Six morts au Soudan malgré un premier accord sur la transition politique

Quelques heures après l’annonce d’un accord sur la transition politique entre les représentants de la contestation populaire et les généraux au pouvoir, un militaire et cinq manifestants ont été tués, lundi soir à Khartoum.

Un militaire et cinq manifestants ont trouvé la mort dans la soirée du lundi 13 mai à Khartoum, quelques heures seulement après l’annonce d’un premier accord sur la transition politique entre les généraux au pouvoir et les leaders de la contestation populaire pour gouverner le Soudan.

“Des éléments non identifiés qui voulaient saboter les négociations entre les deux parties” ont ouvert le feu devant le quartier général de l’armée soudanaise, où se tient depuis plus d’un mois un “sit-in” organisé par les contestataires, tuant un commandant de la police militaire et blessant trois soldats, ainsi que plusieurs manifestants et des civils, a indiqué le Conseil militaire.

Celui-ci a précisé au cours d’une conférence de presse nocturne que “des hommes armés avaient été signalés parmi les protestataires”. Selon des sources médicales proches du mouvement de contestation, cinq manifestants ont été tués, dont au moins un devant le quartier général.

Un premier accord à affiner

Les leaders de la contestation populaire avaient repris lundi des discussions avec les militaires au pouvoir jugées cruciales pour l’avenir du pays, après trois décennies d’un pouvoir sans partage exercé par l’ancien président Omar el-Béchir.

“Au cours de la réunion de [lundi], nous nous sommes mis d’accord sur la structure des organes [de transition] et leurs prérogatives”, a déclaré à l’AFP un porte-parole des protestataires, Taha Osman.

Ces organes sont un “Conseil souverain, un cabinet et une assemblée législative”, a-t-il précisé. “Les discussions de [mardi] vont porter sur la durée de la période de transition et la composition du [nouveau] conseil” et des deux autres organes.”

Le porte-parole du Conseil militaire, le général Chamsedddine Kabbachi, a confirmé les termes de l’accord.

“Nous nous sommes entendus sur la formation des entités de la transition aux niveaux souverain, exécutif et législatif”, a-t-il déclaré à la presse. “Demain, nous allons discuter des pourcentages de représentation [au sein de ces organes] et de la durée de la transition.”

Jusqu’ici, les deux parties divergeaient notamment sur la composition d’un Conseil souverain appelé à remplacer le Conseil militaire, qui a pris le pouvoir après l’éviction de Omar el-Béchir le 11 avril.

L’Alliance pour la liberté et le changement (ALC), fer de lance de la contestation, veut qu’il soit dominé par les civils tandis que l’armée cherche à ce qu’il comprenne une majorité de militaires. Les généraux souhaitent une période de transition de deux ans, tandis que les protestataires veulent que cette période s’étende à quatre ans. Les militaires voulaient en outre garder la charia (loi islamique) comme source de la législation pendant la période de transition.

Omar el-Béchir inculpé

Plus tôt dans la journée, le procureur général soudanais avait annoncé l’inculpation d’Omar el-Béchir, destitué le 11 avril et actuellement emprisonné à Khartoum, pour “le meurtre de manifestants” pendant les protestations contre son régime.

Maître du Soudan pendant près de trente ans, le président Béchir a été destitué à l’issue d’une série de manifestations populaires qui ont débuté le 19 décembre, après la décision du gouvernement de tripler le prix du pain dans un pays à l’économie exsangue. Selon une association de médecins proche de l’ALC, 90 personnes ont été tuées par les forces de l’ordre depuis le début des manifestations le 19 décembre. Les autorités parlent quant à elles d’un bilan de 65 morts.

L’ancien chef de l’État fait également l’objet de mandats d’arrêt de la Cour pénale internationale (CPI), qui souhaite le voir répondre à La Haye d’accusations de génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre lors du conflit au Darfour (ouest).

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