REVUE DE PRESSE AFRIQUE À la Une: plus de questions que de réponses en Éthiopie

La presse s’interroge ce matin trois jours après la tentative de déstabilisation en Éthiopie. Coup d’État raté ? Attaques coordonnées ? Luttes de pouvoir ?

« Des barrages étaient encore dressés hier aux alentours d’Addis-Abeba, relate Le Monde Afrique. L’Internet, déjà fortement perturbé depuis le mois de juin, a été coupé. Des recherches sont menées pour arrêter les complices supposés du groupe responsable des attaques qui se sont déroulées samedi soir, à 500 kilomètres de distance et à quelques heures d’intervalle. La première, précise Le Monde Afrique, a eu lieu à Bahir Dar, capitale de l’État régional Amhara, au nord-ouest d’Addis-Abeba, lorsqu’un groupe d’hommes a ouvert le feu lors d’une réunion de dirigeants de cette région, tuant le président de cette entité, Ambachew Mekonnen, son conseiller et le procureur général local. La seconde, un peu plus tard, s’est déroulée à Addis-Abeba, la capitale. Le général Seare Mekonnen, chef d’état-major de l’armée éthiopienne et proche du Premier ministre, a été assassiné chez lui par l’un de ses gardes du corps. Un autre général, à la retraite, qui lui rendait visite, a également été tué. »

Alors, s’interroge Le Monde Afrique : quel est « le lien entre les deux opérations ? Il est encore flou, estime le journal. Officiellement, il s’agissait d’une ‘tentative ratée de coup d’État au niveau du gouvernement régional amhara’, ainsi que l’a affirmé la porte-parole du gouvernement. Mais qui peut sérieusement vouloir ­fomenter un coup d’État contre une autorité locale éthiopienne, même dans un État fédéral où les entités décentralisées jouissent d’une forte autonomie ? »

En tout cas, pointe encore Le Monde Afrique, « si l’architecture d’un coup d’État à proprement parler n’apparaît pas de façon nette, il semble que l’intention était, au minimum, d’affaiblir le Premier ministre, Abiy Ahmed. »

Qui et pourquoi ?

Plus de questions que de réponses également pour Aujourd’hui au Burkina : « Pour qui ont agi les militaires incriminés ? Aucun signe de malaise susceptible de déboucher sur un coup d’État n’était perceptible. Qui donc a voulu mettre un coup d’arrêt à la marche du peuple éthiopien ? Personne n’a vu venir cette entrée tonitruante des hommes en kaki sur la scène politique. L’effet Ahmed Abiy a-t-il cessé d’opérer ? Depuis son arrivée au pouvoir en avril 2018 après deux ans de troubles en Éthiopie, le Premier ministre réformateur s’est efforcé de démocratiser le pays à travers des réformes courageuses. D’où vient cette idée malsaine de couper l’herbe sous ses pieds ? », s’interroge encore Aujourd’hui.

En tout cas, pointe le quotidien burkinabé, « après l’échec de ce coup d’Etat, les choses sont claires. Les réformes entreprises par le nouvel exécutif causent des insomnies à des ‘gens’ et il va falloir désormais veiller en ouvrant l’œil sur les ‘faits et gestes’ de certains soudards qui ont du mal à faire leur mue, car les habitudes ont la vie tenace. »

Luttes de pouvoir ethnico-politiques ?

Pour Le Figaro, en France, « beaucoup doutent de la réalité de ce pour le moins curieux putsch local. (…) Hier, le gouvernement a annoncé la capture et la mort du général Asaminew Tsige, présenté comme l’instigateur du putsch, épaississant un peu plus le mystère. Son implication apparaît plausible, selon les observateurs. Mais elle refléterait alors les fortes tensions ethniques qui secouent l’Éthiopie et la communauté amhara. (…) Les liens entre les deux attaques de samedi sont indubitables, affirme encore Le Figaro. Ils pourraient en fait se nicher dans la recomposition de la coalition au pouvoir, qui génère d’immenses et dangereuses tensions. »

Election contestée en Mauritanie

À la Une également : l’opposition qui conteste la victoire de Mohamed ould Ghazouani à la présidentielle en Mauritanie.

Un peu plus de 52% dès le premier tour, l’opposition n’y croit pas et crie à la fraude. « Une chose est sûre, relève Le Pays au Burkina : l’exigence d’un recomptage des voix semble être un combat perdu d’avance car, sous nos tropiques, c’est un scénario qui n’a jamais eu de chances d’aboutir. (…) Si l’on peut reprocher au général Ghazouani son manque de retenue en se proclamant vainqueur avant l’heure, toute chose qui est en passe de mettre le feu aux poudres au lendemain de la présidentielle, il reste qu’il faudra que l’opposition mette un point d’honneur, estime le quotidien ouagalais, à apporter des preuves tangibles pour étayer le hold-up électoral présumé du candidat du pouvoir. Cela pourrait éviter d’exacerber la crise. »

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