait de scandales, les uns plus retentissants que les autres. Car contrairement à ce qu’il semble s’imaginer, il devra rendre compte, affirme le site guinéen. Déjà, des indiscrétions font état de la relance en perspective du dossier relatif aux commissions qu’on l’accuse d’avoir touchées dans le contrat de Thalès, l’entreprise française. L’espoir étant que son cas serve d’exemple à ses successeurs et que l’Afrique du Sud, nation locomotive du continent africain, tourne enfin cette sinistre page (…). »

Enfin Le Pays au Burkina, s’agace… Il faut en finir… « Zuma doit débarrasser le plancher,s’exclame le quotidien burkinabé. Et en l’espèce, plus tôt il le fera, mieux cela vaudra. Car, il ne sert à rien de résister face à un adversaire dont on sait qu’il dispose de plus de marges de manœuvres. En fait, si Zuma avait le sens de l’honneur et de la dignité, il y a longtemps qu’il aurait déjà largué les amarres ; lui dont le nom rime avec scandales et casseroles. »

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