Revue de presse Afrique: A la Une: Martin Fayulu veut faire de la résistance

Martin Fayulu, une fois encore, conteste vivement la victoire proclamée de Félix Tshisekedi à l’élection présidentielle. « Je ne me laisserai pas voler ma victoire », dit ce matin l’opposant dans les colonnes du journal Le Parisien. Martin Fayulu y dénonce ce qu’il appelle un « hold-up » et même un « putsch électoral », avant de traiter Félix Tshisekedi de « faire-valoir de Kabila » et de demander au « peuple congolais de se réveiller pour engager le combat » ! Selon Martin Fayulu, « pas un pays sérieux ne reconnaîtra M. Tshisekedi comme président du Congo » et prévient que la « colère » du peuple congolais va « exploser », dit-il au Parisien.

Autre incertitude, celle qui plane sur les résultats attendus des législatives et qui pourrait bien tourner le « sacre » de Tshisekedi en une victoire « à demi-teinte », estime Mediacongo. Car le président nouvellement élu « risque d’être contraint de faire avec des lieutenants n’obéissant pas à ses ordres », prévient ce journal congolais. Lequel souligne que « la coalition du duo Félix et Vital n’a pas remporté la majorité de sièges à la députation provinciale ». Dès lors, « à l’allure actuelle, sans reconfiguration des alliances, avec notamment des partis issus de deux coalitions concurrentes [FCC et Lamuka], les gouvernorats et le sénat ne seront pas acquis à la cause de la plateforme dirigeante », relève Mediacongo.

Attrape-nigauds au Congo

En tout cas, la victoire proclamée de Felix Tshisekedi passe parfois mal en Afrique, c’est le moins que l’on puisse dire. Témoin au Burkina Faso. L’« installation » au sommet de l’Etat de Félix Tshisekedi « est une honte pour toute l’Afrique », bûcheronne Wakat Sera, qui évoque un « banditisme d’Etat avéré », car « tout est maintenant clair comme l’eau de roche. Tshisekedi et Kamerhe étaient, depuis longtemps, dans le jeu du pouvoir », c’était « le tandem des traîtres ». Quant à l’ancien président Joseph Kabila, il est « toujours là, sans rien perdre de ses prérogatives. Ce sera lui le véritable chef, du fait que les forces de sécurité, et par conséquent le fonctionnement de toute l’administration, resteront à sa solde. Alors, Tshisekedi, chef de l’Etat d’opérette ? Exactement », lance ce journal ouagalais.

En France, le journal La Croix, en Une, n’écrit guère autre chose, même s’il le fait avec nuance. Evoquant une « alternance en trompe-l’œil » en République démocratique du Congo, étant rappelé que ce résultat est contesté, notamment par l’Eglise. Le quotidien catholique y évoque un « arrangement entre le clan Kabila et le clan Tshisekedi pour écarter Martin Fayulu », étayant cette hypothèse par les « aimables paroles » adressées au président sortant par le vainqueur déclaré. « La RDC risque donc de traverser une période mouvementée de contestation du résultat », prévient La Croix. Lequel quotidien aspire à « tirer au clair le véritable résultat du scrutin » via une « contestation pacifique ».

Tri sélectif français en Afrique

Mais justement, ces réserves françaises, elles aussi, ont parfois du mal à passer en Afrique. Rebondissant sur les réserves émises par le ministre français des Affaires étrangères et de l’Europe, L’Observateur Paalga déplume consciencieusement ce matin « ce coq gaulois qui caquette tant ». Ce journal ouagalais trouve que Jean-Yves Le Drian « n’y est, en effet, pas allé par quatre chemins pour affirmer que les résultats ne sont pas conformes. Mais conformes à quoi ? A ce que prophétisait la Cenco ? Quand bien même ce que prêchaient les évêques serait parole d’évangile, appartient-il pour autant au chef de la diplomatie française de mettre les pieds dans un plat électoral déjà suffisamment problématique », se demande L’Observateur Paalga ?

Lequel journal se déchaîne contre « cette France, pays des droits de l’homme, de la liberté et de la démocratie, qui est si soucieuse de ces valeurs (et qui, selon lui) gagnerait à dispenser ses leçons de bonne gouvernance électorale à son nouvel ami rwandais, Paul Kagame, et à ceux plus anciens comme les Idriss Déby, Paul Biya et Denis Sassou N’Guesso ! Ou même, tant qu’elle y est, à Mohammed Ben Salman ! Au demeurant, c’est ce genre de posture néocoloniale qui contribue à rendre sympathiques certains de nos despotes, juste parce qu’ils savent tenir tête aux OccidentauxDenis Sassou N’Guesso», martèle L’Observateur Paalga.

Bah, soupire Libération ! C’est « le scénario du compromis » qui a prévalu en RDC. Si la victoire de Tshisekedi était confirmée, son accession à la fonction suprême constituerait un « événement sans précédent », souligne ce journal. Et Libé souligne que « dans l’ensemble, le pays n’a pas connu l’éruption de violence généralisé que prédisaient les observateurs les plus pessimistes ».

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