REVUE DE PRESSE FRANÇAISE À la Une: Laurent Wauquiez démissionne

À la tête d’un parti laminé aux élections européennes, le président de LR quitte donc le navire. Logique pour Le Figaro : « rester président des Républicains aurait été intenable. C’était livrer son parti à d’interminables guerres intestines. […] La droite est en miettes, soupire le journal. Elle doit à présent se reconstruire. En son sein, les pistes de réflexion ne manquent pas. Quelques-uns sont tentés de tout reprendre à zéro. D’autres, comme le président du Sénat, estiment que le salut des Républicains passe par les territoires. L’analyse des derniers scrutins, pointe Le Figaro, montre que la droite doit retrouver le chemin de tous les Français pour regagner leur confiance. Ni les jeunes ni les retraités ne la leur prêtent, pas plus que les catégories populaires ou plus aisées. Le bilan est globalement négatif, pour paraphraser une formule célèbre. Une reconstruction de façade ne servirait à rien. C’est avec des convictions fortes, conclut le journal, hors de toute démagogie clientéliste, que la droite peut renouer avec le succès. »

Oui, ce départ est logique, renchérissent Les Échos. « En s’accrochant à son poste, et en minimisant, au moins dans un premier temps, sa responsabilité dans les 8,5 % obtenus aux Européennes, Laurent Wauquiez était devenu le meilleur agent recruteur de LREM et du RN. […] Vaincu par ce putsch de l’extérieur, soucieux de “ne pas être un obstacle à la reconstruction de la droite”, Laurent Wauquiez a finalement rendu les armes. Place donc à la reconstruction… s’il est encore temps. »

LR siphonnée par LREM et le RN

En effet, ça ne sera pas évident, pointe La Montagne : « la reconstruction sera difficile, la droite est engluée dans les luttes de clans et dans l’hémorragie des électeurs vers la République en Marche et le Rassemblement national. Emmanuel Macron poursuit ainsi son opération d’atomisation de la droite, confirmant sa capacité à séduire un électorat fatigué de longues années de querelles de chefs et d’absence de doctrine. La République en Marche est plus que jamais la force du centre droit, estime encore La Montagne, qui capte les centristes, les juppéistes, les sociaux-libéraux, les pro-Européens et les progressistes mondialisés renvoyant la vieille droite à un espace des plus réduits. Ce qui place la macronie en position conquérante pour la prochaine étape : les municipales. »

C’est vrai, complète Le Courrier Picard, « le président de la République semble aujourd’hui en mesure d’attirer à lui les déçus de la droite et de créer comme Giscard d’Estaing en 1978, une sorte de nouvelle UDF, agrégation de micropartis censée faire la peau aux gaullistes (le RPR de Chirac). Cela ne fait pas vraiment Nouveau Monde, cela sonne au contraire très “vieille tambouille politicienne”, mais cela peut permettre à Emmanuel Macron, estime le quotidien picard, d’aborder les municipales dans une très bonne position. Pour la présidentielle de 2022, il devra cependant élargir cette alliance sur gauche. Car pour l’instant, c’est de ce côté qu’il pèche. »

Michel Serres : la saveur du savoir

À la Une également, la disparition du philosophe Michel Serres…

Libération rend hommage à ce savant gascon, philosophe et mathématicien, à la faconde chantante, avec un dossier de 6 pages. Dossier intitulé « la saveur du savoir : d’une curiosité intarissable, Michel Serres a passé son existence à donner du corps à sa matière en l’ancrant dans le réel et la nature. À la question “que faut-il pour être philosophe ?”, il répondait toujours : “Il faut voyager”. »

En effet, poursuit Libération, « baroudeur des sentiers transversaux du savoir, trop touche-à-tout et pas assez académique pour une partie de la faculté, cet intellectuel populaire était un vulgarisateur hors pair. Il avait ce talent propre aux passeurs de donner le sentiment à ceux qui le lisaient ou l’écoutaient d’être plus intelligents après qu’avant. Philosophe des sens, des arbres, de la terre, Michel Serres avait aussi compris avant beaucoup de monde que “la nature, notre mère, était devenue notre fille”. Et qu’il fallait donc la protéger en passant avec elle un “contrat naturel”. Michel Serres sera parti avec, peut-être, la satisfaction de voir que ce message était enfin repris. »

« Michel Serres, le gai-savoir d’un homme pressé », titre pour sa part Le Figaro qui rappelle qu’il était « l’un des philosophes français les plus lus et les plus influents. […] À rebours de certains philosophes très critiques à l’égard de la modernité scientifique, Serres se situe dans une sensibilité résolument contemporaine, relève le journal. Loin de considérer que la technique désenchante le monde, il élabore une vision de la science à la fois positive et poétique tout en reconnaissant les dangers dont nous devons nous prémunir face à l’usage idéologique de la science. Et c’est d’une certaine manière en poète tout autant qu’en philosophe qu’il décloisonne les disciplines en tentant de retrouver l’inspiration originelle de la pensée grecque où les mathématiques et la philosophie étaient indissociables. »

La Croix revient sur la conception chère à Michel Serres de la philosophie comme un voyage : « “Un philosophe doit faire trois voyages, aimait-il dire. Il doit voyager dans la totalité du savoir, c’est-à-dire être encyclopédiste. Dans la totalité du monde, c’est-à-dire dans les paysages qui permettent de voir la planète. Et dans la totalité des hommes, à travers les classes sociales et les cultures, pour rencontrer le plus de langues et de religions possible”. Il savait ces voyages +aussi impossibles+ les uns que les autres, relève La Croix, mais il voyait dans leur inachèvement “la tâche infinie du philosophe”. »

Trois millions et demi d’intentions d’embauches ?

Enfin, « le ciel se dégage sur l’emploi » : c’est du moins ce qu’annonce Le Parisien. Le Parisien qui s’appuie sur le nouveau baromètre trimestriel que lance ce lundi le groupe d’intérim Adecco, un baromètre qui indique que « les recrutements devraient atteindre cette année les 3,5 millions équivalents temps plein en France, malgré le ralentissement de l’économie et une croissance revue à la baisse à 1,4 % cette année. »

Commentaire du Parisien : « c’est une très bonne nouvelle, […] surtout qu’une bonne partie de ces emplois sont des CDI, concernent toutes les régions de France et de très nombreux secteurs. […] L’autre bonne nouvelle, pointe encore Le Parisien, c’est que les jeunes pourraient enfin bénéficier de ces intentions de recruter, eux qui sont de loin les plus durement touchés par le chômage. De même que l’apprentissage, si longtemps boudé en France et qui commence à retrouver des lettres de noblesse. Il était temps. »

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