Tshisekedi et Kamerhe, une arrivée en fanfare

Les deux opposants, main dans la main, hier pour leur arrivée à Kinshasa face à une foule immense, sans doute plusieurs centaines de milliers de personnes. Ils ont mis plusieurs heures pour faire le trajet entre l’aéroport et la capitale.

A trois semaines maintenant de l’élection présidentielle, « les deux leaders de l’UDPS et de l’UNC, désormais réunis dans un ticket fatal (Cap pour le changement) ont fait tomber la capitale », s’exclame le site d’information congolais Cas-Info. « Après avoir opéré leur volte-face à Genève, les deux poids lourds restés dans la course présidentielle avaient prétexté avoir agi pour respecter la volonté de leurs bases. En pliant en deux l’exigeante ville de Kinshasa, Fatshi et VK (comme ils sont surnommés) ont pu palper du doigt la réalité de leur déclaration. »

Du coup, poursuit Cas-Info, « au vu de leur démonstration de force d’hier, on voit mal le duo Tshisekedi-Kamerhe céder aux appels du pied de l’autre coalition de l’opposition, Lamuka, emmenée par Martin Fayulu. C’est bien cela tout le piège dans lequel s’enfermera l’opposition, qui part aux élections en ordre dispersé. Ce qui fera, et ils le savent bien, les affaires d’Emmanuel Shadary, le candidat de Joseph Kabila. »

D’autant, souligne Le Nouvel Observateur, que cette deuxième alliance de l’opposition « a surpris plus d’un observateur compte tenu des rivalités qui existent entre Félix Tshisekedi et Vital Kamerhe. A l’UDPS, on a toujours considéré Vital Kamerhe comme un pion de la majorité présidentielle. Tandis qu’à l’UNC, Félix Tshisekedi est perçu comme un homme immature et sans charisme politique. Cette alliance ne peut donc que surprendre, pointe le bihebdomadaire kinois. Et beaucoup d’observateurs n’hésitent pas à parler d’alliance contre nature. Une triste réalité dans la sphère politique congolaise, conclut Le Nouvel Observateur, où le ridicule est une vertu ! »

Y croire ?

Le Potentiel, lui, veut encore croire à une candidature commune de l’opposition… Il y a « une mince chance de réussite, estime le quotidien kinois, tant il est vrai que les deux branches nées à l’issue de l’accord de Genève – Lamuka et Cap pour le changement – commencent à s’enivrer, chacune, du bain de foule de sa +base+ au retour du leader. […] En pleine campagne électorale, des voix s’élèvent de partout pour réclamer ce fameux candidat commun, qui constitue la dernière chance pour contrer le candidat de la majorité présidentielle qui utilise les moyens du contribuable pour battre campagne. Mais, est-il encore possible, s’interroge Le Potentiel, de revenir au choix d’une candidature unique de l’opposition ? […] Oui, c’est encore possible. »

Ou pas ?

Dans la presse ouest-africaine, on n’y croit pas : pas de retour en arrière possible…

« Vital Kamerhe et Félix Tshisekedi se raviseront-ils, s’interroge Wakat Séra, et, tels des Judas pris de remords, rendront-ils les “pièces d’argent”, avant la crucifixion programmée de l’opposition le 23 décembre 2018 ? L’histoire nous le dira. Mais ce serait trop beau pour être vrai. […] Sauf tsunami, soupire encore Wakat Séra, cet affrontement fratricide entre opposants ne peut qu’ouvrir un large boulevard pour le clan Kabila, qui boit du petit lait, savourant déjà sa victoire prochaine. »

Le Pays au Burkina ne mâche pas ses mots : « il faut craindre que l’alternance politique en RDC ne soit victime du nombrilisme de Tshisekedi et de Kamerhe. Et quand ces derniers s’engagent pour une collaboration de 10 ans, cela n’engage que ceux qui y croient, tant ils sont véritablement ondoyants et versatiles. […] On peut leur dire qu’ils sont en train de rêver debout. Car le pouvoir est là avec “sa” Commission électorale, ses machines à voter et son fichier électoral corrompu. Dans ces conditions, conclut Le Pays, la présidentielle du 23 décembre risque d’être une formalité pour Emmanuel Ramazani Shadary. L’Eglise a donc raison de sonner déjà le tocsin. »

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