La souffrance de la mère de Marietou : Pourquoi s’en est-il pris à mon enfant

Mariétou Doumbia, 8 ans, a été violée, tuée et abandonnée dans un dépotoir d’ordures. Samedi matin, la fillette s’était rendue à la boutique pour acheter du lait et du café pour le petit déjeuner. Elle n’est jamais rentrée. Son corps a été découvert, dimanche 25 février, à l’aube, par des fidèles, de retour à la mosquée. Le principal suspect : le boutiquier du quartier Petit Mba Peulh Ga, arrêté dimanche.

Sa mère, dévastée par la douleur, raconte au journal L’AS les circonstances du décès de sa fille, qui devait composer ce mardi.

« Elle devait avoir bientôt 9 ans. Elle était en classe de Cp à l’école publique Mor Seck. Je vends de la bouillie de mil. Nous sommes de condition modeste et ce sont mes enfants qui m’aident dans mon commerce quand ils ne vont pas l’école. Samedi, elle a comme d’habitude, lavé toute la vaisselle de la bouillie. Sa corvée terminée, elle s’est mise devant la maison à mes côtés, à jouer avec un autre enfant. Quand j’ai fini de vendre, je lui ai dit de laver le seau. J’ai laissé l’argent sur place. Elle m’a fait remarquer que j’avais fait tomber ma recette journalière et m’a taquiné. Elle a ramassé l’argent et me l’a remis », explique-t-elle.

Elle rembobine : « Je suis rentrée dans la maison, Mariétou est restée devant la porte à jouer. Le temps de sortir le linge pour ma bonne, je suis ressortie. Je ne la voyais pas, j’ai demandé à l’enfant avec qui elle jouait il m’a dit qu’elle s’était rendue à la boutique. Il a ajouté qu’ils étaient partis ensemble mais il y avait trop de clients et il l’a laissé là bas. Je lui ai dit d’y retourner et de lui dire de revenir. J’avais besoin qu’elle se rende au moulin à mil pour la bouillie du lendemain. Le petit est revenu sans elle. J’ai alors dit à sa grande sœur, Fatou d’aller la chercher. Elle aussi est rentrée bredouille ».

« On nous a dit qu’elle était entre les mains d’une femme »
Sans mauvaises pensées, sa maman, espère qu’elle est chez la tresseuse du coin, se disant qu’elle était pieds nus et ne pouvait pas être bien loin. Des heures plus tard, Mariétou ne rentre toujours pas. Sa mère commence à s’inquiéter et entame les recherches.

« Je travaille avec une griotte. Nous cuisinons dans des cérémonies. Elle est venue me chercher pour un travail et nous a trouvé en pleines recherches. Elle a pris l’initiative de demander à un voyant de consulter les cauris. Elle a aussi appelé un Socé, ils ont dit que l’enfant était entre les mains d’une femme et qu’elle va revenir. On m’a demandé de brûler un de ses habits, en guise de sacrifice, je l’ai fait, de même que d’autres offrandes. À 18 heures, tout le quartier était là. Ils ont été jusqu’à Batal ba, vers la mer, rien », indique-t-elle.

Le dimanche matin, confesse la jeune mère, « je sentais qu’il était arrivé quelque chose à mon enfant. Je me trouvais devant la maison et je tremblais de tous mes membres. Il a fallu qu’on me soutienne pour que je me tienne debout. Un voisin est venu et a crié Lahilaha illa allah (Il n’y a divinité que Dieu). J’ai compris que le pire était arrivé. Mais, j’étais loin de m’imaginer une telle atrocité ».

La mère de Mariétou qui s’est gardée d’aller identifier le corps de sa petite fille ne comprend pas l’acte de son bourreau. « Il y a beaucoup d’enfants dans le quartier, il n’a ciblé que le mien. Je le laisse entre les mains d’Allah, le juge suprême. C’est aujourd’hui, qu’elle devait débuter ses compositions. Je lui avais acheté deux cahiers. Elle était serviable, elle faisait le ménage, la vaisselle, se rendait au moulin pour m’aider », pleure-t-elle.

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