REVUE DE PRESSE FRANÇAISE A la Une: la grosse artillerie

L’expression revient souvent ce matin sous la plume des commentateurs pour qualifier les mesures fermes prises hier par le gouvernement après les violences de samedi sur les Champs-Elysées. Notamment Libération: « on a donc décidé de sortir la grosse artillerie. Dispersion immédiate des rassemblements non-autorisés, arrestations préventives, interdiction de manifester dans certains quartiers, remise à l’honneur du LBD, drones, liquides marqueurs, unités “anticasseurs” […] : une panoplie répressive au parfum orwellien, estime le journal, alors que des réponses politiques appropriées et, surtout, rapides, auraient sans doute pu apaiser la colère. »

Il est vrai, complète La Charente Libre que « derrière les opportunistes de l’émeute qui jaillissent sur la démocratie comme des fantômes sortent des murs, il reste une crise sociale et politique. Qui devra se résoudre socialement et politiquement pour éviter de s’enfoncer dans une histoire sans fin mais pas sans drame à venir. Emmanuel Macron ne cesse de remonter dans les sondages. Pourquoi ne pas utiliser, s’interroge le quotidien charentais, les institutions de la Ve pour valider sa stratégie du grand débat et remettre la politique au milieu d’un village républicain qui s’embrase à petit feu ? »

En effet, pointe Le Monde, « au-delà des nouvelles décisions en matière de sécurité publique, ce sont des réponses politiques et sociales effectives qu’Emmanuel Macron est désormais sommé d’apporter sans tarder à cette crise politique et sociale. C’est, de nouveau, la suite de son quinquennat qui est en suspens. »

De son côté, Mediapart dénonce « l’entêtement d’un pouvoir qui, depuis le début de la crise, se refuse à apporter des réponses politiques à la hauteur de cette dernière. Ni même à décider de mesures économiques et sociales, autres que celles qui avaient été annoncées le 10 décembre dernier, susceptibles de répondre aux attentes des manifestants et de ceux qui soutiennent le mouvement. »

Rétablir l’autorité de l’Etat…

Non, d’abord, priorité au rétablissement de l’ordre, estime Le Figaro : « comment ne pas approuver toutes ces mesures (de fermeté) ? », s’exclame le journal. « Leur principe est évident mais leur application risque de l’être beaucoup moins. La violence, en effet, s’installe, comme chez elle, dans notre pays. Nos policiers assistent impuissants, faute de moyens, de courage politique, de fermeté judiciaire, au développement d’un inquiétant sentiment d’impunité. »

Quant à Emmanuel Macron, poursuit Le Figaro, « il a péché par naïveté. Le défi que lui lancent les casseurs l’oblige à faire la preuve implacable, dès samedi prochain, de l’autorité de l’État. Dans les centres-villes d’abord, sur tout le territoire ensuite. La bataille sera longue et difficile : c’est la plus urgente du quinquennat. »

Et attention, prévient Nice Matin, « si les réponses que le pouvoir propose ne sont pas les bonnes, une chose est sûre : l’autorité du chef de l’Etat sera mise à mal. On ne peut, comme il le fait, promettre le retour à l’ordre et voir les violences se poursuivre. Sa légitimité tient aussi au respect de son autorité. Il est donc dans l’obligation de mettre un terme aux désordres. S’il n’y parvient pas, l’opinion qui lui a accordé un répit pendant le Grand Débat repartira en vrille. Et la suite du quinquennat deviendra très compliquée. »

Castaner sur la corde raide

Désormais, pointe Le Parisien, « le ministre de l’Intérieur, Christophe Castaner sait qu’il n’a plus droit à l’erreur.

“La soufflante du siècle”, glisse une source dans l’exécutif. Après la désastreuse journée de samedi sur les Champs-Élysées, le président, croit savoir Le Parisien, a passé un énorme savon à son ministre de l’Intérieur. “Macron lui a remonté les bretelles avec une très grande sévérité, en mode y’en a marre. C’était tendu et limite désagréable”, confie la même source. Au point de menacer le “premier flic de France” de le débarquer du gouvernement ? “Ça a failli…” » Mais, souligne Le Parisien, « pas question de s’offrir une crise politique en changeant le locataire de la place Beauvau. “En temps normal, sous la Ve République, les deux ministres, lui et Laurent Nunez, auraient été démissionnés”, relève un bon connaisseur des questions de sécurité. Certes, l’exécutif reconnaît des “dysfonctionnements opérationnels” mais les a imputés au préfet de police Michel Delpuech », qui, lui, a été remercié…

Erreur de diagnostic ?

Et puis, ce mea culpa de L’Union : on s’est tous trompé… « Depuis le début de ce mouvement des gilets jaunes en octobre, tout le monde est allé collectivement d’erreur en erreur, relève le quotidien champenois. Erreur de pronostic, tout d’abord. Puisque le pouvoir, les experts en sciences politiques, les éditorialistes, les sondologues, prédisaient un essoufflement progressif et inexorable du mouvement. Avec extinction pour Noël au plus tard. Il n’en a rien été, s’exclame L’Union. Erreur de diagnostic. Au-delà de l’identification d’une France de ceux qui ont du mal à joindre les deux bouts et qui n’est pas celle des centres-villes connectés, les sociologues continuent d’osciller sur la vraie nature du mouvement. Le gilet jaune ne se laisse pas facilement portraiturer. Désormais, il faut bien admettre que le jaune du gilet vire au noir du black bloc. »

Idai au Mozambique : « pire que des scènes de guerre »

A la Une également, le passage dévastateur du cyclone Idai au Mozambique…

« L’heure est au bilan, pointe Libération. Dans la nuit de jeudi à vendredi dernier, ce cyclone d’une extrême violence s’est abattu sur le pays, causant d’importantes pertes humaines et matérielles. Environ 80 décès ont pour l’instant été constatés, mais les autorités craignent que le bilan ne s’alourdisse, en raison des pluies torrentielles qui se déversent sur le pays depuis jeudi soir. »

Et puis reportage à lire dans Le Monde : « ancien fleuron de la colonie portugaise, la ville portuaire de Beira a été touchée de plein fouet, constate l’envoyé spécial du journal : l’œil du cyclone, accompagné de vents à près de 190 km/h, n’est passé qu’à quelques kilomètres du centre-ville. Celui-ci est désormais méconnaissable. Tout juste dégagées par l’armée, les principales rues sont jonchées de part et d’autre de gigantesques amas de branches d’arbres, de tôles et d’objets en tout genre. “C’est pire que des scènes de guerre. On s’attendait à des dégâts, quelques vitres cassées, mais là…”, explique la propriétaire d’un magasin de téléphonie dans le vieux centre. […] Bordé par une façade maritime de 2 000 km, le Mozambique est un pays habitué aux épisodes climatiques extrêmes, relève encore Le Monde. Avec le réchauffement climatique, ceux-ci se font plus violents et plus fréquents. »

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