REVUE DE PRESSE AFRIQUE DU 22 MARS

A la Une: des retards à l’allumage pour le procès du putsch manqué à Ouagadougou

Après plus de deux ans d’instruction et après une première séance le 27 février, reportée pour vices de procédure, le procès des auteurs présumés de la tentative de coup d’Etat de septembre 2015 au Burkina Faso a repris mercredi.

Mais une nouvelle fois, les avocats de la défense ont dénoncé des anomalies. Et le procès en tant que tel se fait toujours attendre… « C’est à se demander, soupire Le Pays, si on n’est pas là dans une quadrature du cercle, qui risque de porter un autre coup d’arrêt au procès. Et une telle situation risque de laisser une fois de plus les Burkinabè sur leur faim, eux qui piaffent d’impatience de se retrouver dans le fond du dossier pour savoir les motivations profondes du Général Gilbert Diendéré de ramer à contre-courant de leur insurrection, laissant sur le carreau une quinzaine de macchabées et faisant de nombreux blessés, au sortir d’une folle semaine d’agitations. En tout cas, la défense a d’ores et déjà annoncé la couleur, pointe Le Pays. Et il y a lieu de croire que cette reprise du procès risque d’être aussi mouvementée qu’à son ouverture, où l’on avait assisté à une véritable passe d’armes entre les avocats des prévenus et le tribunal, avec la suite que l’on sait. Toutefois, on attend de voir si ces arguments de la défense vont peser dans la balance au point de nécessiter un nouveau renvoi du dossier. Là est toute la question. »

Non, le procès est désormais sur les rails, veut croire de son côté le quotidien Aujourd’hui, toujours à Ouaga : « ce matin du 22 mars, on ne sera plus en surface, estime Aujourd’hui, après les mises en bouche épicées des vices formels, les juges iront chercher la vérité sur ce second putsch le plus bête de la sous-région après celui du Malien Haya Amadou Sanogo. (…) Et il faudra donc aller en profondeur et trouver des réponses à certaines questions qui taraudent les juges et les Burkinabè. »

Ainsi, s’interroge Aujourd’hui, « pourquoi ce 16 septembre 2015, le RSP, le régiment de la sécurité présidentielle, s’est-il piqué d’interrompre une transition que les Burkinabè avaient ahané à mettre sur pied et ce, à quelques encablures d’une élection qui devait signer le retour du Burkina dans le giron de l’Etat de droit ? Le général Diendéré a-t-il ourdi ce putsch ou est-ce les capitaines Abdoulaye Dao et autres commandants Aziz Korogo qui l’ont exécuté avant de le mettre devant le fait accompli ? Quel a été le rôle du général Djibril Bassolé ? Est-ce seulement ses coups de fil avec l’occupant du perchoir ivoirien qui constituent la base de sa supposée implication ? Que sait-on des implications ivoiriennes dans ce coup de canif contre la transition ? »

Réponses donc peut-être au cours des prochaines séances de ce procès et à sa conclusion…

L’affaire libyenne de Sarkozy

A la Une également, la mise en examen de Nicolas Sarkozy pour le financement supposé de sa campagne présidentielle de 2007 par la Libye…

Les médias du continent font feu de tout bois contre l’ancien président français. « Sarkozy à la CPI ! », s’exclame ainsi L’Aube à Bamako. « Quoi que tardif, ce rebondissement a l’allure d’une justice divine qui rattrape un homme, Sarkozy, le principal instigateur de la destruction de la Libye. Or, le même Sarko avait bénéficié des mallettes de billets de banque du Guide pour battre campagne et se retrouver à l’Elysée… (…) Au-delà d’une simple garde à vue et même d’un éventuel procès sur le financement de sa campagne, Nicolas Sarkozy mériterait une comparution devant la CPI, estime donc L’Aube, pour répondre de tous les crimes commis en Libye lors des bombardements de l’armée française et de l’OTAN. En réalité, Sarkozy a fait pire que les responsables africains qui sont aujourd’hui poursuivis par la Cour pénale internationale. »

« Bien sûr, en Afrique où on croit fortement à la justice providentielle, on jubile », renchérit Ledjely en Guinée. « En effet, il est ici question de billets de banque, de mallettes et de liens incestueux entre politiques français et dictateurs africains. Et quand on songe, s’exclame Ledjely, que c’est l’auteur du discours aux accents moralisateurs de Dakar et qui avait prétendu vouloir en finir avec la Françafrique qui se retrouve au cœur de cette ténébreuse affaire, on ne peut que s’incliner devant les contradictions et les incohérences, sinon les mensonges. On peut juste se féliciter des efforts que la justice française déploie pour confondre les acteurs et faire émerger la vérité. Ne serait-ce que pour l’histoire ! »

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