REVUE DE PRESSE FRANÇAISE du 30 janvier

A la Une: ça se corse pour Emmanuel Macron

Prisons, maisons de retraite, universités, hôpitaux… « Les situations éruptives s’accumulent pour le gouvernement », pointe Le Monde qui s’interroge : « près de neuf mois après leur arrivée au pouvoir, l’état de grâce serait-il en passe de se terminer pour Emmanuel Macron et son Premier ministre, Edouard Philippe ? Jusqu’à présent, le couple exécutif a réussi à éviter une contestation sociale large et coordonnée contre sa politique, notamment pour la réforme du Code du travail par ordonnances. Mais il se voit aujourd’hui rattrapé par des contestations catégorielles, plus difficiles à anticiper et à régler. »

« Premières embûches pour la présidence Macron », renchérit Le Figaro en première page. « Emmanuel Macron et le gouvernement auraient-ils mangé leur pain blanc ?, s’interroge le quotidien de droite. Quelques nuages apparaissent au-dessus de leur tête en ce début d’année. Certes, l’exercice du pouvoir abîme toujours, mais vont-ils savoir en garder la maîtrise pour ne pas se laisser déborder, et garder le cap ? (…) Face à lui, relève Le Figaro, Emmanuel Macron a la “chance” d’avoir des oppositions politiques qui peinent à se faire entendre et des syndicats qui ne parviennent pas à mobiliser. Il a beaucoup plus à redouter des Français eux-mêmes. Attentistes pour beaucoup depuis la présidentielle, vont-ils le rester ?, s’interroge encore le journal. Si les réformes mises en œuvre ou annoncées   pour l’emploi, le pouvoir d’achat, la sécurité   ne portent pas leurs fruits, l’impatience pourrait monter, prévient Le Figaro, la confiance, s’effriter. Trop de promesses ont été oubliées par le passé pour que, cette fois, ils s’en laissent conter. »

« Macron tente d’imposer l’idée qu’on peut être “social” sans ouvrir les vannes budgétaires, pointe Les Echos. Pas simple, estime le quotidien économique, quand les revendications du moment (prisons, hôpitaux, maisons de retraite) se font sur les moyens. (…) Les deux ministres, Nicole Belloubet et Agnès Buzyn, se battent du mieux qu’elles peuvent avec des canifs, des enveloppes budgétaires certes, mais ciblées et contraintes au maximum. » Pas facile, estime encore Les Echos : « éteindre l’incendie, sans pour autant invalider la doctrine macronienne et faire à nouveau rimer social et argent. Eteindre l’incendie, sans donner le top départ à des revendications salariales et statutaires en chaîne, en général d’autant plus pressantes qu’une conjoncture s’améliore. Tout un art. »

Les Ehpad, lieux de maltraitance ?

Parmi les conflits en cours, celui des maisons de retraite est en pointe ce mardi, car les personnels des Ehpad, comme on les appelle maintenant, sont en grève.

Avec cette question centrale, lance La Croix : « les maisons de retraite en France sont-elles devenues des lieux de maltraitance ? Impossible de ne pas poser la question alors que se déroule ce mardi une vaste grève dans de nombreux établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes. Ce débrayage de quelques heures, surtout symbolique, ne devrait pas avoir d’incidence sur les résidents. Le but est de mobiliser l’opinion pour réclamer davantage de moyens. Et aussi de témoigner de la souffrance assez largement inaudible des métiers du grand âge, aussi bien en établissement qu’au domicile. Devant micros et caméras, les soignantes en grève vont une nouvelle fois tenter d’attirer l’attention sur leurs conditions de travail. Et sur le sentiment de participer, bien malgré elles, à une sorte de “maltraitance institutionnelle”. »

« Chaque mission et rapport parlementaire affirme qu’il s’agit d’une priorité, avant de l’oublier parmi toutes celles qui s’accumulent, soupire Le Courrier Picard. Pourtant le simple respect dû à nos aînés et à leur dignité mérite d’urgence des moyens, un projet global sur les décennies à venir, et surtout une prise de conscience collective. Encore plus que de politique ou de finance, il est surtout question de nous, de notre avenir, et de la société où nous voulons vivre et vieillir… »

En tout cas, prévient La Charente Libre, « les rallonges budgétaires opportunistes ne régleront pas la question de fond de l’inadéquation entre les soins requis par la grande dépendance et le nombre et la qualité des personnels concernés. Et dans cette France qui craque, les protestataires des prisons et des Ehpad risquent d’être rapidement rejoints par les personnels hospitaliers exigeant une relance de l’hôpital public, via un hashtag “BalanceTonHosto” déjà très suivi sur les réseaux sociaux. »

Tragédie dans l’Himalaya

« Cauchemar à 8 000 m » : c’est le grand titre de Libération. Libération qui nous raconte par le menu l’incroyable sauvetage de l’alpiniste française Elisabeth Revol, qui a dû laisser derrière elle son compagnon de cordée.

« Elisabeth Revol, professeure d’EPS dans la Drôme et alpiniste, est entrée dans l’histoire de l’himalayisme la semaine dernière, en devenant, à 37 ans, la première femme à atteindre le sommet du Nanga Parbat, géant himalayen de 8 126 mètres, au Pakistan. Un exploit réalisé en compagnie du Polonais Tomasz Mackiewicz, dit “Tomek”, 43 ans et père de trois enfants. La suite, dramatique, est, hélas, venue noircir l’exploit, soupire Libération. Après quatre jours de descente épique, Elisabeth est arrivée dimanche au pied de la montagne… sans Tomasz, pour lequel tout espoir est abandonné depuis. »

En effet, la Française a dû se résoudre à abandonner son compagnon, « à l’agonie ». Elle a pu descendre seule une partie de la montagne avant d’être secourue par une équipe d’alpinistes polonais et d’être évacuée par hélicoptère.

Commentaire de Libération : « Les secours coûtent cher ? Les hélicoptères brûlent du carburant ? Les deniers publics ou les primes d’assurance sont trop mis à contribution ? Certes. Mais pour tous ceux qui contemplent avec envie ou fascination la saga des sommets inutiles, c’est le prix du rêve. Le rêve, cet aliment de base de la pauvre humanité. Le rêve qui, en fait, n’a pas de prix. »

« Le terrible soupçon »

Enfin, le rebondissement inattendu dans l’affaire de l’assassinat d’Alexia, cette jeune joggeuse retrouvée morte en octobre dernier… Son mari, Jonathan Duval, est en garde à vue depuis hier.

« Le terrible soupçon », s’exclame Le Parisien en première page. « Et si c’était lui ? »

Le Parisien qui se veut toutefois très prudent : « une chose doit être très claire, écrit-il, ce n’est pas ici que nous prétendrons savoir si un homme est coupable ou non. Et nous veillerons toujours à prendre le temps et nous en tenir aux faits. »

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